Le Blog d'Atelecrit

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samedi, août 23 2008

LA RENTREE LITTERAIRE 2008

Pour cette rentrée littéraire, d'abord et avant tout l'immanquable Amélie Nothomb de chaque mois de septembre qui, cette année-ci sort en août!

LE FAIT DU PRINCE

LE SUJET: Un homme vole l'identité d'un inconnu. 'Il y a un instant, entre la quinzième et la seizième gorgée de champagne où tout homme est un aristocrate'.

L'EXTRAIT: Quand on est tout petit, on ne parvient pas à garder un secret. C'est une étape de la croissance, comme le fait de devenir propre. Si on y réfléchit, c'est peut-être lié. Dans ces deux domaines,j'ai été tardif. A l'âge de neuf ans,j'ai vécu mon dernier échec dans ce domaine.J'avais bien remarqué mon retard et je voulais prouver que j'avais atteint cette continence. Mes parents me cachaient quelque chose, de peur que je le révèle ...

- page : 99 - éditeur : Albin Michel - date d'édition : 2008 -



INTERVIEW

Le Point : Qui est Baptiste Bordave, le héros du Fait du prince ? Qu'y a-t-il de vous en lui ? A. N. : C'est un imposteur. Suite à un coup du sort ou à un complot, il usurpe une identité et il ne le fait presque pas exprès ; ce qu'il vit est irrésistible et, à sa place, j'aurais fait la même chose. En plus, il usurpe l'identité d'un mort, ce qui est quand même moins grave : un mort n'a plus grand-chose à faire de son identité. Plus sérieusement, je crois que nous sommes tous à des degrés divers, et en particulier les écrivains, des imposteurs. En tout cas, moi, je me sens tout le temps coupable d'imposture et je vis dans la terreur absurde d'être dénoncée. L'absurdité tenant au fait que tout le monde sait que je suis un imposteur, puisque je suis écrivain. Que pourrais-je être d'autre ? Il y a autre chose, peut-être : ce prénom de Baptiste qui s'est imposé. Quand je suis née, mes parents étaient persuadés d'avoir un garçon qu'ils avaient appelé Jean-Baptiste. Pour une fille, ils n'avaient rien prévu. Alors, ils ont pris le premier prénom venu, qui n'était pas Amélie. En fait, ils ont passé leur temps, ma mère surtout, à m'appeler Claude, Colette, n'importe quoi, jusqu'à se centrer sur Amélie. J'aime bien Amélie, c'est mignon, ça fait soubrette, c'est un petit territoire onomastique qui a bien voulu de moi.

Le Point : Dans Le Fait du prince , vous écrivez que "le temps ne doit pas être employé"... A. N. : Parce que je suis contre une conception utilitaire du temps et de la vie en général. Rien ne me choque plus que de voir des écrivains vivre telle ou telle histoire, non dans le but de la vivre, mais dans le but de l'écrire. Bien sûr, il y a une influence inévitable de la vie sur l'écriture, mais le faire exprès, c'est carrément malhonnête, grossier, vulgaire. C'est comme vouloir préméditer une histoire d'amour.

Le Point : Dans Le Fait du prince, votre héros se jette dans des orgies de sommeil et de champagne. S'agit-il de fantasmes personnels ? A. N. : Absolument. Je rêve de dormir et je suis une buveuse de champagne. Mais attention, je ne veux que le meilleur et dans la meilleure compagnie. L'idéal, c'est d'avoir très faim et, même si cela choque les puristes, que le champagne soit très, très froid. On obtient alors un résultat somptueux.

Le Point : Y a-t-il d'autres éléments autobiographiques dans ce livre ? A. N. : Cette pathologie qui, dans l'enfance, m'empêchait de garder un secret et m'a fait devenir, à l'inverse, une championne olympique du secret. Le dégoût des musées dont je sors à peine. La manie d'inventer des notations musicales...

