Coffiots : la fin des casses...
Par BLS le mardi 29 mai 2007, 11 H 11 - Polar - Lien permanent
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Sans faire ni une ni deux, Maurice se précipite près de sa femme, la prend à bras le corps, l'emporte et la laisse tomber sur leur lit.
- T'es un amour ma puce, et c'est ça qu'tu mérites, un gros câlin, tu veux ?
- A cette heure-ci ? Moi je veux bien, mais c'est pas raisonnable.
- Tu sais, à part l'amour, j'me d'mande bien c'qu'est raisonnable, au point qu'on en est.
Tout en se défaisant, Odile ne peut pas s'empêcher de se rejouer la scène du téléphone, en riant si fort qu'elle en réveille Alain. Le petit Le Menech vient pousser la porte des parents, laissée entrouverte.
- Vous ne dormez pas ? Mais qu'est-ce que vous faites ?
- Mais, Alain, c'est toi qui devrait dormir, va vite te recoucher !
- J'ai peur du bruit.
- Mon chéri, c'est pas du bruit, c'est du rire. Papa et moi on aime bien rire tous les deux, répond Odile qui finit de se cacher sous la couette. Dis-moi Alain, t'aimerais avoir un p'tit frère ?
- Ah non, une petite soeur, mais pas un p'tit frère ! Ou alors un grand frère,.pour qu'y m'apprenne à jouer à Kill-or-Miss, pac' que j'perds tout l'temps.
- C'est quoi c'jeu là Alain ?
- Ben Papa, c'est Maman qui m'la offert pour mes quatre ans. C'est quand on tire sur un gardien ou sur un convoyeur, on gagne des kill si il est mort et on gagne des miss si on rate. Et moi j'fais tout l'temps des miss, c'est pas gogolo.
- Mais pourquoi tu dis qu'c'est pas gogolo, si tu gagnes tout l'temps ?
- Oué, mais que des miss. (Alain a de grosses larmes.) Les miss, c'est des jours de prison et j'peux plus jouer. J'suis obligé d'éteindre et d'rallumer et d'recommencer d'puis l'début.
- Ben faudra t'entraîner mon fiston, et maint'nant va t'recoucher, allez, ne pleure plus et file !
Alain referme la porte et s'en va, visiblement déçu. « Il doit faire des cauchemars, à force de faire des miss, j'aurais dû mieux regarder avant de l'acheter, ce jeu là » pense Odile.
- Tu te rends compte, mon chéri, même les fabricants de jouets n'ont plus de morale.
- Oué, c'est n'importe quoi. Au zonzon le joueur qu'a rien fait d'mal, et pour ceux qui r'froidissent, c'est gratos. Ça t'as raison, c'est nouveau, mais fallait bien k'ça sorte un jour, alors autant k'ça soit pour jouer ! C'est bien des amerloques, ces idées là !
- Des chinois tu veux dire.
Sur cette remarque hautement politique, Odile éteint la lumière, mais pas pour s'endormir tout de suite. Pas plus que Maurice, bien qu'il soit déjà minuit bien sonné.
Commentaires
La page que je viens de lire m'a donné envie de télécharger les autres. C'est pas mal, cette idée de faire lire un texte au fur et à mesure qu'il est écrit. Je lis depuis le début, et je reprends le train en marche ! Je ne pourrais pas le faire moi-même (l'angoisse de la page blanche doit être encore plus terrible qu'elle ne l'est généralement) ; cela dit, tu as aussi le droit de reprendre ton souffle si ça arrive. Tu es à fond dans la discipline hemingwayenne : tant de mots par jour, et puis ouf !, je profite du reste de la journée. J'espère que tu n'écris pas le soir.
Antoine,
Tu fais donc partie des lecteurs que je n'avais pas comptabilisés. Tant mieux et merci. C'est vrai qu'il y a eu des jours "page blanche", et d'autres où je sais quelles seront les deux ou trois pages d'après. Au total, c'est un vrai plaisir et je ne regrette pas de m'être lancé dans cette aventure, moi qui n'ai presque jamais lu de polar. Pour les neurones, ça doit bien valoir le sudoku ! Et puis je commence à douter de la fin : Faudra-t-il que l'ordre et la morale triomphent ? Puis-je laisser encore une chance à Maurice, pour une suite ?
Le plus souvent, je m'y mets en milieu de journée pour éditer le billet vers 17 heures, mais je n'ai pas de règle.
Amicalement