Maire de La Rochelle depuis 1971 et député en 1973, Michel Crépeau avait déjà organisé la collecte sélective des ordures ménagères quand je l'ai rencontré pour la première fois en 1975. Nous aidâmes alors un entrepreneur rochelais à développer des produits en PVC recyclé, dont l'un des succès fut la fabrication de piquets de vigne pour le Cognaquais. Je tentai d'installer à La Rochelle le Centre de Recherches pour la Récupération et le Recyclage des Déchets (C3RD), mais il fit mieux en y créant une Université. En 1976, la ville mettait quatre cent vélos jaunes à la disposition des habitants et des touristes avant d'y ajouter, quelques années plus tard, un parc de voitures électriques en location.
La Rochelle le vieux port Il protégeait le littoral en y interdisant les constructions dès avant la fondation, en 1975, du Conservatoire du Littoral qui s'installa, quelques années plus tard, dans les locaux rénovés de la Corderie Royale, dans la cité voisine de Rochefort-sur-Mer. Il augmenta sensiblement la surface des espaces verts urbains et créa, dans sa ville, le premier secteur piétonnier en France.

Dans ses Regards sur le monde actuel, Paul Valéry écrivait : « Les événements ne sont que l'écume des choses, ce qui m'intéresse, c'est la mer. » Michel Crépeau partageait sans doute ce point de vue mais lui, la mer, c'était sa passion. Il augmenta l'activité maritime en créant le port de plaisance des Minimes et en renforçant les capacités des ports de pêche et de commerce. Mais il développa aussi l'attrait culturel de La Rochelle par de belles initiatives, dont les Francofolies, la plus enviée.

Donc, ne le rencontrant évidemment pas dans Le Capitole, j'avais toujours plaisir à me rendre à La Rochelle, et pas seulement pour la table ombragée de la terrasse d'André, même si les plateaux de fruits de mer y sont toujours parfaits. Le 23 mars 1999, je vis tomber sa frêle carcasse dans l'hémicycle et je me dis que non, comme Zapata, ni lui ni son cheval ne mourront, son esprit vif et éclairé et son profond humanisme resteront gravés dans le cœur des défenseurs de l'environnement, des amoureux de la mer et de la planète Terre.

La planète Terre, cette vieille carcasse faite de mer pour les trois quarts, il la savait – lui aussi – tellement en danger !

(Passage extrait de Carcasses. Cliquez sur l'image dans le bandeau de droite.)