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- Alors dites-nous, Monsieur, qu’est-ce qu'il nous reste à faire maintenant ? demande Odile.

- Il conviendrait en premier lieu que vous mettiez tous les deux votre signature en bas de ce papier. C’est un acte provisoire qui vous désigne comme tuteurs de l’enfant, co-tuteurs précisément. Et puis passer prendre le petit Sébastien au plus vite.

- Et où se trouve-t-il ce petit Sébastien ?

- Depuis hier, le Commissaire de Police du 6ème l’a accueilli à son domicile. Vous comprenez bien que c’est une solution très provisoire. Il aimerait beaucoup en être libéré dans la journée.

- Nous pourrions y passer en fin de matinée, ou cette après-midi ?

- Comme ça vous arrange. Il suffit que je l’appelle.

- Disons en début d’après-midi.

- Très bien, vous permettez que j’utilise votre téléphone ?

- Bien sûr, faites.

Le téléphone sonne au moment précis où Odile allait décrocher le combiné pour le passer au substitut. Elle décroche donc et répond.

- Madame Le Menech.

Silence

- Ah oui, bonjour Madame. Justement, mon mari était passé vous voir il y a à peine une heure, mais j’ai dû le rappeler pour qu’il revienne à la maison.

Silence

- Ah, heu… bon, très bien, écoutez, je le lui dirai.

Silence

- C’est ça, au revoir Madame.

Odile raccroche et décroche à nouveau pour passer le combiné au substitut.

- C’était qui, s’tappel, ma chérie ?

- Oh rien, c’était ta fromagère, Madame Pineau. Tu aurais oublié ton fromage.

- Heuh…bon, pas grave, j’y r’passerai tout d'suite.

Le substitut appelle le commissariat, s’entretient un court instant avec le Commissaire et raccroche.

- Voilà, Monsieur le Commissaire de Police vous attendra vers deux heures, cette après-midi.

- Très bien, Monsieur, nous y serons.

- Bon. Eh bien, sur ce, il me reste à vous dire au revoir, et bon courage.

- Vous pouvez compter sur nous, Monsieur, du courage, nous n’en manquons pas, et c’est notre fils Alain qui va être content d’avoir un grand frère.

Les Le Menech et le substitut se serrent la main et Odile le raccompagne jusqu’à la porte.

- Alors dis, ma puce, c’était quoi s’coup d’bigo ?

- C’était Madame Girardin. Elle t’avait aperçu à l’entrée de l’agence pendant que tu déposais le poisson. Elle aurait aimé te voir pour t’annoncer la visite très probable du Procureur.

- Tu vois, ma puce, elle raconte pas d’carabistouille s’te femme là. Mais j’sais toujours pas comment j’vais la visoter, s’te toile de sa téloche.

- Mais mon chéri, c’est tout simple maintenant, puisqu’on y va tous les deux, au commissariat.

- Et j’vois k’t’as commencé d’faire les valoches.

- Ah, celle-ci seulement, sur la table. J’y mettais les liasses de dollars au moment où le procureur a sonné.

- Faudra k’tu la fermes à clef, quand y aura l’gamin.