Les mythes aujourd’hui ne sont plus seulement attachés à des personnes ou à des œuvres mais sont devenus des miroirs réfléchissant des images ou des représentations sous forme de symboles, de ces personnes ou de ces œuvres qui autrefois étaient les mythes (en chair et en os et en livres et tableaux)…
 Ainsi ces mythes d’aujourd’hui sont-ils des éclairs ou des flashs lumineux émanant certes de personnes ou d’œuvres, mais ne fédérant les gens que dans le moment de l’impact de la fulgurance… Et l’impact lui-même se fait par induction d’une force déployée par les « artificiers » et leurs « machineries ».
 Les mythes aujourd’hui sont fulgurants mais inconsistants. Il ne se trouve personne dans les foules absorbées par leur rayonnement, pour les démystifier ou les contester autrement que par la négation de leur existence… Car si on les conteste, ces mythes, c’est parce qu’ils « font de l’ombre » au mythe que l’on deviendrait soi même si les forces induites par les artificiers pouvaient créer l’impact…
 Autour du mythe vivait et se perpétuait la légende… Mais la légende aujourd’hui est comme un tissu cellulaire de moindre qualité, qui se développe par à coups, par séquences ou par saccades, au détriment de ce qui constitue le tissu originel…
 Ainsi la légende, tout comme le mythe, n’a plus de consistance et ne porte plus en elle le pouvoir de sa transmission, de sa durée…
Les personnes et les œuvres aujourd’hui peuvent rayonner dans un espace de communication plus élargi, plus universel… Mais le nombre des personnes et des œuvres par le pouvoir accru et dominateur des artificiers ; par le ralliement aléatoire des foules ; rend tout « podium », toute avant scène, toute affiche… dénué de sens…
 L’on ne retrouvera jamais dans l’avenir ni le mythe ni la légende tels qu’ils étaient, autrefois…
 A moins d’inventer un mythe ou une légende qui soient un espace communautaire de personnes et d’œuvres…
 Les mythes et les légendes d’autre part, s’ils sont encore ces personnes ou ces œuvres vraies ; ne résistent plus à la poussée des évènements relationnels qui les déchirent, les violentent ou les diluent… Parce que ce n’est plus dans leur esprit même que l’on s’est réuni, mais seulement pour ce que l’on attendait d’eux… Et pour autant qu’ils ne cherchent pas à s’opposer au réfléchissement des images, des représentations et des symboles.