Merci de faire circuler ce billet.

On peut aussi écouter l'entretien de Luc dans l'émission Download de France Inter du 26 mars.

Le distributeur du film de Luc Leclerc du Sablon a du nez, il a compris qu’il fallait sortir Au prochain Printemps, ce jour, ce 28 mars. Ce n’est évidemment pas parce que, comme un fruit ou une robe, le film serait de saison. Ce ne sera pas un film à la mode, non plus, ou alors plutôt comme dans la chanson enfantine, à la mode de chez nous. Luc Leclerc du Sablon dessine un portrait de Français en état d’interrogation : une question orale, pensée à voix nue. http://bande-annonce.tuxboard.com/a...

Le film part en campagne, dans un paysage que personne n’avait jamais filmé ainsi et arrive à nous montrer notre quotidien avec un œil tendre, fragile, complice et précis. On mesure alors - dans le paysage cinématographique français – le miracle de l’existence de ce film inclassable. C’est un film généreux, vraiment, cela parle de vous, de moi, de politique et c’est intelligent, et cela réveille, comme un petit coup de gnole, au coin du bar des amis, dans cette solidarité et cette fraternité qui nous manque souvent. Ce n’est pas racoleur, c’est toujours tenu et exigeant. Vous l’avez compris Au prochain Printemps est à voir de toute urgence, pour vous faire germer les idées, après ce rude hiver Sarkozien, qui dure depuis cinq ans, et après les froidures de la crise qui nous mordent encore les doigts. C’est un film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale, parce qu’il réchauffe et de plus, ce qui ne gâche rien, c’est un vrai remède contre la connerie. Sans prétention, avec beaucoup de poésie, le film parle de nos questions, de nos problèmes, de nos interrogations, et il parle politique, sans phrases – ce qui est un autre petit miracle – avec quelques bons mots, avec de vraies paroles, comme en prise directe avec le réel. On sera heureux de se ranimer à la chaleur humaine qui se dégage de chaque plan. Je le redis, c’est un film drôle, intelligent, et beau. C’est un film qui devrait participé à l’arrivée du Printemps, faire revenir le temps des cerises, et du merle moqueur. Revenir, c’est le mot, Luc Leclerc du Sablon est parti, en terre de France, comme on revient chez ses parents, là où sont nos racines réelles ou supposées, il est retourné voir des copains, des connaissances qu’il avait rencontré pour d’autres films, il est allé simplement prendre de leurs nouvelles. Et toi comment tu vas ? Et qu’est ce que tu deviens ? Et comment on va faire ? Il nous montre la campagne, comme un drôle de patriote, pendant la campagne de 2007. Et avec çà, le film est tout simplement actuel. Je n’avais jamais entendu le mot actualité dans ce sens, Au prochain Printemps ce n’est pas un reportage, il n’y a pas de micro trottoir, c ‘est du documentaire, la France en macro vision. Cela nous soigne de l’actualité des journaux télévisés et de la campagne électorale malade qui ne parle pas de nous, de nos problèmes, de nos difficultés. Le film lui décrit les préoccupations des citoyens que nous étions il y a cinq ans, et par malheur, ce sont les mêmes maux, les mêmes mots qu’aujourd’hui. Le film est politique, non pas parce qu’il parle de politique – Ne vous inquiétez pas les jeunes, ce n’est pas de la politique politicienne – mais parce qu’il est la politique même. Ce n’est pas la politique de l’exercice du pouvoir, mais un dialogue sur le fonctionnement de notre communauté. Et cela grippe. Au prochain Printemps, je l’ai vu cet été à Lussas -le festival du documentaire en Ardèche -, le film portait un autre nom, et pour cette sortie, le distributeur, a été inventif, il a trouvé un nouveau titre. Le film en est encore plus beau. Et je dis cela sans ironie. Comme nous sommes de nouveau en campagne électorale, il y a une belle alchimie, je revois le film autrement, il est différent parce que raisonne dans mes oreilles les discours des candidats de cette année. Le film de Luc Leclerc du Sablon en est encore plus fort, les images deviennent des bombes accélératrices.

Il faut tous, que vous vous jetiez dans les salles pour regarder la France au fond des yeux comme disait jadis un Président qui a raté son destin. Allez-y maintenant avant de voter, parce qu’il sera bientôt trop tard. Si le monde était mal fait, il y aurait une loi qui obligerait chaque électeur à voir le film de Luc Leclerc du Sablon avant qu’il ne vote. Mais comme le monde est très bien fait, vous saisirez la liberté qu’il nous reste d’aller voir ce grand film. Vous comprendrez comment ce recueil de paroles d’hier éclaire la situation d’aujourd’hui.

Un exemple, à la fin du film, il y a une séquence et un plan incroyable - jamais on aura aussi bien entendu les mots, les idées déclamés dans un discours d’un homme politique. Jamais on aura compris aussi clairement l’urgence qu’il y a à faire son devoir de citoyen, pour que Sarkomence pas. Jamais on aura compris aussi bien combien Nicolas Sarkozy a fait du mal à notre pays. Et cela découle d’une mise en scène modeste. Pour obtenir ce résultat, Luc Leclerc du Sablon, ne commente pas, il ne tripatouille pas la bande son, il laisse même une bonne partie du discours original envahir son image. Le décalage, le révélateur du mensonge proféré, des promesses non tenues, provient du cadre, du lieu de tournage, de la vie qui continue à se dérouler pendant que le candidat, bientôt Président, déroule ses formules de rhétorique. C’est une séquence d’anthologie, une leçon de cinéma, à voir absolument.

DOSSIER DE PRESSE : http://www.auprochainprintemps.com/...

BANDE ANNONCE : http://bande-annonce.tuxboard.com/a...

ENTRETIEN FRANCE INTER le 26 mars 2012 : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=319375