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Le p'tit Prince ne sonne qu'une heure plus tard. Sans doute le temps de remettre sa ceinture, ses lacets et la chaîne qu'il porte autour du cou ? C'est Odile qui lui ouvre.

- Le keuf il a dit qu'vous vouliez m'voir.

- Mon mari, oui, lui, je crois qu'il veut te voir. Entre Georges, je l'appelle.

Maurice faisait un brin de sieste. Il entre dans la salle de séjour.

- Ah te v'là, toi. Dir' que j'me dépagnote pour c'te larve qu'est pas foutu d'tirer mou pour un barnum ! Merde ! Et tu crois k'tu vas y couper, aux cinq piges ? Ben faut t'enl'ver ça d'la tête, pac'que c'est pour dix piges que tu vas m'les cirer mes pompes. Et pas k'les pompes ! Ah, tu voulais m'faire gourbi pour l'Grand Garage, ben t'as pas d'cul, t'as trouvé un boss que ça s'ra maint'nant un négrier...

- Maurice, calme-toi, arrête de t'énerver, Georges va reprendre son travail et tout ira bien.

Maurice était sans doute mal réveillé. C'est pas son genre de s'emporter comme ça. Il s'en rend compte et, sans dire un mot de plus, retourne dans sa chambre et se rendort aussitôt.

- Oué, M'dame Odile, reprendre le taf, j'veux bien, mais c'est qu'y m'attendent pour récupérer la tente, chez Go Sport . Y l'ont mise de côté pour moi. Et y a René qu'on d'vait partir tous les deux à Brigneau. Y doit m'attendre, René, mais sans la deuche on pourra pas s'casser. Et même qu'on en avait besoin pour emporter la tente.

- Ecoute Georges, tu vas retourner au garage, et tu attendras les instructions de mon mari. On trouvera bien une solution. Pour l'instant il vaut mieux le laisser dormir. Après toute cette histoire, il est un peu fatigué.

Le portable de Maurice sonne. Il l'avait laissé sur une tablette, contre la fenêtre. Odile le laisse sonner trois ou quatre fois et décroche.

- Allo !

Silence

- Non René, c'est Odile. Quelque chose ne va pas ?

Silence

- Bon René, tu n'as qu'à la garer à sa place. Georges te rejoint dans un quart d'heure.

Silence

- Merci René, à bientôt.

Odile repose le portable.

- Y a d'la veine que pour la canaille, tu vois, Georges ! La 2 CV est rentrée. René t'attend. Vous pourrez aller tous les deux chez Go Sport.

- Ça alors, j'comprends pas. Comment k'vous avez fait ?

- Cherche pas à comprendre, Georges. Nous non plus, on n'a pas tout compris. Allez, file !

- Mais y a encore un truc. Comment j'f'rai pour payer ? Et j'y pense, la Chevrolet, j'ai pas pu m'en occuper.

Odile fouille dans son sac, sort une petite liasse de billets de 50 euros et en donne deux à Georges.

- Tiens, débrouille-toi avec ça. Et pour la Chevrolet, te casse pas la tête, Maurice et moi nous avons une autre solution.

- Mais c'était 399 euros, et 200 euros avec la promotion.

- Il te fera bien une super-promotion.

- Vous croyez k'ça s'passe comme ça !