... La pensée consensuelle devient arrogante lorsque, partagée tacitement par le plus grand nombre, elle s'exprime par les mots et par les écrits de ceux qui, forts de l'appui dont ils bénéficient de la majorité silencieuse et soumise, déconsidèrent et marginalisent ce qui résiste à cette pensée consensuelle...

... Quand on n'a pas eu la chance de naître avec des prédispositions particulières, ou des dons, ou des talents... Et que de surcroît le milieu familial et l'environnement social n'incitent pas à l'éducation ; alors il ne reste pour s'exprimer que la violence, du moins certaines formes visibles et immédiates de violence ; la confrontation brutale et par conséquent, les "aboiements"... Mais cette violence ainsi exprimée ne signifie nullement l'absence de sensibilité ou, comme tant le croient, l'inexistence d'une beauté intérieure, authentique, crue et nue, de l'être... Une beauté parfois surprenante, fragile et émouvante, dérangeante ou singulière...

... Lorsque les êtres sont révoltés contre ce qui leur semble injuste et qu'ils ont eux-mêmes subi leur vie durant en des situations relationnelles, humiliations et blessures, indifférence hautaine ou toutes sortes d'interdictions de passage ou de ségrégations arbitraires... Ils ont forcément, du moins certains d'entre eux, le besoin de s'exprimer, de dire, de dénoncer...

L'expression est donc la toute première forme de résistance et de contestation... Ensuite il y a l'action... L'action dans la mesure de ses moyens physiques et intellectuels...

De l'expression vient aussi la confrontation.

Mais la confrontation si violente qu'elle puisse être, même si elle conforte chacun des interlocuteurs sur ses propres positions, n'interdit pas la réflexion, n'interdit pas de s'écouter et de se parler, n'efface pas cette réalité profonde, authentique, de l'être...