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- Tu veux dire que t'y a taxé 99.500 ?

- Tu m'a toujours dit d'arrondir.

- OK., ma puce, tu fais com' tu l'sens. J'ai pas d'leçon à t'donner. Mais j'vois pas comment j'vais les lessiver ces images,. Une caisse, c'est par chèque qu'y faut banquer.

- Tu n'auras qu'à prendre mon chéquier.

- C'est ça, et le pèze, j'y mettrai comment sur ton compte ?

- T'as raison Maurice, je sais pas.

- Attends, ma puce. J'y vais lundi chez la mère Girardin. J'y r'mettrai les biffetons en lui d'mandant d'ouvrir un compte, puis'k'c'est ça qu'elle attend. J'y dirai k'c'est un client qui m'a rach'té la Viper.

- La quoi ?

- Tu sais, la Dodge. Bleu marine.

- Ah oui. Et t'auras qu'à lui demander d'ouvrir des comptes d'assurance vie, un pour chacun de nous trois.

Odile s'interromp, hésite, et reprend :

- Mais dis mon chéri, les billets, ils sont numérotés. T'as pas peur ?

- Attend a puce. D'abord, c'est pas de moi qu'y viennent les biffetons, et en plus, c'est bien le drnier truc qu'elle ferait la banque, de vérifier k'c'est bien son papier à elle qu'on lui rapporte.

- T'as raison Maurice, il n'y a qu'à faire comme ça. Je sens qu'elle va être aux anges, ta copine Girardin.

On sonne. Maurice va ouvrir. Deux policiers en civil sortent leur carte.

- Police ! Bonjour Monsieur. On peut entrer ?

- Faites. Entrez donc au salon.

- Bonjour Madame.

- Bonjour Messieurs. Mais ne restez pas debout, asseyez-vous.

- Oh, on n'en a pas pour longtemps, une simple vérification.

- C'est pourquoi ? Demande Maurice.

- Peut-on savoir ce que vous avez comme voiture ?

- C'est k'jen ai plusieurs, j'en fais collection. C'est un problème ?

- Non, pas le moins du monde. Et vous auriez une 2 CV dans cette collection ?

- Ah oui, et celle-là, j'y tiens, c'est une des toutes premières. Y en a pas d'plus anciennes qui roulent encore.

- Pouvez-vous nous monter les papiers ?

- C'est k'les papiers, j'les laisse toujours dedans, au garage. Si vous avez besoin...

- Vous croyez pas que c'est imprudent ? Il est surveillé, votre garage ?

- Ah, ça oui, qu'il est surveillé. C'est même moi l'proprio. Et j'ai toujours quelqu'un sur place, et même souvent y sont deux rombiers. En plus, toute ma collection elle est au dernier étage qu'est fermé.

- Et on peut savoir les noms de ces personnes.

- Eh ben y en a un c'est Georges, et l'autre y s'appelle René.

- Georges, vous avez dit, et son nom de famille, c'est quoi ?

- Ah, ça, j'me rappelle jamais. Tu sais toi Odile ?

- C'est Georges Ledoux mon chéri.

- Ah oui, Ledoux, c'est ça M'sieur. J'peux savoir pourquoi ?

- C'est que votre Ledoux, c'est pas certain que vous pouvez lui faire confiance. Pour le moment, il est chez nous, en garde à vue.

- Qu'est qu'il a encore fait, c't'animal ?

- Deux vols, rien que ça ! Votre voiture, et du matéiel au magasin Go-Sport.

- Ah non, M'sieur, pas la voiture ! C'est même lui qu'est chargé d'les faire rouler mes bagnoles. En général, y fait ça l'sam'di, quand y pas trop d'clients au garage. Il a dû prend' la deuche aujoud'hui, c'est ça qu'a dû s'passer. Après, qu'est-ce qu'y fait avec ?

- Ça serait peut-être bien que vous le sachiez, Monsieur Le Menech. Heureusement qu'il n'est pas parti loin avec le matériel. C'était deux ans de cabane sinon. Enfin, si je comprends bien, vous ne porterez pas plainte ?

- Ah non, mais j'm'en vais lui apprendre à vivre, à c'mécano d'mes deux.

- Bon, eh bien Monsieur, Madame, c'est tout pour nous. Excusez nous de vous avoir dérangé.

- Y a pas d'mal. J'vous raccompagne.

Sur le pas de la porte, le condé se retourne :

- Ah, encore une chose, pour vous rendre service. Voulez-vous qu'on la fasse rentrer à votre garage la voiture ?

- Faut pas vous donner tout c'mal, mais j'dis pas non.

- Bon, mais ça ne sera que lundi matin, vous comprenez que le dimanche...

- Vous faites pas d'souci, c'est pas un problème. Merci Messieurs.

- Au revoir Monsieur Le Menech.