La réalité serait-elle plus surréaliste que le surréalisme?

La réalité a tout d'abord une dimension naturelle et intemporelle dans laquelle nous sommes immergés, nous réagissons, éprouvons et communiquons...

Ce qu'il y a de surréaliste dans la réalité, réside, je pense, dans la dimension perçue et exprimée, de cette réalité : la dimension s'élargit, évolue au delà de son espace naturel et intemporel, et entre dans une perspective démesurée... Ou prend une apparence jusqu'àlors insoupçonnée, inconnue ou révélatrice, toujours surprenante et parfois dérangeante...

Alors les choses et les êtres, les situations et les évènements, bien présents et bien réels dans toute leur authenticité, leur vérité évidente et incontestable... Etant entrés dans cette dimension élargie, deviennent surréalistes ; bien plus surréalistes que si ces mêmes êtres et choses, situations et évènements étaient traduits en compositions picturales ou littéraires abstraites, symboliques ou “hiéroglyphiques”...

En somme, l'oeuvre surréaliste (littéraire ou artistique) c'est l'oeuvre qui rend surréaliste le réel...

... Par exemple dans les romans d'Emile Zola, on peut dire que la réalité est surréaliste...

Ou que dans les peintures de Gustave Courbet, la réalité est surréaliste...

Il y a cependant une ambiguité entre le réel exprimé dans une dimension élargie (et donc, surréaliste) ; et le même réel exprimé en “effets spéciaux” c'est à dire avec la technologie qui permet de trouver les mots pour dire, ou de produire les images qui impactent.

... Cela me fait penser à propos de la technologie qui permet de trouver les mots ou de produire les images ; que les gens qui sont de bons techniciens du langage ou de l'image (et ils sont nombreux)... ne sont pas forcément de bons écrivains ou de bons réalisateurs de films : ils ont la science qu'il faut pour... Mais ça s'arrête là!

En général, au bout d'un certain temps, ces gens là me fatiguent, quoique je leur sache gré de leur habileté (dont il m'arrive d'être parfois un peu jaloux)...