La bignole du 312 (suite)
Par BLS le mardi 15 janvier 2008, 20 H 50 - Polar - Lien permanent
Lundi matin Maurice, comme chaque jour, descend en salle à manger de bonne heure. Il trouve ainsi le temps de parcourir les journaux locaux avant que les autres ne descendent pour le petit déjeuner. Mais ce matin il est devancé par Muriel Girardin.
– Eh bien Madame Girardin, vous êtes tombée du lit on dirait.
– Bonjour Monsieur Le Menech. Oh non, seulement j'ai dit à mon mari que je chercherais à prendre le premier train. Comme je me doutais que vous
descendriez de bonne heure pour aller à Concarneau, je me suis dit que peut-être vous accepteriez de me déposer près de la gare.
– C'est bien facile. Mais s't'à quelle heure vot' train ?
– Oh, je pense que vous avez le temps de prendre votre petit déjeuner, le train n'est qu'à 9 heures 25.
– Bon, j'remonte prév'nir ma femme et on y va, j'prendrai un p'tit noir sur le zinc, une fois là-bas. Des fois qu'on soit mis en r'tard pour une micketterie ou aut'chose. Et ça m'rappellera Paname et mon troquet du marché Edgar Quinet.
– Ah, ne me perlez plus de ce quartier, c'est trop dur. Que de bons souvenirs n'y ai-je pas laissés !
– Bon, finissez vot' café et j'suis à vous dans une minute.
Maurice remonte et trouve sa femme encore endormie. Il la réveille d'une caresse sur l'épaule.
– Ma puce, j'mets les bouts, j'te laisse avec Alain. J'emmène Madame Girardin à la gare et j'm'occupe de tout après. T'inquiète pas pour moi si j'suis pas rentré pour midi. L'temps d'chercher Boris, y s'peut k'j'arrive que s't'après-midi.
– Mais laisse-moi au moins dire au revoir à Muriel !
– Non ma puce, on s'en va. Vous vous r'verrez bientôt.
– Ah, n'oublie pas d'lui d'mander mon portable, elle l'avait gardé hier soir.
La Blue Star s'arrête devant la gare de Concarneau à 9 heures. Maurice accompagne Muriel Girardin jusqu'au hall des départs, dépose sa valise et lui souhaite bon voyage. Il lui reste quelques centaines de mètres à faire pour garer la voiture quai Carnot, à proximité du poste de police, mais il préfère attendre une petite heure avant de se présenter. Il achète l'Armorique libre, entre au buffet de la gare et commande un café. Quelques lignes seulement sont consacrées au jeune chinois trouvé mort dans le port. L'enquête n'a encore rien donné. On ne parle même pas de Sébastien. Par contre on apprend que tout l'équipage du bateau Le Guilvinec a été interrogé. En attendant mieux, le patron du bateau – décrit comme un chalutier transformé en bateau de tourisme –, qui est le premier à avoir aperçu le cadavre, est considéré comme le principal témoin et il lui a été demandé de ne pas quitter Concarneau jusqu'à nouvel ordre.
« Bon, c'est d'jà une bonne chose, se dit Maurice en finissant sa tasse de café, j'ai des chances de l'retrouver, l'ami Boris. Encore une fois, les keufs, y a pas, y font tout comme y faut avant que j'leur demande. »
Il laisse deux euros sur le comptoir, regagne sa voiture, roule environ 250 mètres, traverse l'avenue de la Gare et trouve une place de parking quai Carnot. Il est 10 heures. Maurice s'approche du poste de Police, trouve la porte ouverte, entre et s'adresse au brigadier assi derrière un petit comptoir.
– Bonjour M'sieur, j'viens voir le lieutenant Le Goff.
– Ah, c'est que l'OPJ est occupé à cette heure, c'est pourquoi ?
– Vous pouvez p'tet lui dre que c'est M'sieur Le Menech ?
– Ah, bien, justement le lieutenant m'a demandé de le prévenir dès votre arrivée. Vous pouvez attendre ici une minute ?