Que sont donc ces années, cet âge de l'abîme
Où vous, mon fils, mon frère et mes meilleurs amis
Partez si brusquement sans aucun compromis
Qui accorde à l'adieu même une chance infime ?

Je sais, j'entends monter la prière unanime
Faite par ceux qui restent, eux qui vous ont promis
De rester forts, d'aimer, de n'être pas soumis
A cet accablement que la tristesse anime.

Et pourtant je ressens le besoin de pleurer
En revivant les temps où nous pouvions parler
Et même plaisanter quand nous jouions ensemble.

Donc pourquoi m'en cacher, j'aimerais bien refaire
Ce chemin malaisé, celui qui vous ressemble,
Et de l'abattement lentement me défaire.