Supposons dix toutous de chasse très voraces, très cagneux et très brutaux... Devant trois blocs de foie gras et sept charognes infectes.

Les dix toutous vont se jeter en priorité sur les blocs de foie gras, avant de déchiqueter les morceaux de charogne...

Supposons une bande de dix soudards ivres, primaires, incultes et féroces... Devant trois jeunes femmes agréables, élégantes, jolies de visage et sept autres femmes laides, difformes et chiffonnées.

Les dix soudards vont se jeter en priorité sur les trois jeunes femmes agréables, élégantes et jolies de visage...

Il y a, à mon sens, comme une espérance magnifique, une émotion souveraine et une certitude heureuse à savoir que ce qui est laid, brutal, vulgaire, médiocre et apparemment dépourvu de sensibilité... Puisse ainsi être attiré par la beauté, la grâce, le meilleur...

Mais que dire de tous ces soudards – et aussi de tous ces “autres” - qui ne se jeteront pas sur les femmes laides, difformes et chiffonnées... Sinon qu'il en existe parmi eux, d'assez belle âme et d'assez généreux pour faire de ces femmes de douces et aimantes compagnes choisies entre toutes ?

Si le brutal, l'inculte, le vulgaire ; est attiré par la beauté, la grâce, la délicatesse et l'élégance... C'est bien là une raison d'espérer en un monde qui peut évoluer...

La beauté ne viole-t-elle pas aussi la brutalité et la laideur, à sa manière? La culture n'investit-elle pas aussi l'inculture, à sa manière ?

L'impuissance de l'amour... Est davantage une peur, une peur terrible, une peur souveraine, au pire un “dramatique accident”... Plutôt qu'une certitude désespérante.