-Existe moi !

-Pardon ?

-Existe moi !

-Excuse moi, je n’ai pas compris !

-S’il te plaît, existe moi !

-Ah ! ça y est ! J’ai compris ! Mais comment veux-tu que je t’existe ? J’existe, tu existes, il existe, nous existons… L’on n’existe pas l’autre ! Et puis, tu me dis cela sur le même ton que le petit renard de Saint Exupéry qui demande au petit prince : « apprivoise moi ! »…

-Il y a un lien entre « existe moi » et « apprivoise moi ». Un tout petit lien, un semblant de lien… C’est le lien que tu discernerais entre les deux formules selon ta logique à toi. Tu penserais en effet que c’est un peu la même chose, apprivoiser et m’exister.

-Non, je ne vois pas le lien, cela me semble différent.

-Alors je crois que l’on va se comprendre… Voilà : si tu m’apprivoises, je t’ouvrirai mon ciel, je te suivrai, je t’écouterai, tu seras mon maître, j’aurai tes yeux, je dirai tes mots et ce que je ferai ou inventerai viendra de moi mais sera à toi. Si tu m’existes, ce n’est pas tout à fait pareil : je t’ouvrirai alors mon ciel encore plus grand, plus bleu, plus fort et différent du bleu que tout le monde voit lorsque je n’ouvre qu’une partie de mon ciel.

-Mais comment je vais faire pour t’exister ?

-Eh bien, au début, ne m’apprivoises pas. Après, cela viendra tout seul.