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L'ombre de l'aigle noir dissimulait le firmament
Quand sous les bombes, l'amour et Dieu la firent maman.
Les cliniques étaient des épaves,
Les bébés naissaient dans les caves.
Moi, la cave où j' suis né, qu'était même pas stérile,
Je n' sais pas où elle est : quelque part dans la ville.
Et puis les canons se sont tus,
L'aigle ennemi était battu.
Le baby-boom commençait, y compris dans not' famille,
Ce qui fait qu'à l'arrivée on était six mecs et trois filles.
Les parents étaient très heureux
Et nous, les gosses, autant qu'eux.
Pendant que papa bossait, maman faisait les pull-overs,
Nous, on allait à l'école, on passait les vacances au vert,
Et ce furent les années soixante,
Place aux générations montantes.
Tout le monde avait sa voiture et il y avait déjà des bouchons,
Faut dire que les autoroutes étaient à peine en construction
Et c'était toujours bénéfice
D'emprunter les itinéraires bis.
Et c'est comme ça que la famille s'est trouvée privée de maman ;
Elle était partie voir sa mère et revenait tout tranquillement
Quand dans un virage serré
Sa p' tite voiture a chaviré.
On sait que perdre sa mère est dur, y compris pour les plus grands,
Et c'est plus terrible encore pour les tout petits, des enfants.
Ce poème je veux le dédier
À ceux qui sont dans l' merdier
Parce que la mort leur a volé l'appui sur lequel on compte.
Le besoin d'une mère est fort, plus fort que ce qu'on raconte.
L'ombre de leur mère est là, présente dans le firmament,
Dès lors qu'on se souvient d'elle, surtout dans les pires moments.