Déjà à l'époque en 1996, en 2001 puis en 2005, je me disais : “Si j'étais mort ou si j'avais cessé d'écrire depuis deux ans il n'y aurait pas tout ce que j'ai écrit ces deux dernières années”...

Vers la fin de l'année 2007 je me suis dit : “Si je devais bientôt mourir ou cesser aujourd'hui d'écrire je me sens assez heureux d'avoir pu encore produire ce que j'ai écrit durant ces derniers mois passés”...

Et il n'y aurait point eu ce que j'ai écrit depuis 2008... s'il était inscrit sur une urne “Guy Sembic dit Yugcib 1948-2007”...

Rétrospectivement il me semble toujours au jour où je suis, avoir enfin écrit l'essentiel de ce que je voulais écrire.

Et je me pose cette question : “l'essentiel, le vrai essentiel ; n'est-il pas à venir et ne manquera-t-il pas à mon oeuvre d'écriture si je ne parviens à l'écrire?”

Ce que jamais je n'accepterai, même comme un long faux plat descendant lors d'une interminable randonnée à bicyclette ; c'est le déclin. Et en cette occurrence je cesserais vraiment d'écrire.

Mais le regard que je porte sur le déclin n'est pas dans le sens du monde. Il y a en effet de ces déclins qui ressemblent trop à des chemins tout illuminés montant droit au ciel et jusqu'aux étoiles lointaines... Et cela ne me convient guère.

Rétrospectivement, quelques écrits de mes premiers carnets, ceux d'avant 1996, m'étonnent cependant, à les relire... Je leur trouve un air presque actuel.

Je me livre ici à une confidence :

Sur mon site et sur mon blog, les textes que j'ai glanés de ces premiers carnets, du moins certains d'entre eux, ne sont pas vraiment tout à fait d'origine...

En effet je ne me suis point risqué à les reproduire tels qu'ils furent écrits à l'époque. Quant à ceux qui ne figurent pas sur mon site ni sur mon blog, sans doute demeureront-ils “en l'état” et dans mes carnets aux pages écrites de ma main et au crayon... À moins que je n'en exhume une partie afin de “conjurer” ce déclin que je ne saurais accepter de voir venir. Il va de soi que ce serait là une “conjuration en haut lieu”...

J'ai triché, je l'avoue! Par petites touches... ou par omission puisque ces premiers carnets sont une “jolie petite écharpe de femme” éclipsant l'ombre d'un grand corps dégingandé de géant.

A cette époque là, de mes premiers carnets, jusqu'en 1995, il n'y avait pas d'informatique, pas d'internet, pas de forums du Web, pas de blogs... Et je ne publiais donc pas... Ou parfois tout à fait occasionnellement dans quelque revue littéraire (Missives, de la Société Littéraire de la Poste ; Revue des Ecrivains Vosgiens, par exemple)...

Je n'aurais pas non plus contacté ni un éditeur, ni un imprimeur... Et les journaux régionaux de l'époque ne publiaient pas encore de courriers de lecteurs...

J'étais surtout “oral” : dans les réunions de travail avec mes collègues de la poste, dans certaines réunions d'amis... En fait mes écrits ressortaient dans les propos que je tenais alors... Comme je ne pouvais publier, je “faisais avec mon regard, ma voix, mes gestes”...

A présent, au temps du Net et des forums, et des blogs... Je souhaite publier (puisque c'est possible sans dépendre d'un éditeur, d'un organisme ou de quelque média ou autorité officielle et reconnue)...

Et puisque je peux publier, alors autant publier ce qui me semble publiable : il est certain que je ne vais pas me risquer à publier par exemple , tel qu'il est, le contenu de mes carnets (du moins le contenu des premiers)... D'où un “ravalement de façade” assez conséquent !

Cependant, un “ravalement de façade” demeure tout de même une opération “hasardeuse” (qui à mon sens peut être une sorte de “tricherie” c'est à dire une manupilation dans le but de “se rendre meilleur que l'on est en réalité”)...

En fait je ne souhaite pas avoir cette démarche là : celle du “ravalement de façade” selon la ou les procédures les plus couramment employées (et qui “payent” assez bien il faut le reconnaître)...