Le Point : La nature est peu présente dans vos livres... A. N. : ... Mais quand elle l'est, elle y prend une place phénoménale. Cela se sent surtout dans mes livres japonais... Rilke a dit cette chose magnifique : "La nature nous donne l'exemple, parce que la nature va toujours au plus difficile." J'y songe beaucoup. Au plus complexe de mes livres, il y a la nature, même si je n'en parle pas expressément. Le film que j'évoque dans Le Fait du prince (NDLR, page 118) existe : au moment de mourir au pôle Nord, une femme a filmé une immensité blanche sans contour. Je l'ai vu au Palais de Tokyo à Paris et il m'a bouleversée. Cette neige, ce blanc... j'ai cette théorie que le papier nous a été enseigné par la neige, que la trace dans la neige est la première écriture. Et puis, il y a la page blanche, l'idée de recommencer une vie...

Le Point : La jaquette de votre livre est une reproduction d'un portrait de vous signé Pierre et Gilles... A. N. : C'est une idée folle et mégalomane que j'ai eue après avoir vu l'exposition du début de l'année au Jeu de Paume. À ces artistes immenses, j'ai eu le front de demander et ils ont consenti. Je dois dire que le résultat me comble : le teint pâle, le sang, l'air de sainte d'un temps nouveau, c'est mieux que moi, mais je me reconnais en elle.

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Quant à la rentrée littéraire voici comment La chronique de Frédéric Beigbeder du magazine LIRE la voit habituellement.....

Primo. La rentrée littéraire est une tradition française absurde, unique au monde, qui consiste à tuer la littérature en publiant en septembre plusieurs centaines de romans dont cinq survivront (estimation optimiste).

Secundo. Cette mascarade est née de l'accumulation de médailles en chocolat distribuées en automne.

Tertio. Elle infantilise les auteurs, encombre les libraires, noie les critiques, déprime les attachées de presse, et c'est Balzac qu'on assassine.

La rentrée littéraire est un cirque utile, voire urgent. Cette avalanche de papier a quelque chose de miraculeux en notre période de disette intellectuelle et de cynisme international. Quel message la France adresse-t-elle au reste du monde en organisant chaque automne cette folie collective? Très simple: éteignez la télé, coupez votre ordinateur, fermez votre iPod et vos consoles de jeux, asseyez-vous et entrez en vous-même, partez en voyage immobile, apprenez à vous connaître, à vous comprendre, peut-être même à vivre. Travaillez moins pour gagner tout.

Et voici le brusque changement d'avis de Frédéric Beigbeder du magazine LIRE à propos de la rentrée littéraire 2008

"A l'abri de ce bouclier solide, je me lance: ce matin, j'adore la rentrée littéraire. Peut-être parce que je n'y suis pas embarqué cette année? Je déborde de gratitude pour toutes ces voix vivantes qui respectent mon cerveau. Pourquoi bouder son plaisir? Des centaines de personnages qui déambulent, des centaines d'arbres, de nuages, de ciels, de tristesses, d'amours déçues, de familles décomposées, de continents perdus, quelle richesse! L'anomalie française doit nous rendre fiers plutôt que grincheux."

Voici ce que Frédéric Beigbeder du magazine LIRE propose comme sélection dans les romans français

-Dans Les pieds dans l'eau (Gallimard, sortie le 25 août), Benoît Duteurtre m'a raconté la vie de son arrière-grand-père René Coty, sur les falaises normandes. En parlant de son enfance (comme Annie Ernaux dans Les années), ce satiriste de l'époque trouve une dimension nouvelle, plus humaine.

-Le roman d'amour de Fabrice Pliskin Le juif et la métisse Flammarion, sorti depuis le 20 août garde le regard précis des précédents sur le monde actuel en y ajoutant une violence charnelle, le lyrisme de la «midlife crisis».

-Avec Où on va, papa?

