La cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue…

La fourmi est une besogneuse et seuls ses lendemains sont sa principale préoccupation. Elle ne peut prendre le temps de chanter ou de rire. Il lui faut amasser, engranger, ensiler… Mais pour demain, pas de repos car il lui faudra encore emmagasiner, empiler, accumuler… Dans sa bulle ne pénètrent ni loisirs, ou si peu, ni festivités. Elle ne s’autorise ni charité, ni compassion. Est-elle heureuse ? Certainement, c’est ainsi qu’elle conçoit son bonheur, dans sa réussite, sa fortune capitalisée. À l’heure de sa mort elle aura la satisfaction d’offrir son magot à sa descendance sans savoir que, si elle avait pris le temps de chanter, la palette des couleurs de sa vie aurait été infiniment plus riche.

La cigale est une insouciante et seul l’instant présent est digne d’intérêt. Elle chante, elle danse, elle rie sans se soucier du lendemain. Ce qui est pris, est pris ! Se dit-elle. Pourquoi prévoir un lendemain hypothétique ! Elle n’a pas de bulle, où elle pourrait étouffer ou dépérir d’ennui, mais elle n’est pas pour autant frivole ou inconséquente. Elle est sensible, bienveillante et sympathique. Est-elle heureuse ? Certainement, c’est ainsi qu’elle conçoit son bonheur, dans son désintérêt du matériel et à l’heure de sa mort, elle ne laissera rien, ou si peu, à sa descendance, mais elle saura, avec certitude, qu’elle aura bien vécu.

Tout est une question de point de vue.

  • Les cigales, de la famille des homoptères, vivaient déjà il y a 265 millions d'années.
  • C'est l'insecte le plus bruyant de la planète.
  • Elles vivent entre quatre et six ans sous terre, puis trois ou quatre semaines à l'air libre en été et ensuite, elles meurent.
  • En Amérique du Nord, la "Tibicina septendecim" reste jusqu'à dix sept ans sous terre, avant de mettre le nez dehors.
  • Le chant est le privilège exclusif du mâle, il craquette. Ce qui en fait une proie facile pour ses prédateurs.