Je pense qu'une oeuvre est un tout, et non pas seulement “quelques façades bien ravalées” ou encore seulement quelques belles réalisations en particulier... Ce que j'appelle “les trous noirs” font aussi partie de l'oeuvre intégrale et doivent peut-être demeurer visibles...

Disons que si je “triche” comme je dis (sans doute le terme est-il en l'occurrence incorrect) je “triche” dans le sens de “travailler tel un alchimiste”... Et un alchimiste de toute évidence, ne va pas travailler avec n'importe quelle matière, des matières qui sont présentes dans l'atelier de l'alchimiste, des matières “nobles” certes, pour certaines d'entre elles, mais inutiles ou sans consistance. Par contre il peut y avoir dans l'atelier de l'alchimiste des matières moins “nobles” dont l'alchimiste tire des réalisations qui ne vont pas faire sa gloire aux yeux de quelques personnes qui le connaissent ou le découvrent...

Aimer, ce n'est peut-être pas aimer si l'on n'aime que ce qui est beau, qui fait du bien, qui est utile, que tout le monde apprécie...

... Tartempion, que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam, lorsqu'il lisait mes “articles” (courrier des lecteurs) dans Sud Ouest Dimanche en 2002... Ce Tartempion là, lui aussi ne me connaissait ni d'Ève ni d'Adam...

Il n'y avait donc aucune raison que Tartempion réagisse à mon “article” et m'écrive...

J'écrivais alors des “articles” dans le courrier des lecteurs de Sud Ouest Dimanche parce que c'était le seul moyen pour moi à l'époque, de me donner une petite visibilité, puisqu'il n'existait encore ni forums ni blogs sur un Internet en “bas débit” d'ailleurs...

Avec l'arrivée des forums, des blogs et du haut débit ; j'ai peu à peu cessé d'envoyer des “articles” dans le courrier des lecteurs de Sud Ouest Dimanche.

De l'aléatoire (à être publié) je passai directement à la certitude de me publier moi-même sans devoir être choisi ou sélectionné.

Tartempion existe aussi sur le Net tout comme il existait dans le Grand Aquitaine de Sud Ouest Dimanche...

Certes Sud Ouest Dimanche avait alors un tirage de 330 000 exemplaires mais de toute évidence il n'y avait jamais 330 000 personnes lisant le courrier des lecteurs...

Ce qui m'intéressait c'était d'être lu par des personnes de ma connaissance : par exemple les collègues de la Poste des Landes, des gens demeurant autour de chez moi, des personnes de ma famille ou plus largement si je puis dire, un public aimant me lire... J'appelais ces “courriers” des “missiles”et leur attribuais des vertus de “simples” plutôt qu'un pouvoir “décapant” quoique parfois ils “décapassent”...

Ai-je davantage de visibilité sur le Net auprès de ces personnes là, qu'au temps de mes “articles” dans Sud Ouest Dimanche? C'est à voir...

Rien ne vaudrait peut-être mieux – si cela était faisable mais cela ne l'est point – que je puisse disposer dans Sud Ouest Dimanche d'une page entière!

Et rien ne vaudrait encore mieux – si cela était faisable mais cela ne l'est point – que l'on me donne une salle ou un lieu public pour lire mes textes!

Je ne me suis jamais senti dès mon enfance, enclin à demeurer tout seul entre quatre murs ou dans un jardin ou un bois. Les murs n'ont pas d'oreilles ni d'yeux, le jardin ou le bois c'est très beau mais sans visages c'est un peu raide...

Je ne crois pas en Dieu parce que pour moi, Dieu c'est comme un mur... Un mur auquel on a inventé des yeux et des oreilles...

Je veux de vrais yeux et de vraies oreilles en face de moi... Pas un mur blanc et lisse, un mur de briques ou de terre, un mur n'importe quel mur... Un mur “bulle de roche vu de l'intérieur”.

Dieu, ça serait vous : vos visages, vos yeux, votre voix, vos mains, vous tout entier là devant moi! Et c'est vous qui me créez!

Tout a commencé lorsque j'ai cabriolé dans le couloir à trois ans devant ma cousine âgée elle aussi de trois ans.