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T'avais voulu qu'on s'marie après quinze ans d'vie ensemble
Et j'tavais répondu oui, c'était clair du moins y m'semble
Tu m'avais dit qu' t'avais l'cancer et tu m'avais donc demandé
Si j'voulais toujours le faire, si j'étais bien décidé
ça fait déjà huit ans qu'ça dure avec l'hosto et les docteurs
Et la chimio qu'tu endures quand on s'aperçoit qu'les marqueurs
Au lieu d'baisser, non ils remontent et qu'les métastases se répandent
Et leurs douleurs tu les surmontes alors que tu sens bien qu'elles s'étendent
T'as ton travail, tes amis, tes enfants et p'tits enfants
Qui viennent chez nous tous les samedis et c'est pour eux qu' tu t'défends
Et peut-être pour moi aussi parc'que tu m'sais triste et malade
Et depuis qu'mon fils est parti, t'as peur d'la dégringolade
C'que tu n'sais pas, c'que tu n'vois pas, c'est tout c'que j'ai dans la tête
T'magines toujours des faux-pas alors qu' c'est pour nous que j'm'entête

C'est vrai not' vie n'est pas facile, y a des hauts et y a des bas
Tu m'crois souvent indocile, tu penses que j'ignore ton combat
Que j'te méprise, que j'suis méchant, que j'prépare ma vie ailleurs
Que je fais tout en m'détachant, que partirais comme un voleur
Mais plus t'insistes, plus tu m'enfonces, plus tu m'rends triste et incapable
D'imaginer ne s'rait-ce qu'une once de solution juste et valable
Rappelle-toi, déjà huit ans, t'avais dit oui et moi aussi,
On choisissait, mais pour longtemps, autant que Dieu nous prête vie
Et même après, car nous croyons qu'la vie éternelle existe
Que pour entrer dans sa maison, nous devons suivre à deux la piste
De ceux que nous aimions tant, qui nous ont montré le chemin.
Ne regarde que l'important, aie confiance, donne-moi la main
C'que tu n'sais pas, c'que tu n'vois pas, c'est tout c'que j'ai dans la tête
Ne prend pas tout pour un faux-pas alors que j'suis rien... un poète