Au 16ème siècle les navigateurs venus d'Europe lorsqu'ils abordaient les côtes d'Amérique, d'Afrique ou d'Asie ; rédigeaint des lettres et des documents dans lesquels ils consignaient leurs récits de voyage et faisaient part de leurs découvertes...

Ces documents et ces lettres ne pouvaient être acheminés que par des navires repartant vers l'Europe, en plusieurs mois. De telle sorte qu'une réponse, un message ou des nouvelles d'Europe, ne parvenaient aux expéditeurs qu'au bout d'un an...

En général lorsque les navires faisant voile vers l'Europe arrivaient à bon port, la réponse était assurée... Encore fallait-il que cette réponse, ces nouvelles, ces documents, puissent parvenir aux gens demeurés en Amérique, en Afrique ou en Asie.

Et si “rien ne revenait”, l'on ne pouvait savoir si le message avait été réellement lu à l'autre bout du monde, ou s'il s'était perdu...

Autant dire que tout retour de nouvelles d'Europe au bout d'un an, était particulièrement bien venu et attendu.

De nos jours avec internet, il n'y a plus d'océan à traverser ni de longs mois d'attente pour le retour d'une réponse effectivement produite.

Mais lorsque le messager est pour un temps “coupé du Net”, il peut se sentir comme ce navigateur du 16ème siècle “coupé du monde” (ou plus exactement de “son monde”). Et ce monde existe pour un temps sans lui, dont il n'a plus de nouvelles, et dans l'ignorance qu'il est de ces dires et de ces écrits qui lui parvenaient dans l'instant, relié qu'il était alors...

Un seul jour devient comme un an, et l'espace d'absence devient comme un océan...

Que font-ils, que lisent-ils, qu'écrivent-ils, que ressentent-ils, comment réagissent-ils à tel ou tel message?”

Autant de questions enfermées dans un espace devenu intraversable. Et tout ce qui n'était pas revenu avant le départ, avant que le fil ne soit pour un temps coupé?

Les voiliers du 16ème siècle étaient moins rapides que le Net du 21ème siècle...

Mais il existe toujours cet espace d'où rien ne s'échappe, d'où rien ne vient d'ailleurs... Un espace cependant, à l'intérieur duquel se mettent à exister d'autres espaces où “tout peut passer”...