Me revient en mémoire l’énorme panne du 6 novembre 2006, qui eut pour origine un simple geste, anodin, d’un agent allemand du service de l'électricité, près du Rhin. Le remède fut vite annoncé : investir, augmenter largement le réseau de transport. On avait bien commencé l’Europe avec la CECA, la Communauté Européenne pour le Charbon et l’Acier : succès. On a continué de la faire avec la PAC, la politique agricole commune : succès (pour la France), puis avec la monnaie unique, l’Euro (non, ce ne fut pas l’Ecu, mais succès quand même), puis on a tenté la Constitution : échec ! Qu’avait-on oublié ? La Communauté fiscale ? Vite, Johnny, il est encore temps de se tirer ! La communauté des droits sociaux ? Laissons le temps aux grands de se délocaliser. La Communauté de la communication, de l’audiovisuel, du téléphone ? Petit à petit. Celle des transports ? Touchez pas à mon TGV ! Déjà notre Eurotunnel se noie, notre Airbus a du plomb dans l’aile, la traversée sous le Mont-Blanc n’est pas oubliée, alors, du calme ! Mais la Communauté de l’électricité ? En voilà une idée qu’elle est bonne ! Non, elle n’est pas bonne, mais elle pourrait l’être si… Si c’était une communauté d’échanges de technologies pour que partout la ressource en énergie renouvelable la plus facile à exploiter puisse être effectivement exploitée, même au niveau le plus bas, celui de la maison, de l’immeuble, du village, du quartier, de l’ensemble de bureaux, de l’usine… et si cette ressource n’est pas directement productrice d’électricité comme le solaire photovoltaïque ou l’éolien, alors que l’on fasse de la cogénération… Un exemple : on commence à voir apparaître, même dans Paris, des petites éoliennes sur le toit de certains immeubles, comme les hydroliennes dont je parlais au début de l’exposé. Ces machines à axe vertical et qui ne dépassent pas deux mètres de hauteur, ne créent pas plus de nuisance – pas de rayonnement radioélectrique – que les relais de téléphonie mobile posés aussi sur les immeubles, un peu partout, et l’électricité produite est telle que le coût de l’électricité pour les habitants peut se trouver sensiblement diminué. Si c’était une communauté d’investisseurs privés, comme le sont aujourd’hui nombre de citoyens allemands qui se regroupent pour construire la ferme éolienne qui alimentera leur village…On imagine facilement des groupements d’agriculteurs se constituer pour exploiter des cultures peu consommatrices d’eau et capables de fournir l’énergie pour l’ensemble d’une communauté urbaine... Si c’était une entente interrégionale, qui décide des réseaux de solidarité entre les régions voisines de façon qu’aucune d’entre elles ne vienne à être subitement privée de tout ou partie de son alimentation électrique, par un de ces caprices que la nature, quand elle est sévère, sait réserver aux hommes…Et le nombre des réseaux – et des pylônes – de transport de l’électricité sous très haute tension, au lieu d’augmenter, pourrait sans doute être réduit. Si c’était une Communauté citoyenne, où les consommateurs font attention au tri et à l’élimination de leurs déchets… Si…si… si… Mais l’argent fait les rois et les rois ont besoin de châteaux, pas de cabanes.

Extrait de l'essai "La Terre en danger, le devoir de changer ! (Cliquez ici)

La Terre en danger, le devoir de changer !