... Huit salles de cinéma, seize films à l'affiche... Un parking à voitures archi plein à 16 heures, deux caisses et deux grandes files d'attente... De gigantesques bacs à pop corn au bar, et une salle de jeux vidéos...

Le nombre de places encore disponibles sur des écrans, avec le titre des films, pour chaque film dans chaque salle...

Je pensais bien qu'il y aurait une certaine disproportion entre la répartition des spectateurs dans les différentes salles... Mais il y avait à l'affiche : AVATAR(en 3D) sorti durant les vacances de Noël, THE LIMITS OF CONTROL (nouveau), et LE SIFFLEUR (nouveau)... Et... AGORA (tout aussi nouveau...)

J'étais avec ma femme dans la salle 4 pour voir AGORA. Un grand, très grand écran, mais une salle de seulement 134 places dans laquelle nous étions, ma femme et moi, ainsi qu'un autre couple (relativement âgé) les seuls spectateurs présents...

J'avoue que je suis resté “assez rêveur” - et interrogatif – en face de cette réalité : celle de l'énorme disproportion dans la répartition des spectateurs selon les films...

Alexandrie, avant le 5 ème siècle de notre ère, était après Rome la deuxième plus grande cité du monde connu de l'époque... Dans le film AGORA, l'on se rend bien compte à la vue des plans généraux de la ville qui se succèdent, de l'importance de la population... C'était une cité d'intellectuels, de savants, de philosophes, d'orateurs, d'écrivains, historiens, géographes et artistes... Où régnait une grande liberté de pensée, où coexistaient plusieurs religions et cultes dont la religion toute nouvelle des Chrétiens et celle des Juifs... Et en même temps Alexandrie était un carrefour économique, une cité marchande et un port...

Un décret de l'empereur Théodose officialisa la religion Chrétienne et dès lors, les Chrétiens renforcèrent leur emprise sur les affaires de la cité, puis évincèrent -à dire vrai- expulsèrent tous les Juifs du pays, et éliminèrent les cultes paiens par la force ou la dissuasion brutale... La bibliothèque d'Alexandrie, un temps sous la direction d'Hypatie, une femme astronome et mathématicienne, fut mise à sac lors d'une émeute populaire de Chrétiens en révolte, manifestation soutenue et encouragée par les autorités locales. De nombreux textes et ouvrages furent détruits, brûlés sur la place publique, et Hypatie, mise à nu et lapidée par une foule furieuse... Et son corps brûlé...

Hypatie, qui venait tout juste de mettre en évidence par une expérience simple et concrète, le mouvement de la Terre autour du soleil, que des astronomes Grecs et Egyptiens avaient déjà suggéré environ mille ans plus tôt... Accusée de sorcellerie et lapidée à mort...

... Il faut croire que ce n'est point là, tout à fait, le sujet ou le thème qui prévaut, au cinéma, dans un monde où la religion se hérisse et “reprend du poil de la bête”, dans un monde qui se “trou-de-balise” de grands effets médiatiques bien pétants, de mise-en-scène de la violence, et de toutes ces hyper-productions où anges, démons et sorciers se livrent des guerres féroces.