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- Ça, pour une surprise, c'est une surprise. Vous arriverait-il de commencer à penser à votre avenir, à votre retraite ?

- C'est que, c'est pas pour dire, mais on n'est jamais sûr de c'que l'avenir nous réserve, alors, avec ma femme, on a pensé que...

- Vous avez très bien pensé, Monsieur Le Menech. Mais vous m'aviez dit que vous n'aviez plus de compte en banque. Comment comptez-vous mettre de l'argent sur un compte d'épargne ? Pardon, sur trois comptes, vous m'avez bien dit ?

- C'est en liquide. C'est la vente d'une voiture de ma collection à un client d'mon garage. Un assez belle voiture, j'la r'grette un peu, mais c'est celle là qu'y voulait. Alors, j'me suis laissé faire.

- Vous avez certainement bien fait. C'est vrai que quelquefois on fait les choses à contrecoeur, moi comme vous, vous savez, mais après, on ne le regrette pas.

- J'espère que non.

- Alors, vous souhaitez mettre quelle somme ?

- Qutre vingt dix mille c'est possible ? Trois fois trente mille.

- Donc en euros, ça ferait...

- C'est en euros k'je parle.

- Eh bien, c'était une jolie voiture j'imagine.

- Ancienne surtout, et plutôt rare, surtout en Europe.

Tout en parlant, Madame Girardin a lancé son imprimante. Les contrats sont en train de sortir de sa machine.

- Voilà les exemplaires des contrats. Pour la première page, j'aurai besoin des noms, prénoms et dates de naissance de chaque titulaire de compte. Vous pouvez me dire ça ?

Maurice donne toutes ces informations. La première page s'imprime.

- Voilà, vous pouvez signer votre exemplaire, et celui d'Alain qui est mineur. Pour Madame, il faudra me rapporter son exemplaire signé de sa main.

- Bien. Je vous laisse l'argent ici ?

Maurice indique de la main le bureau, entre eux deux.

- Non, non, on ne manipule plus d'argent en agence depuis la semaine dernière. On le verse directement dans le tiroir coffre, dans le mur.

- Dehors ?

- Non, par ici, nous avons aussi un accès de l'intérieur, encore heureux !

- Mais pour compter ?

- Ne vous faites pas de souci. On met tout dans un sac, comme ça, on le ferme, et ça sera recompté à l'arrivée. J'indique simplement la somme sur l'étiquette, et ça sera vérifié.

- Ah, j'ai pigé.

Maurice verse sa besace dans le sac ad-hoc, et le tout est jeté dans la boîte, dans le mur.

- Eh bien voilà ! Vous voilà client de notre agence ! Vous savez, ça me fait bien plaisir. Au moins, comme ça, je pourrai dire à mon équipe que le poisson, c'est un client qui me l'apporte. Ils se moquaient de moi.

- J'ai l'sentiment k'c'est plutôt d'moi qu'y s'moquaient, à chaque fois que j'déposais l'paquet sur le comptoir, à l'accueil. Enfin, voilà, c'est fait. Ma femme pourra passer cette après-midi ?

- Bien sûr, à l'heure qu'elle voudra.

- Bon, et bien merci Madame Girardin. J'vous dis au r'voir.

- C'est moi qui vous remercie Monsieur Le Menech. A bientôt j'espère.

Maurice s'apprête à entrer dans le sas de sortie.

- Ah, j'allais oublier. Il faut que j'vous dise qu'on va partir en vacances. On r'viendra pour le 15 août. J's'rai donc pas au marché les s'maines qui viennent.

- Eh bien bonnes vacances alors !