Coffiots : la fin de casses... est une nouvelle policière écrite au jour le jour. Le synopsis est déjà dans l'ordinateur. Le scénario plus souple, peut encore évoluer. Aussi bien, cher lecteur - et vous l'avez déjà compris -, cette nouvelle peut aussi devenir un peu la votre, selon les remarques ou les apports que vous soumettrez dans vos commentaires. La fin est prévue pour l'été, le 20 juin.

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C'est jour de marché boulevard Edgar Quinet. Maurice le connaît bien, ce marché. Depuis qu'il habite le quartier, il y vient chaque samedi pour aider le fromager. Ça fait plus de cinq ans. Pendant les premiers mois, c'était un gagne pain. Maintenant c'est son argent de poche, ou plutôt une manière de montrer une certaine stabilité. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'il le parcourt ce jeudi, les mains dans les poches. Pour rien. Pour passer le temps.

Il commence à marcher dans l'allée centrale, entre les étals, vers la Tour Montparnasse. C'est la partie basse du marché, celle qui va du métro à la rue du Départ. Peu de monde, aucune rencontre, mais il est vrai que c'est encore tôt. Il revient sur ses pas, retraverse le carrefour pour arpenter l'autre moitié du marché, celle d'en haut qu'il connaît mieux, entre le métro et le boulevard Raspail, en face du cimetière Montparnasse. L'horloge, au milieu du carrefour, indique 9 heures 25. L'idée lui vient de faire la rue de la Gaîté. Il reviendra sur la marché après, quand les ménagères seront plus nombreuses.

Rue de la Gaîté, c'est pas encore l'heure des putes mais les sex-shops sont sur le point d'ouvrir. Les sex-shops, c'est pas pour lui, ni pour Odile, sa jeune épouse. Mais Maurice est curieux de nature. Savoir qui gère ces boutiques, qui y entre, combien les clients dépensent en gadgets, lingeries, cuirs et instruments divers, et les films… Un nouveau business ? Maurice n'y croît qu'à moitié.

Il est 10 heures, il arrive en haut de la rue, au coin de l'avenue du Maine et n'a vu personne dans les boutiques. Le sexe ne se vend pas le matin, c'est clair. Le temps passe et Maurice commence à se faire du souci. Il sait bien que les autres comptent sur lui et il leur doit beaucoup. Il imagine leur tête quand il va leur annoncer que pour les casses, c'est fini. Surtout René. René, dit le singe, qui n'a rien d'autre à faire, aucun bagage, aucune instruction et, à vingt et un ans, cinq ans d'expérience professionnelle seulement, comme auxiliaire de casse de banques, ce métier foutu.

Vierge le singe, même le casier. Ça, un casier vierge, Maurice en avait fait une condition sine qua non pour travailler avec lui. Pas d'ex-taulard, pas de repris, du clean exclusivement. René avait quitté l'école à seize ans et s'était mis apprenti au Grand Garage de la rue Campagne Première, avec Georges.

Georges, lui, aurait pu se démerder dans la vie si la boîte n'avait pas brûlé. Avec son BTS de mécanicien auto, il était prêt à prendre la succession du tôlier qui s'apprêtait à prendre sa retraite. Ce sont les compagnies d'assurances qui l'en ont empêché, ou plutôt dissuadé… et réorienté. Le simple fait d'avoir mis pour la première fois son nez dans les comptes de l'entreprise avait fait naître en lui une autre vocation. Il avait compris que les sommes écrites dans le livre devaient logiquement exister quelque part sous forme de billets de banque.

Passer ses journées en bleu de travail ne lui interdisait pas d'avoir des idées, au petit Prince. Il lui fallait simplement un associé. Quelqu'un qui connaisse le système, qui ait des relations. Modeste, Georges se sentait prêt pour le garage, mais pas pour ce nouveau business. Il avait cherché un mentor. Quoi de plus simple que d'en parler aux clients du garage, et d'abord à Monsieur Maurice, le plus ancien client, le plus fortuné aussi, à en juger par ses voitures.

- Une équipe formée, fidèle, honnête jusqu'au bout des ongles, avec cinq ans d'expérience, je peux pas laisser tomber, se dit Maurice, ça vaut de l'or. Et puis Le singe et le petit prince, c'est comme mes enfants, je leur dois un avenir.