De très nombreux intellectuels depuis tant d’années, et aujourd’hui encore, ne cessent d’écrire sur l’œuvre d’Arthur Rimbaud…

Analyses, commentaires, critiques, réflexions… Des pages et des pages, telles des bornes à perte de vue, jalonnent le chemin dont le tracé se perd dans les impostures de l’Histoire et l’hypocrisie de ceux qui définissent le sens de la pièce et choisissent les acteurs.

Jusqu’aux jours de la vie si brève de ce poète maudit en son temps, la reconnaissance de son œuvre traverse les saisons une à une, génération après génération, escalade les holocaustes, descend les marches d’un escalier tout encombré des terreurs passées… Et cette marche en arrière rejoint enfin un être mutilé et mourant sur un lit d’hôpital à Marseille… Puis cet effacement de semelles de sable dans le désert Africain.

A quoi riment la gloire et la reconnaissance lorsque le corps n’est plus que poussière et qu’il ne reste de l’âme, de l’œuvre du disparu, qu’une écriture passée au crible de toutes les modes nouvelles, une écriture mille fois traduite ou même réécrite, controversée selon d’innombrables interprétations ?

Rimbaud ne fut-il pas tout seul, à l’intérieur de sa vie ? Personne n’a été dans sa peau, ne l’a jamais rejoint dans le cœur de sa bulle ! Alors, on peut bien dire ou interpréter ce que l’on veut, au travers des âges…

Nos émotions, nos aspirations, nos rêves, tout ce que nous sentons mais ne pouvons pas toujours traduire ou communiquer, tout ce qui fait que nous sommes nous et personne d’ autre au monde, nos expressions, nos regards d’une seule fois, nos égarements, nos interrogations, les mots que nous n’avons ni écrits ni prononcés, ce « cosmos » à l’intérieur de notre bulle, c’est avec tout cela que nous disparaissons un jour, que personne dans l’ avenir immense ne saura jamais… ou prétendra savoir traduire.

L’enfer des saisons de guerre, les saisons, toutes les saisons de tous les temps de l’Histoire, avec leurs entractes d’enfer, ce dérisoire envol des étoiles montantes, la chute des astres, les fractures de la vie, le pourquoi et le comment des enfants insoumis, les prières muettes, les silences et les indifférences, les holocaustes, les révolutions, les pierres funéraires, les encyclopédies, toutes les rues de la vie avec leurs cris, leurs effusions, leurs haines, leurs étalages et leurs odeurs… Sont des semelles de sable dans un désert peuplé de petites créatures infinies. Que le désert soit bleu, rouge ou gris, il est lui seul, la vie éternelle, et tout ce qui l’habite…

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