Je m'interroge sur la manière dont certains intellectuels, penseurs, philosophes, écrivains et artistes (dont je partage les idées, le regard qu'ils portent sur le monde et que je rejoins dans ma propre dimension de pensée)... Dénoncent le « vide intellectuel » de notre époque caractérisé par une absence de réflexion profonde ; une prépondérance des valeurs d'efficacité, de rentabilité, de compétitivité et d'orientations purement économiques, sur des valeurs humanistes...

En référence à ce genre de réfléxion de Nicolas Sarkozy (dont voici à peu près la teneur) : « A quoi cela peut-il servir de faire lire la princesse de Clèves à nos étudiants d'aujourd'hui, qui demain, se spécialiseront dans des matières ou suivront des filières professionnelles où l'on n'aura nul besoin d'avoir un bagage littéraire »... Je me dis que la manière de dénoncer cela – et tout le reste – Et toute cette révolte oh combien justifiée de ces intellectuels, penseurs, philosophes, écrivains et artistes tous engagés dans la communication et dans l'information qu'ils diffusent... Ne nous conduit pas à penser, nous qui pensons encore et rejoignons ces intellectuels et ces artistes... Que le monde est perdu?

Alors je pose avec gravité, cette question : « Le monde est-il réellement perdu? »

Les intellectuels, les penseurs, les poètes, les écrivains, les philosophes et les artistes ; ceux d'entre eux qui se révoltent, dénoncent, informent, diffusent ; et sont lus et écoutés... Ont à mon sens une immense responsabilité : une responsabilité aussi énorme qu'est l'irresponsabilité de ces autres intellectuels qui divertissent plus qu'ils n'interpellent, ou de ces acteurs de la vie politique, économique et sociale qui décident et imposent tout en se pavanant sur les planches de l'actualité !

C'est la responsabilité qui consiste à « mettre en culture et en valeur » et donc en développement, tout ce qui existe encore, tout ce qui n'est pas mort, tout ce qui croit encore, tout ce qui agit encore, tout ce qui se rassemble encore en dépit de ce qui ferme, obtrue, oppose, contraint, efface...

Même s'il faut dénoncer haut et fort, même s'il faut se révolter ; il importe plus de travailler, de « mettre en culture et en valeur »... Que de passer sa vie à déplorer, à mettre en évidence, à condamner...

Le pire qui puisse arriver en ce monde, c'est lorsque tout le monde, une fois informé et sensibilisé... Se met à penser, à cause de ce qui est divulgué, révélé, que « tout est foutu »!