Comme un cheval blessé mais resté attelé
Au soc pour labourer un champ couvert de ronces,
Je vais en titubant vers la nuit et m'enfonce
Dans ce mutisme lourd où nul ne veut aller.

Le cheval, lui, s'arrête avant les barbelés,
Se tourne et puis revient mais jamais ne renonce
Pour ne pas ajouter aux douleurs les semonces
D'un maître courroucé prêt à le harceler.

Mais n'ayant point de maître, ni aucune limite
M'indiquant un chemin vers l'endroit où palpite,
Sans doute impatient, le cœur d'un être cher,

Je continue, néant dans l'infinie tristesse,
Chancelant et brisé jusqu'au fond de ma chair,
D'espérer que le vent se lève et me caresse.