Mes amis disparus, malades ou blessés,
Restent tous bien présents dans ma triste mémoire
Du côté où l'on met, comme dans une armoire
Pour les voir en premier, les choses du passé.

De ce passé je veux garder ce qui demeure,
Le revoir lumineux tel du berger l'étoile
Qu'un regard de Rembrandt aurait peint sur la toile
Mêlant dans l'infini les rires et les pleurs.

Je les garde en secret, trésors de tous mes rêves,
Des nuits blanches au moment où le soleil s'élève
Témoin de la valeur d'une longue amitié.

Les traces de vos pas sur la terre des hommes
Sont comme des serments, amis, nul ne les gomme
Et je demande à Dieu d'y veiller, par pitié.