Autant je sens la nécessité parfois, de revoir un de mes textes, de le reprendre même de fond en comble, autant m'arrive-t-il de modifier une phrase, un paragraphe, de rechercher une nouvelle formulation, une nouvelle image... Autant cependant ai-je du mal, un mal fou à dire vrai, à revoir dans le détail la forme et la présentation de mon texte (règles strictes, précises et conventionnelles de typographie par exemple) lorsque je destine ce texte à publication (livre réel ou livre “en ligne”).

Ce travail là, purement technique et ne modifiant en aucune façon le sens ou le contenu de mon texte, me semble fastidieux, inintéressant et sans “valeur ajoutée” littérairement parlant.

Dans mon esprtit, la typographie et tout ce qui concerne les règles classiques (et officialisées) de présentation dans les moindres détails en matière d'édition d'ouvrages ; tout cela n'est que de la technique... Et absolument pas de l'Art!

L'Art pour moi, c'est la littérature par elle-même : l'âme, les tournures, les mots, le rythme, les formulations, le langage, la phrase... Et jusqu'à la voix même qui “transpire” (ou se fait entendre) à la lecture du texte (si le texte était lu à haute voix devant un public). C'est aussi l'utilisation à bon escient et dans un contexte particulier, de différentes formes grammaticales, la subtilité de l'orthographe, les nuances, la manière d'ordonner ou de concevoir la ponctuation, l'emploi (non abusif cependant) de néologismes ou de barbarismes. Soit dit en passant un barbarisme n'est pas comme l'on pourrait croire, un mot “barbare” mais une forme langagière que la grammaire peut tolérer occasionnellement. C'est encore, une certaine hardiesse dans le style et dans le sens de ce que l'on souhaite exprimer, des métaphores appropriées... Enfin, toute une “palette” de couleurs, de tons, de nuances, de mélanges, de “lavis” ou d'”écorchures” et de “raclures”... Une sorte d'alchimie!

Et à côté de tout cela, je trouve que ce qui n'est que règles consensuelles purement techniques c'est -excusez moi le terme- “un peu chiant”! Tel une machinerie complexe conçue pour “faire bien” en laquelle on enferme trop souvent des âneries, des insipidités ou de la “littérature de gare” ou du “petit roman de terroir” ou de “l'amour raté”...

Certes je reconnais qu'un beau texte bien ou correctement typographié, bien aéré, bien présenté selon les règles classiques de l'édition, c'est un “plus”. Mais à mon sens, la technique seule, la manière seule (et super correcte) de procéder, sans l'Art, le vrai Art, sans l'âme, sans tout ce que je viens de dire plus haut... Cela ne prouve rien, absolument rien : c'est “sec comme du bois mort enduit de verni”...

Aussi, sans courir comme un dingue, tel un écolier puni de cent lignes, je “fais mon pensum” de ces ouvrages que je destine à publication, et je “planche” donc sur ces contraintes épuisantes de typographie et d'arrangement technique...

Je trouve que sur les sites et sur les blogs, question règles, technique et présentation et typopgraphie, on se sent beaucoup plus libre que lorsque l'on “fait un livre”:

Tu ajoures un peu, tu choisis une police de caractère pour les gens qui n'aiment pas lire petit, tu intercales une ou deux images ou photos dans ton texte, tu optes pour une orthographe et une grammaire à peu près correctes, tu mets un peu de ton style à toi, un peu du “coeur de ton réacteur”... Et hop, ce serait presque une oeuvre littéraire! Et personne ne viendra t'emmerder pour quelques cagades de typographie ou d'espacement...

C'est pourquoi je suis un écrivain sur le Net... Et peut-être avec moins d'ambition ou de motivation, un écrivain de livres édités...

Bon sang! La plupart des auteurs rêvent tous de se faire éditer chez des Gallimard et Compagnie, ou de faire un livre “livre” en recourant aux services d'un éditeur sangsue qui va leur demander de payer une somme astronomique!

Merde! Moi ça me fait gerber tout cela! J'aime mieux naviguer sur mon bateau pirate, inventer le monde à ma façon, partir sur les océans sans boussole et sans sextant, avec seulement les étoiles pour repères ; les vagues et les courants, et l'immensité de l'océan, à étreindre comme la silhouette d'une femme... Et tant pis pour les tempêtes, les glaces polaires, les déserts de mer, les brouillards des hautes latitudes, les brûlures de l'équateur et des tropiques, les îles peuplées de cannibales...

Sur les bateaux de croisière, le soir à la veillée du beau et grand monde, veillée à laquelle sont cependant conviés pour autant qu'ils en aient les moyens, les gens du “tout venant... L'on s'y distrait de jolies et sympathiques âneries, de quelques histoires musquées ou “belles à pleurer” (mais ça se termine bien)... Et si d'aventure passe au large un bateau pirate, passe aussi sur le pont des Premières – et des Secondes- du bateau de croisière, un frisson d'épouvante... Qui parfois “pique au croupion” les belles dames et “lumine d'un drôle de feu” les têtes des costard-cravate et des rassis en jeans... Mais le frisson d'épouvante demeure et qu'aille au diable le bateau pirate! Demain c'est dimanche et y' a office religieux en musique, piscine sur l'avant pont, et pêche virtuelle au requin dans la salle des jeux...