Quel que soit ton niveau culturel, ton âge, ton sexe, ta profession, ton caractère, ta sensibilité, le visage que tu as, tes idées, tes choix, tes loisirs, ta religion si tu en as une, tes goûts, tes préférences, ta personnalité, la couleur de ton ciel ou la couleur de ta voiture…
     …Même dans le bleu le plus pur de ton ciel en ces instants où il se laisse surprendre, il manque une toute petite nuance de « bleu »… Une nuance essentielle cependant… Mais ce n’est pas de ta faute, tu n’y peux rien : cette nuance là est peu commune à l’espèce humaine, n’existe vraiment que dans le bleu du ciel de très rares êtres, ces êtres dont l’esprit a pu conserver tout au long de la vie, une certaine « pureté originelle »…
Et cette « qualité » là ne confère à vrai dire aucune supériorité et son pouvoir réel n’est autre que celui de son rayonnement. Elle ne confère aucune supériorité car elle ne rend pas celui qui a cette qualité, plus puissant ni plus dominant… Ce serait même le contraire puisqu’elle marginalise par rapport aux valeurs essentiellement matérialistes de la société humaine. Elle n’a pas non plus de pouvoir réel parce que depuis que le monde des humains existe, nous vivons au quotidien, comme nous vivons depuis toujours et cela en dépit des progrès technologiques et scientifiques… Elle rend les êtres différents c’est tout ! Elle n’a qu’un pouvoir de rayonnement. Et que représente le rayonnement d’une étoile dans un univers si vaste dont on ne peut jamais atteindre des confins encore et toujours plus éloignés, plus inaccessibles ?
 Cette nuance de bleu là, s’il s’avérait possible de la définir et de la décrire, ressemblerait je crois, à l’un de ces innombrables visages de l’amour, mais en beaucoup plus beau encore que l’amour… L’on y discernerait, dans ce visage de l’amour, comme un regard d’émerveillement tel que seuls, de très jeunes enfants peuvent avoir et exprimer en toute spontanéité. Et l’on percevrait également dans un tel regard, une très grande humilité…
Tout ce qui nous lie aux êtres les plus proches de nous, en l’absence de cette nuance essentielle de « bleu », se fait et se défait au gré d’une brise aussi capricieuse qu’imprévue venue balayer cet horizon qui entoure toutes nos croyances.
 Tant que la relation entre les êtres n’est pas affectée par un accident imprévisible mettant cette relation en péril, tant que les influences extérieures à cette relation n’exercent qu’une pression modérée, que les intérêts des uns et des autres demeurent communs et liés… Le bleu habituel du ciel suffit, avec toutes ses nuances.
Ce n’est point l’amour qui manque, sur la planète des Humains ! Il y a en effet ce « cocon » de certitudes, d’affections, d’émotions partagées, de souvenirs et de projets, que les êtres ont, ensemble… Pour un temps… Ou pour une vie entière.
 Mais sans l’émerveillement perçu ou exprimé, sans la pureté originelle de l’esprit et sans l’humilité ; vient un jour où la relation doit subir l’épreuve de l’absence de cette nuance essentielle de « bleu ». Alors la forteresse que l’on avait édifiée contre l’adversité et contre l’absurdité, s’écroule… Des amitiés de vingt ou trente années se diluent comme une sauce fine dans une eau de vaisselle ; des reconnaissances, des préférences et des vénérations disparaissent ou deviennent des refus, des rejets, des antagonismes ou sombrent dans l’indifférence…
 En somme, toi et bon nombre de personnes autour de toi ; vous aimez sans avoir au fond de vous l’essentiel de l’amour… Il n’y a que les enfants, les vieillards, les « simples » et les agonisants… Qui ne « flambent pas »… Les enfants parce qu’ils n’ont pas encore la connaissance et l’expérience ; les vieillards parce qu’ils ont perdu leur intégrité physique et n’ont plus le pouvoir de la séduction ; les agonisants parce qu’ils n’ont plus rien à perdre ; les « simples » parce qu’ils sont comme les enfants… Par tout ce que tu sens en toi de fort, par tout ce qui vient de ton apparence ou de ta position sur l’échiquier de la vie et qui te conforte, par le rayonnement de tes idées et de tes créations, par ce que tu fais et par ce que tu es « dans le monde » et dont tu jouis en retour… Tu « flambes » à ta manière… Et sans en avoir l’air même ! C’est pour cela qu’il n’y a jamais… Ou si rarement, l’essentiel de l’amour. Et que tout passe…