À qui confier ses préoccupations d'ordre littéraire ou artistique sinon à ses “vrais amis” ?

C'est à dire à ces très rares personnes qui, une fois rencontrées, vues et revues, n'ont jamais cessé de se manifester d'une manière ou d'une autre que ce soit en entretenant une relation par courrier ou par un forum du Web ou un blog, ou par des rencontres rendues possibles, ou encore par quelque chose existant dans la relation, que je définirais comme le contraire d'une forme d'autisme?

Car il y a bien -à mon sens – une forme d'autisme (n'ayons pas peur du mot) à se senir “étranger”- et donc farouchement solitaire voire grégaire et sans doute en révolte ouverte – dans un monde relationnel ayant pour fondements essentiels les valeurs d'apparence et d'appartenance à un système.

Je dis, j'affirme qu'il n'y a pas d'amis dans “ce monde là”, ce monde de la compétition, des apparences et de la notorité, du charisme, des médias, de la “Star Académy planétaire”! Ce monde des forums-scènes du Web, des blogs-cathédrales et de toutes sortes de productions diffusées à grands coups de pubs, ce monde de polémiques à n'en plus finir, ce monde où tout un chacun veut avoir le dernier mot, ce monde de violences et d'hypocrisies et de condescendances, ce monde “trou-de-balesque”, parfois raciste, sexiste et dont les représentants (humains) les plus en vue, les mieux considérés et les plus influents se prennent quasiment tous pour des “cadors”, sont sortis des grandes écoles... Ou sont partis de rien -comme ils disent- avant d'être devenus ce qu'ils sont aujourd'hui...

Non il n'y a aucun ami dans un tel monde : seulement et de temps à autre au gré des modes et des engouements (et de la grossière alchimie des Médias)... Des admirateurs, des “fans”, des “clones”, des gens qui t'applaudissent et te bissent mais te maudissent si tu ne plais plus ou si tu te “plantes”!... Ou si tu “fais un peu le con”!

Dans un tel monde au milieu de telles gens, et dans le genre de relation qui se construit et se déconstruit dans ce monde là... Vient cette forme d'autisme de celui ou celle qui devient incapable de s'intégrer et de participer à ce monde là... Il vient là, oui, un véritable et insurmontable problème de communication avec des gens qui déjà, alors que tu viens à peine de commencer à t'exprimer, te “clouent le bec” ne serait-ce que par le regard qu'ils portent sur toi!

Là où tu es irrémédiablement “écrasé” (pour ne pas dire écrabouillé)... Tu n'es plus rien, tu n'as plus ta place... Il ne te reste alors que ta violence et la volonté farouche, démesurée, laminante, de donner du talent et de la consistance à cette violence, de lui faire prendre parfois un coeur et un esprit d'enfant, afin qu'elle étonne tout au moins, si elle ne peut faire tomber les murs...

Avec les “vrais amis” il n'y a plus d'autisme. C'est à dire : plus cette forme d'autisme. Et “ce monde là” alors, commence à crever dès lors qu'on commence à plusieurs, à le faire crever. Car il faut qu'il crève, ce monde là! Ou qu'il devienne minoritaire, qu'il “morde à son tour la poussière”!

À qui confier ses préoccupations d'ordre littéraire ou artistique lorsque ces préoccupations ne sont pas -ou plus – tout à fait les mêmes que celles de tous ces autres aspirants à “la place au soleil”, sinon à ses “vrais/vrais amis”?

Chacun sait bien qu'il n'y a pas en vérité, de place pour tous, sous le soleil! Et qu'il en faut monter, toujours plus haut, de ces échafaudages afin d'accéder à cette gigantesque plate-forme soit-disant plus proche du soleil que le fond de la vallée d'ombre où l'on se meurt d'ennui et de piétinements.

S'il n'y a pas de place pour tous sous le soleil, c'est peut-être son propre soleil qu'il faut tenter d'inventer, ou d'extraire de cette parcelle d'univers que l'on porte en soi... Et si on le peut, diffuser l'idée qu'il est possible d'extraire le soleil que l'on porte en soi dans son univers.

Mais on ne passe pas au travers de cet “autisme en soi devant le monde barricadé” sans y laisser un peu ou beaucoup de sa peau...