(Stock, sorti depuis le 20 août)

Jean-Louis Fournier ose l'impossible: faire rire sur un sujet où le rire est interdit (il est le père de deux handicapés mentaux). Tout parent d'enfant - «normal» ou pas - ne pourra qu'être terrassé par un texte aussi douloureusement joyeux. J'ai aussi retrouvé avec jubilation la mélancolie ordinaire de Jean-Paul Dubois Les accommodements raisonnables, L'Olivier, sorti depuis le 21 août,

Le dandysme fantomatique de Jean-Paul Enthoven (Ce que nous avons eu de meilleur, Grasset, sortie le 25 août). Et je ne les ai pas tous reçus: la rumeur dit que Régis Jauffret Lacrimosa Gallimard, sortie le 25 août, a pondu un chef-d'oeuvre de plus, et que Pierre Mérot revient en pleine forme dans Arkansas(Robert Laffont, sortie le 25 août).

Pour les auteurs étrangers je vais jeter un coup d'oeil curieux chez mon libraire habituel pour découvrir:

Le chant du moqueur

William Goyen Gallimard

Le dernier Moghol

William Dalrymple NOIR SUR BLANC

Le cantique de l'apocalypse joyeuse

Arto Paasilinna DENOEL

Comédie de Turin

Michael Krüger SEUIL

Et je terminerai en forme de clin d'œil par une citation d'Oscar Wilde: "Il est absurde de se donner des règles absolues sur ce qu'il faut lire et ce qu'il ne faut pas lire. Plus de la moitié de la culture moderne repose sur ce qu'il ne faut pas lire."

Bonne lecture quand même!!

...................à suivre!

mercredi, juillet 16 2008

CONTE 1 ROOSEVELT'S BLUES

ROOSEVELT'S BLUES

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C’est en août 1921, alors qu’il est en vacances au Canada que la maladie le frappe brutalement après une baignade imprudente. Il est atteint par la poliomyélite et restera partiellement paralysé pour le reste de sa vie. Sa jambe gauche est complètement hors d'usage et il sera obligé de réapprendre à marcher, à se lever, à se déplacer et s'asseoir à l'aide de cannes et de dispositifs orthopédiques, mais aussi grâce à sa femme Eléonore et à sa volonté de survie. C'est aussi grâce à l'effet thérapeutique des eaux de Warm Springs, en Géorgie, et à sa persévérance qu'il échappe de justesse à la paralysie. Pendant de nombreuses années, il devra passer plusieurs mois par année à la station thermale de Warm Springs.

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Mais aujourd’hui, apparemment nous sommes en 1932 et Roosevelt a complètement récupéré physiquement de sa maladie, si ce n'est bien sûr l'usage de ses jambes, et je crois qu’il est prêt à se lancer dans une longue et épuisante campagne électorale. Je l’ai aperçu par la fenêtre de la cuisine. Je suis sur le ponton du petit lac attenant à la maison bleue. J’ai compris que lorsque le soir je quitte cette demeure nouvellement acquise, des personnages, des hommes des femmes s’y donnent rendez-vous et vivent des aventures impénétrables. Ces figures ne sont pourtant pas des inconnus. Aujourd’hui, c’est donc Franklin et Eleanor qui ont pris possession des lieux à mon insu. Il n’est pas question que je réintègre mon habitation avant la fin de la nuit. Cela briserait cette vision inopinée. Je l’ai compris tout de suite. Le merveilleux doit être observée de loin. Je ne fais pas partie de cet événement hors de mon époque.

L’étrange, n’existe pas simplement à l’extérieur. Le fantastique est en nous, et en ce moment, cela grandit dans la lumière rose et jaune de ma maison du Montana. Un film en trois dimensions projeté depuis la « voie lactée » sorte de bande blanchâtre tracée dans le ciel nocturne par le disque galactique, juste au cœur du lac au bord duquel j’observe donc la scène. Je suis devenu spectateur du soir en pleine nature. Appelez ça le Bulbe Galactique de la Mémoire collective. Appelez ça le Choc Magnétique de l’Inconscient. Appelez ça les chimères de la Ville Fantôme. Moi, je le vie en tant qu'homme comme en tant qu'écrivain, et j’éprouve éprouve une attirance pour ces entités humaines "rares", qui disposent inconsciemment de dons occultes et ne se manifestant que dans des circonstances singulières.

