Comprendre me semble quasiment impossible au moment précis où l'on ressent et surtout, où l'on réagit dans l'immédiat à ce que l'on ressent...

Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, si l'on s'interroge sur ce que l'on ressent (et cela vient parce qu'une certaine solitude en nous mêmes se révèle difficilement supportable)... alors s'installe (ou s'insinue en nous) le besoin de comprendre qui devient plus fort que le besoin de convaincre...

Cette solitude de l'être qui se révèle difficilement supportable, vient du fait que l'être ne se sent pas reconnu , et que quoi qu'il fasse, le bien ou le mal, quoiqu'il revendique dans le sens de la justice ou pour son profit, ou son intérêt ; il n'a d'autre alternative que celle de s'exister à tout prix, et donc, de mettre la pression sur l'existence de l'autre, voire de nier l'existence de l'autre... Et par toutes sortes d'engrenages, parce que des parties se constituent, que des opinions se fondent, accusent et isolent... Il vient ce temps de la question, ou du pourquoi, de cette solitude qui est celle de l'être acculé ou retranché... Alors, entre en gestation au plus profond des entrailles de l'être, comme un cri au bord d'un champ totalement miné et noyé de brouillard. Alors ne vient peut-être plus en avant la nécessité de convaincre.

Cependant, au plus profond même de cette solitude difficilement supportable, peut venir une solitude “acceptée”, une solitude dont le moteur est une détermination contre le “sens du courant”, ce qui donne au questionnement, une perspective, une dimension... Toute la dimension d'un réseau de fils à tirer, à dénouer. Mais il est aussi difficile de tirer et de dénouer les fils du réseau, que de se laisser porter par un courant de baïne durant des kilomètres au large sans se débattre ou tenter de nager à tout prix.