Beaucoup de ce que l'on appelle des “richesses” ne sont pas en réalité des “richesses” dans le sens de la possession et de la jouissance par quelques uns d'entre nous, de biens, de produits, d'objets ou d'avantages particuliers dont le plus grand nombre d'humains sur cette Terre est privé...

Ces “richesses” ne sont que des biens, des produits ou des objets que tout être humain devrait pouvoir utiliser, sinon posséder en propre afin de les partager avec les autres autour de lui...

Avoir un ordinateur portable, un appareil de photos numérique, un logement où arrivent l'eau courante et l'électricité, manger à sa faim, accéder à l'éducation et à la connaissance, se vêtir, se déplacer autrement qu'à pied (pour ne prendre que ces exemples là) ne devrait pas être ressenti par des centaines de millions d'humains comme quelque chose d'inaccessible, de seulement “pour les riches”, à tel point qu'il devienne nécessaire de recourir à la violence, au vol, au meurtre... Pour se l'approprier de force...

Dans un pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud, quand t'es “blanc”, que tu arrives par avion d'Europe, que tu as un ordinateur, un sac de voyage, un appareil de photos et que tu marches dans une rue en terre battue entre des huttes ou des cabanes en matériaux de récupération au milieu d'êtres à demi nus ne possédant visiblement rien à eux... Tu passes forcément pour un “riche”, et donc, tu es le type à “taper” ou à attendre quelque part en embuscade pour le voler...

Dans un pays d'Europe ou d'Amérique du Nord où les gens dans l'ensemble jouissent de tout ce dont on est privé partout dans le monde, s'impose l'image du “pauvre envieux et ayant recours à la violence”, une image qui “inquiète ou même fait peur”...

Les “riches” se “barricadent” entre eux et ont des préjugés de “riche”...

Les “pauvres” s'abattent comme des oiseaux sur des miettes de pain et ont des préjugés de “pauvre”...

Ce ne sont ni la politique ni la religion ni le discours économique (libéral ou socialiste) ni même la philosophie ou la science ou la poésie ou la littérature... Qui feront tomber le mur des préjugés, ou réduiront les inégalités non naturelles d'un côté ou de l'autre de l'humanité...

En ce sens, je ne vois donc pas quelle “vision politique” peut convenir aux populations du monde dans ces pays si différents les uns des autres en Afrique, Amérique du Sud, Asie... Ou succéder à l'ordre et aux options qui prévalent dans les pays dits “riches”...

Quelle “vision politique” pourrait en effet “éteindre” ce qui brûle de convoitise dans les yeux de tant et de tant de gens de par le monde... Et ce qui brûle de peur dans les yeux de gens moins nombreux mais mieux lotis ?

... Peut-être une dimension de communication et de relation pouvant s'établir entre des êtres de sensibilité, de culture, de mode d'existence et d'aspirations différentes ; lorsque ces êtres soudainement et fortuitement “rapprochés” autour d'un même besoin, d'une même émotion, dans un même agissement, vont se sentir “déconnectés” de leur condition habituelle de “riche” ou de “pauvre”, d'homme ou de femme d'une civilisation... Ce serait donc dans la venue et dans la poussée de l'évènement, dans une action à entreprendre ensemble, qu'existerait une “vision commune d'un avenir”, et que viendrait alors l'idée de partager, d'échanger... Cette “vision commune d'un avenir possible entre des êtres aussi uniques et aussi différents soient-ils les uns des autres” me semble au départ dans sa naissance même, comme la formation d'un “embryon”...

Dans un monde humain qui, depuis son origine et à travers les périodes historiques qu'il traverse, ne cesse de “bouillonner”... Il y a ce qui “embryonne” de ci de là, semble se développer un temps, puis “avorte” ou “dévie”... Mais ce qui “embryonne” participe à l'évolution générale, inéluctable, graduée, accidentée...

Le fait d'être “riche ou pauvre”, d'une condition ou d'une autre, d'une civilisation, d'une culture, de s'appuyer sur des repères, d'être d'une religion, de telle ou de telle origine ethnique, n'est pas un fait “embryonnaire” : c'est le fait (ou la réalité) du “bouillon de culture” qu'est le monde des humains. Mais l'embryon se forme dans le bouillon de culture...

Et la succession, la multiplication des embryons tend à modifier la composition du bouillon de culture...

Toute “vision politique”, ou “sociale” ou “économique”, toute idéologie en marche le plus souvent forcée, n'est qu'une “vue de l'esprit humain”... Ou un “déversement du contenu d'éprouvettes” dans un “bouillon de culture”... Qui rend encore plus complexe, plus stérile et plus aléatoire le “bouillon de culture”...

Il y a dans l'évènement, une poussée et une dynamique. Mais l'évènement s'il est déterminant dans la relation qui s'établit entre les êtres, n'est pas forcément un évènement “important” ou “hors du commun”... L'évènement peut-être tout à fait banal, ordinaire... Heureux ou, au contraire, dramatique ; pouvant s'inscrire dans la durée ou “passer comme un souffle”... Mais c'est bien lui, le “moteur” et avec lui, l'énergie déployée par les êtres agissant ensemble pour lui donner une poussée et une dynamique... C'est lui, le “moteur”, et pas la “vision politique, économique ou sociale”...