Je vis là, au huitième étage,
J'ai du soleil sur le balcon
Mais de forts sentiments d'orage
Changent ses rayons en flocons.

Sous le ciel de glace j'enrage,
Me heurtant contre les cloisons
Comme un oiseau dans une cage
Dont les barreaux sont de prison.

Aurais-je perdu l'avantage
De savoir qu'en toute saison
Je suis protégé du naufrage ?
Que j'assure ma flottaison ?

Je reste dans mon blanc nuage
Qui abrite mon oraison ;
Oratoire en voie de garage
Mais débouché vers l'horizon ?

Je rêve à sentir le rivage
Où les mots n'ont plus de poison,
Où mon poème se propage
Avec l'amour en floraison.

(Si mes vers se trompent de page,
Les mots passant le Rubicon,
Non, ne pas y lire d'outrage
Mais seulement propos abscons.)

Je vis là, au huitième étage,
J'ai du soleil sur le balcon
Et redécouvre un paysage...
Lui ne me traite pas de con.