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La notion d'espace extratemporel que je perçois au travers de ces manifestations déconcertantes est celle dont les transformations au cours du temps ont eu le plus d'incidence sur ma conception que de la place que j’occupe dans l’univers : acteur ou spectateur. A première vue, ces événements risques de reculer les frontières de l’impossible bien au-delà du vingt-et-unième siècle et amplifier une espace restreint. Il y a dans mon désir instinctif d'aller au-delà des limites courantes une parcelle importante de rêve, et nombreuses seront donc les visions tridimensionnelles qui ont eu à l'origine une part de rêve. Ma nouvelle conception de l'espace ainsi obtenue a non seulement bouleversé l'assurance que mes propres croyances me donnent en tant que témoin privilégié dans des univers parallèles.

Franklin, est à présent sorti sur la terrasse, juste à côté de la porte d’entrée. Il est assis au bord du plancher : Il ne parle ni ne bouge. Il a posé sa capeline grise sur ses épaules. Son chien, Fala, son inséparable compagnon rusé, dynamique, courageux, impétueux et indépendant scottish terrier. L’animal, dévoué à sa famille d’accueil, st assis à quelques mètres du futur président des Etats-Unis et montrae bien là qu’il est réservé, ne donne pas son amour et sa dévotion gratuitement. Il a besoin d’exercices quotidiens. Roosevelt tient à la main une rose rouge soustraite au bouquet qu’il a offert à son épouse Eleanor.

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Les bras de la Voie Lactée sont constitués par d’ondes de densité dans lesquelles des particules sont chahutées comme les voitures emprisonnées dans des embouteillages routiers.

Ces ondes sont favorables à la formation de pensées en amorçant le phénomène de contraction du temps. La rotation des diverses paroles intérieures n'y est pas uniforme dans le temps. A l'emplacement de la maison bleue, le halo visible se trouve à l'extérieur, endroit où mes yeux le découvre et mes oreille interne perçoit nettement la conjugaison de sons, les amas d’inflexions organisées en paroles distinctes mais déjà prononcées par les personnages au cours de leur vie. Il existe donc en ce moment et pour la première fois depuis que j’occupe cette maison, un univers non imaginé mais conduit par un phénomène céleste, reconnaissable entre tous, faits d’images tridimensionnelles, monde exact mais inexplicable où règnent des lambeaux d’histoire. Roosevelt, Eléanor et Fala, des personnages connus mais dont les faits et gestes me sont chronologiquement obscurs. La ressemblance de mes acteurs avec les personnages historiques n’est pas factice. La perception de ce monde ouvert qui s’offre à moi sous ce mystère sans lequel il n’existerait nulle possibilité de monde parallèle. Cette ressemblance regroupe impulsivement des visages dans un ordre à la fois séquentiel et mystérieux.

D’après les pensées saisies depuis quelques minutes, nous sommes le è décembre 1941, un jour frappé d’infamie où les Etats-Unis d’Amérique ont été inopinément et intentionnellement attaqués par la flotte et l’armée de l’air de l’Empire du soleil levant.

Dans la rade de Pearl Harbor, la flotte de guerre des Etats-Unis subit donc l’assaut d’une nuée de bombardiers japonais, acheminés près de là par des porte-avions sans avoir été repérés

J’y crois à cette attaque car, parallèlement à la présence et à la réflexion de Roosevelt, je perçois auditivement et visuellement à cette agression. Les images fortes sont projetées sur le voile blanc accroché dans le ciel d’encre. Je distingue nettement l’île Hawaïenne, une vraie merveille ! Ca a l’air propre et calme en ce dimanche. Un mur d’eau d’une hauteur approchant les dix mètres roule progressivement et cette vague déferle sourdement en se dirigeant vers moi, puis s’estompe soudain.

