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Un gardien a raccompagné les Le Menech chez eux. Quatre, dont un qui ne porte pas le même nom mais un sac de sport avec des affaires personnelles. Sitôt entrés dans l'appartement, Odile conduit Sébastien dans la chambre d'Alain.

- Sébastien, tu t'installeras sur le lit et Alain, toi, tu dormiras sur le matelas, par terre, en attendant qu'on mette un autre lit. Si nous pouvons, nous partirons demain matin en Bretagne pour les vacances. Sébastien, je suppose que tu as quelques affaires dans ton sac, de quoi te changer si besoin ?

- Ah non, M'dame, moi j'pars pas en vacances. Si mes vieux y r'viennent, faut que j'sois là.

- Ecoute Sébastien, nous en parlerons tout à l'heure. Tu veux bien ouvrir ton sac, qu'on regarde un peu ce qui te manque.

- Mais j'ai pas d'affaires, M'dame, c'est que pour l'entraînement.

- Tu peux me montrer ? Et tu sais, tu peux m'appeler Odile, on est entre nous.

- Oué, M'dame Odile, voilà tout s'que j'ai.

Sébastien étale sur le lit une grande quantité de jouets électroniques, des boîtiers avec écrans, des pistolets, une cible pliante – silhouette d'homme, grandeur nature –, une calculatrice, un téléphone portable avec fonction GPS... et un super kill or miss.

- Oh, Maman, Sébastien aussi il a un kill or miss ! s'exclame Alain. Tu sais y jouer, toi, au kill or miss ?

- Un peu, que j'sais y jouer, J'm'entraîne deux heures par jour avec Papa.

- Dis, on pourra y jouer tous les deux ?

Odile les laisse pour retrouver Maurice.

- Mon chéri, tu peux me montrer le document que t'as donné le commissaire ?

- Tiens ma puce, répond Maurice en lui tendant l'enveloppe qu'il avait pliée en deux pour la mettre dans sa poche intérieure.

Odile ouvre l'enveloppe et découvre quelques papiers et une petite liasse de billets de 50 euros.

- Eh bien voilà encore cinq cent euros qui tombent du ciel !

- J'te l'avais dit k'le flouze, c'est les bourres qui l'apport'raient, k'y avait qu'à attendre.

- C'est que ce flouze là, mon chéri, il va être dépensé plus vite qu'on ne pense. Il n'a aucune affaire de rechange, Sébastien, même pas un pyjama, rien.

- T'as qu'à l'envoyer chez INNO chercher un slip de bain et une paire de tongs, ça suffira pour les vacances.

- Mais je n'peux pas l'envoyer tout seul ! Tu y vas avec lui ?

Odile revient dans la chambre des enfants.

- Sébastien, Maurice va t'accompagner pour t'acheter quelques affaires. Tu viens ?

- OK, j'arrive. Alain, touche pu à rien, t'attends k'j'revienne !

Maurice et Sébastien partent chez INNO, rue du Départ, à cinq minutes à pied et en reviennent très vite, moins d'une heure plus tard.

- Déjà ? Mais vous avez eu le temps d'acheter quelque chose ? demande Odile.

- Sébastien a été parfait. Si tous les enfants y z'étaient comme lui, ça s'rait l'Amérique, répond Maurice.

C'est effectivement l'Amérique : Odile ouvre le sac INNO et en sort une paire de tongs et un maillot de bain, puis encore un sac plastique à la marque INNO. Elle le vide sur la table et voit tomber, en vrac, une grande quantité de bijoux : des bagues, des chaînes, des médailles, des boucles d'oreilles, des pendentifs... tous en or avec des pierres fines. Au moins 500 g en or et pierres précieuses.

- Maurice, tu as fait ça ?

- Non M'dame Odile, c'est moi, j'les ai empruntés.

- Enfin Sébastien, c'est ça qu'on t'a appris, emprunter ? Tu aurais pu demander...

Maurice l'interrompt.

- Ma puce, c'est s'que j'te disais tout à l'heure. C'est les bourres qu'apportent le flouze, maint'nant. Nous on fait qu'attendre. Sébastien, y vient d'la part des bourres, c'est-y pas vrai ?