J'ai lancé des voiliers et donné à leurs équipages des caps à suivre qui je crois, ont été tenus...

En cargaison je n'avais en cale de chacun de ces voiliers, que des billets de ma main écrits...

Et depuis deux grandes saisons, à dire vrai depuis le dernier solstice d'été, je scrute soir et matin cet horizon d'océan et de ciel en face de moi. Un voilier n'est pas revenu et nul mât, nulle toile blanche de ce voilier ne vient crever la brume argentée ou orangée qui drape en écharpe l'horizon...

Je sais seulement que le cap a été tenu, et qu'un visage là bas, de l'autre côté de l'océan, a vu s'amarrer mon voilier tout près de la plage...

Ce n'était qu'un billet, dans la cale du voilier... Ou plus précisément, quelques feuillets... Mais quel billet!

Je n'ai pas, au grand passage entre deux espaces de temps, ce passage qu'une fois l'an l'on franchit en fête et en voeux ; lancé d'autre petit voilier vers ce bout de monde comme je le fis lors du dernier grand passage... Ce bout de monde dont je n'ai plus rien su et que mon voilier a atteint.