D’après l’aspect du ciel projeté sur le nuage de lait, il doit être entre 6h00 et 8h00 du matin, une vague de presque deux cents avions survole la base américaine. Ce sont en partie des avions torpilleurs, je crois car ils volent à basse altitude tandis que les bombardiers sont eux rivés à une altitude plus élevée. Je distingue deux soldats américains stationnés sous une espèce de radar situé sur un relief assez pointu. A la vue de cette armada inconnue, pris de panique, ils remontent à l’échelle attenant aux installations de détection aérienne. Puis mon regard se repositionne sur les avions surgissant de toutes les directions et passant si bas que, instinctivement, je rentre la tête dans les épaules et courbe légèrement le dos comme pour les éviter.

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En déplaçant la tête vers la gauche j’aperçois à présent un cuirassé faisant couple avec un autre. Ils sont tous deux à quai. Une torpille, dont je vois distinctement le sillage blanchâtre dans l’eau d’un bleu sombre, fait exploser le navire le plus éloigner du quai et semble l’avoir touché côté bâbord. Un officier, sans doute un commandant, semble s’affairer et donne l’alarme aux autres équipages, croyant sans doute qu’il s’agit d’une explosion accidentelle. Mais d’autres torpilles atteignent le bâtiment et des incendies surgissent d’à peu près tous les côtés du vaisseau qui commence à prendre de la gîte. A tribord, la réaction vient rapidement et les mitrailleuses et canons antiaériens se mettent très vite à riposter. Sur le premier cuirassé, à mon avis les hommes sont piégés, car l’armement du côté bâbord doit être inutilisable. Très vite le navire sombre verticalement sans chavirer en se posant sur le fond de la rade. Son pont, couvert de débris se situe à environ un mètre au- dessus du niveau de l’eau. Mais c’est clair, des incendies dévorent l’intérieur du navire et le feu commence à dévorer l’arrière jusqu’au sommet des mâts.

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Cette vision m’impressionne car je peux suivre en live ce déferlement inattendu de feu et de fumée âcre alors que le président américain est toujours assis, irréel comme extérieur aux événements que je suis en train de suivre sur l’écran du ciel. Je peux discerné dans ce déferlement apocalyptique l’expression de son état d’âme dont les « paroles » dominent le fracas de la bataille passé au second plan de ce ruban sonore. Sa réflexion m’émeut, sa révolte sourde de ce balcon en bois car le communiqué des Japonais à son dernier message concernant l’éventuelle entrée en guerre des nippons stipulait qu’il semblait inutile de poursuivre des négociations en cours et ne contenait aucune menace claire, aucune allusion à la guerre ou à quelconque attaque militaire. C’est vrai que la distance séparant l’île d’Hawaii du Japon étant assez faible, cette offensive avait dû être planifiée depuis longtemps.



« J’ai été trompé délibérément par de fausses déclarations et des messages d’espoir pour une paix affirmée » confie-t-il à Eléonore au bord des larmes et posant très affectueusement les mains sur les épaules de son mari effondré. Les faits qui se sont déroulés dans mon espace d’imagination parlent d’eux-mêmes.

« Ma chère Eléanor, j’ai pu jugé pleinement les implications de cette lâcheté pour la vie et la sécurité de notre nation. Je vais ordonner que toutes les mesurent soient mises en œuvre pour la défense des Etats-Unis.

-L’histoire, Franky, se souviendra éternellement de cette ignoble outrage, lança son épouse révoltée et abasourdie elle aussi.

