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Ayant ainsi réchauffé leurs premières amours – mais en était-il besoin ? –, il fallait s'attendre à ce que les parents Le Menech choisissent de ne pas passer la soirée devant la télévision et de laisser les enfants jouer seuls dans leur chambre.

Le lendemain sera le dernier jour où ils auront encore une chance de trouver Fernand à bord de son bateau dans le port de Brigneau. Il sera impératif de partir de bonne heure car avec la Blue Star, sa vitesse de pointe à 110 km/h et sa vitesse « économique » à 70, il faudra compter au moins dix heures de route.

Ce jeudi matin, le 20 juillet, on prépare donc les bagages aussi vite que possible en n'emportant que le minimum. Le coffre, à l'arrière de la voiture, n'est pas grand et on ne peut y ranger qu'une valise et trois ou quatre sacs bien serrés. Reste les jeux d'Alain et de Sébastien ainsi qu'Omaha Beach qu'Odile voudrait bien voir son mari essayer, au moins une fois, avec la place nécessaire.

– J'en prendrai un peu devant moi, propose Odile, et on essayera de coincer ta « boîte à outils » entre les enfants. Va chercher la voiture. Je m'occupe de finir avec les bagages.

Maurice part au Grand Garage et revient avec la Blue Star une demi-heure après. Il la laisse sur une place réservée à l'Hôtel Méridien, en face de chez eux et remonte à l'appartement.

– Les bagages sont prêts mon chéri, mais Sébastien fait sa tête, il ne veut pas partir.

– Attends un peu, on va voir si y veut pas v'nir.

Maurice fouille dans le placard de sa chambre, retrouve une paire de menottes – un jouet –, et entre dans la chambre des enfants.

– Sébastien, viens ici !

– Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

– Tu fais pas l'malin, tourne-toi, les mains dans l'dos !

Sébastien s'exécute. Maurice lui met les pinces.

– Vous avez pas l'droit M'sieur, j'ai rien fait, j'ai fait que jouer !

– T'as joué, et t'as gagné un miss, Sébastien. Maint'nant t'as pu l'droit d'jouer. Tu viens avec moi.

Sur un tel argument, Sébastien se laisse faire. Maurice l'emmène dans l'ascenseur, traverse la rue et l'enferme dans la voiture.

Maurice en profite pour vérifier le volume du coffre à bagages, qu'il trouve en effet trop petit pour une voiture de quatre places. Par pure routine, il ouvre aussi le capot moteur et là, surprise : pas de moteur !

– Ben merde alors, où c'est-y qu'y l'ont foutu, s'moulin ?

Il décide de s'en inquiéter plus tard, trop content d'avoir trouvé la place pour ranger les jeux, et remonte à l'appartement.

– Ma puce, c'est OK, y a la place pour les jeux.

– Es-tu en train de me dire que Sébastien s'est sauvé ?

– Non, le p'tit monstre, il est encabanné dans la tire. Mais y a aussi un coffre devant, à la place du moteur.

– Ah, c'est vrai, j'oubliais. Le vendeur nous l'avait bien dit que le moteur était avec les batteries, sous la voiture.

– Bon, alors si tout l'monde est prêt, on s'en va. On mettra la valoche à l'avant, à la place du moulin, d'accord ma puce ? Et t'as une carte ? Pass'que l'autoroute, à 70 à l'heure, j'aime pas bien ça.

– Il y en avait une, mais c'est tes deux amis qui l'ont prise.

– Mais Papa, Sèb, il a un GPS dans ses jouets, même que c'est avec Galiléo.

– Ben alors, ça roule. Merci mon fiston.