Deux souris étaient entrées dans une petite nasse, l'une après l'autre, la première passée par l'ouverture en forme d'entonnoir située sur le dessus de la nasse ; ayant été attirée par les éclats de noix disposés à l'intérieur... Et la seconde, un peu plus tard, rejoignant la première...

En peu de temps, les éclats de noix furent dévorés, et les deux souris ne purent ressortir de la nasse par où elles étaient passées puisque l'ouverture en forme d'entonnoir, dans son passage le plus étroit, leur interdisait désormais toute sortie.

Deux ou trois jours et autant de nuits durant, les deux souris prisonnières tournèrent dans la nasse, s'agrippèrent aux fins barreaux métalliques, et – on l'imagine – sommeillèrent faute de n'avoir plus rien à ronger...

Et l'une – on ne sait laquelle, la première ou la deuxième mais peu importe – se mit à tourner autour de l'autre... A tourner, tourner sans fin, d'un même mouvement rapide et circulaire, comme pour “saoûler” sa compagne de captivité...

La souris qui subissait cette ronde infernale se recroquevillait, se ratatinait, le poil hérissé, tremblante, et fut prise de convulsions... Et elle mourut.

L'autre cessa de tourner, se jeta sur sa congénère et lui arracha une touffe de poils derrière la tête.

Une semaine plus tard, il ne restait plus dans la nasse qu'une croûte informe recouverte de poils gris... une odeur de pourriture et une souris condamnée à mourir de faim...

... Que feraient deux humains, pris dans une grande nasse et n'en pouvant ressortir?

Et si, de ces deux humains, l'un était un homme et l'autre une femme?