-Oui, ma douce et qu’importe le temps qu’il sera nécessaire pour surmonter ce raid concerté. Je suis convaincu que notre peuple américain, convaincu de son bon droit, vaincra d’une façon absolue ! Nous ne nous satisferons pas uniquement en nous défendant sans aucun compromis, mais nous ferons en sorte que semblable perfidie ne nous mettent plus jamais en péril. Je demanderai, dès demain matin, que le Congrès puisse déclarer l’état de guerre entre les Etats-Unis et l’Empire du Japon. Les hostilités sont ouvertes car notre peuple, notre territoire et nos intérêts sont en réel danger. »

Cette fois, ce sont les bombardiers disposés en vol horizontal qui vrombissent au- dessus de ma tête, juste au bout de la jetée qui conduit au petit lac, de l’autre côté de la voie de chemin de fer. Ils arrivent de toutes les directions. Je distingue l’activité sur les navires américains. Les hommes qui se trouvent à bord sont réveillés par toutes ces explosions. Et ceci n’est pas un exercice ! Je vous le confirme ! De véritables scènes de panique attestent que cette attaque surprise a bien pris l’armée américaine au dépourvu. Je vois des officiers supérieurs se ruer sur le pont afin d’organiser la défense tant bien que mal. Il y en aura des médailles d’honneur à distribuer après cette foutue guerre ! Sur le USS West Virginia, un cuisinier en tablier blanc maculé de sang et de traces d’explosifs prend à présent le contrôle d’une mitrailleuse anti-aérienne et essaie comme il peut de la faire fonctionner pour tirer sur des avions japonais. Il en touche un alors que le navire est bombardé simultanément. Des avions américains décollent sous cette pluie de bombes pour essayer de repérer la flotte japonaise.

Tout cela est vain et, dans sa solitude partagée avec Eleanor, Franklin Delano Roosevelt fulmine sous le regard impuissant de son épouse. « As-tu pris ton café, Franklin, lance Eleanor ne sachant quoi faire de plus pour apaiser son mari.

-Peu importe le café, nous sommes une nation éprise de paix. C’est ce Churchill qui veux que l’Amérique entre par la petite porte dans cette foutue guerre !

- Winston n’y est pour rien, chéri, c’est un ami de l’Amérique !

- Mon œil, ouais ! Je suis certain qu’il nous a caché délibérément qu’un détachement spécial japonais avait pris la mer et qu’une attaque comme celle-ci serait déclanchée le 7 !

- Comment l’aurait- il su plus que toi, Franklin ?

- La Grande- Bretagne est douée pour le décryptage de messages diplomatiques et militaires. Je suis convaincu que l’existence de ces interceptions que nous, les Américains, avons été incapables de déchiffrer, fournirait une preuve accablante que l’armée britannique avait connaissance de l’attaque imminente sur Hawaï ou sur les Philippines !

- Es-tu bien sûr que ce cher Winston ne t’en ait soufflé mot même informellement !

- Jamais Eleanor, jamais ! L’attaque sur les îles hawaiiennes, le Gouvernement japonais à également lancé une offensive contre la Malaisie occidentale, pourquoi pas Hong Kong, Guam, les philippines, l’île de Wake et Midway tant qu’il y sont !?

- Tout n’est peut-être pas encore perdu, Franklin ! On peut encore éviter la guerre par des pourparlers avec les…….

-Non, Eleanor !... En tant qu’épouse du président des Etats-Unis d’Amérique, tu dois bien comprendre ceci : J’ai fait tout mon possible pendant des mois de discussion au Congrès pour éviter ce désastre en voulant renforcer nos armées de terre et de mer pendant que d’autres prêchaient la sécurité collective et l’isolationnisme. Je me suis débattu comme un lion pour pouvoir rester hors de la mêlée de ce qui arriverait à l’Europe face aux excès d’appétit de conquête d’Hitler. Les faits qui se passent en ce moment sur l’Amérique parlent d’eux- mêmes, je te l’ai déjà dit Eleanor ! J’ai bien saisi les implications de cette catastrophe et l’histoire se souviendra à jamais du caractère ignoble de cette attaque contre nous !

- Il aurait fallu peut-être accordé plus d’attention à ce qui se fomentait du côté de la Mandchourie, cela nous aurait épargné le sang de nos braves soldats ! »

Eleanor ne se contente pas d’être une épouse vivant à l’ombre de son illustre mari, elle ose donner son avis au président et influe réellement sur sa politique. Qu’importe pour l’instant. Roosevelt hausse les épaules et fronce les sursis. Etre épris de paix pour une nation c’est bien plus qu’un état de fait, c’est surtout une manière de penser. Roosevelt n’attendait pas la guerre dans son fauteuil roulant, en pleine campagne du Montana sur le seuil de ma maison, il ne voulait pas de guerre, il n’était pas préparé à cette guerre ! Le tort peut-être, c’était d’avoir poursuivi les livraisons de « ferrailles » aux Japonais pour qu’ils s’en servent contre les Chinois. Une solution comme une autre d’apaiser les idées belliqueuses des nippons et de gagner ainsi un temps nécessaire afin de créer une puissante armée de terre, de mer et de l’air. Toute cessation de livraison de cette « ferraille » aurait eu comme conséquence la méfiance du Japon à l’égard des américains, considérant cette attitude comme hostile en paralysant ses moyens militaires et en étouffant son économie.

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Je m’attendais à une troisième vague de bombardement qui par exemple aurait détruit les dépôts de carburant. Mais il n’en est rien car la défense aérienne américaine a pris le dessus et l’effet de surprise a disparu pour l’armée du Soleil Levant ! De toute façon je vois clairement dans les cieux que la deuxième vague a atteint son objectif : neutraliser la flotte américaine dans une pagaille indescriptible. Suffisamment de décibels et de feux d’artifices ont déferlé ainsi au-dessus de cette terre paisible où j’ai élu domicile dans l’espoir d’y couler des jours dans une sérénité la plus parfaite possible !

Le jour pointe déjà Le couple présidentiel et leur chien se sont dirigés vers la voie ferrée qui longe la maison à quelques dizaines de mettre du seuil de la terrasse. Eleanor pousse la voiturette de son époux sur le petit chemin en pente, mal aisé et graveleux suivi de Fala, remuant la queue, tout content de ce déplacement qui fait, pour lui, figure d’événement ! Attendant un improbable convoi ferroviaire qui n’arrivera sans doute pas, mes invités de la nuit stationnent imperturbablement au bord du quai de plain-pied. Franklin perpendiculairement aux rails, Eleanor, derrière lui tient fermement les poignées de la charrette ambulatoire, les yeux rivés sur la nuque de son mari. Dans la lumière encore violacée de fin de nuit, ils se détachent petit à petit du monde des fantômes.

Pour moi, la circulation d’un train à vapeur est toujours une fête ! Je suis revenu à l’endroit exact qu’occupait Roosevelt sur la terrasse au début de ce conte et je les vois ainsi de dos le long de la voie ferrée. De cette façon, grâce à mon poste élevé par rapport à l’assiette du chemin de fer, je vois nettement plus loin qu’eux. J’aperçois, à ma grande joie, un convoi baigné dans une vapeur fluide et continue, labourant l’air de la tranchée entre deux bosquets parallèles. Un long sifflement déchirant monte de la machine, la cloche d’alarme tinte encore discrètement dans le lointain. L’arrivée de ce train accompagné de son concert de sifflets ne perturbe aucunement mes héros de la nuit. Le martèlement des pistons, les jets stridents de la vapeur leur semblent familier et déjà, la fumée âcre, au passage de la locomotive les entoure dans un halot qui les rend presque invisibles. Lorsque la moitié du convoi les a dépassés, c’est l’arrêt total. Puis un long moment d’immobilité déchiré uniquement par le halètement de la machine. La portière du wagon faisant face à Roosevelt s’ouvre lentement sans qu’aucune main sur les poignées ne soit encore visible. Puis un petit homme en descend.

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J’observe la scène avec émotion et curiosité. Je crois le reconnaître. Celui qui n’a jamais prétendu être un grand président des Etats-Unis, mais qui s’est beaucoup amusé à essayer d’en devenir un, saluait Roosevelt. C’est un fameux joueurs de poker ce petit homme au langage martial et au sourire tranquille. Sa petite moustache et ses lunettes ronde rendent ce sénateur bien sympathique qui, à mon avis, doit en ce moment avouer à son président qu’il déteste les japs et qu’il a une solution, une arme nouvelle ! Mais là l’histoire se bouscule, et je dois me tromper dans les intentions de ce sénateur. C’est trop tôt ! Les événements de cette nuit de voie lactée se déroulent en 1941 ! Mais attendons la fin.

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Les deux hommes ont discuté jusqu’au lever du jour ! Eleanor, déjà dans le compartiment s’est assoupie, la tête contre la vitre du wagon. Il est cinq heures, le ciel s’est complètement dégagé et laisse déjà apparaître une voûte en dégradés de bleu et de rose.

Cette fois-ci, je ne résiste pas, je me suis assis dans le fauteuil à bascule de la terrasse et je m’assoupis ostensiblement, abandonnant la dernière scène de cette aventure étrange et originale. Une secousse me réveille. Le train n’est plus là ! Je suis seul au milieu de cet univers à nouveau rendu à la réalité du jour. Les nuages se sont amoncelés. Le vent du nord-ouest s’est levé et la neige commence à s’amonceler contre le plancher de la terrasse et les jeunes bosquets dispersés dans la plaine. Au-delà de la forêt lointaine, la voie ferrée disparaît dans la couche de neige comme un linceul blanc.

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Au loin, derrière les derniers arbres de la forêt, une gigantesque bulle de gaz incandescent vient de se former en quelques dixièmes de secondes, un long silence étrange précède une forte inspiration d’air déclenche une petite dépression comme si le vent est aspiré par les poumons de la forêt. Un champignon atomique débute son ascension sans aucun bruit suspect. Je constate assez froidement, avec le recul historique, que la première bombe atomique a été lâchée sur Hiroshima, Harry Truman l’a confié à Roosevelt devant le convoi ferroviaire de cette nuit. Voilà donc la solution du futur président des USA afin de raccourcir l'angoisse de la guerre, afin de sauver les vies de milliers et de milliers de jeunes américains. Il compte l'employer jusqu'à ce que l’Amérique ait complètement détruit les moyens de guerre japonais.

Evidemment, il y en eu une autre, sur Nagasaki, comme chacun sait. La décision du président Truman de lancer la bombe atomique sur Hiroshima reste un des choix les plus controversés de l’Histoire. Un point de non retour dans la façon d’envisager les conflits avait germé ! Alors, je rentre à l’intérieur de la maison bleue qui est redevenue mienne avec le jour qui a chassé la grande sorgue et sa voie lactée. Je songe encore à cette nuit étrange et aux événements graves qu’elle a portés dans son sillage perturbé. Le vent redouble de violence. Les flocons de neige, en ce mois de décembre, viennent s’écraser sur les vitres en tourbillonnant comme pour m’interpeller et me tirer de ma rêverie et de mon isolement.

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PHILOSOPHIE DES CONTES BLEUS

J’avais tout juste vingt- quatre ans lorsque je suis arrivé dans cette maison du Montana située le long de la voie ferrée qui relie Anaconda à Dillon distantes l’une de l’autre d’une centaine de kilomètres.

A première vue, cette demeure ressemble à une gare. Forcément, là où elle est sise, on en serait vite arrivé à cette conclusion. Pourtant, il n’en n’est rien. Jamais aucun train ne s’est arrêté pour permettre à quelque passager de monter ou de descendre !

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La première approche de ma nouvelle résidence se fit lors de ce que j’appelle une nuit artificielle. Cela me conduit à penser que, depuis le jour où j’ai franchi le seuil de cette maison, je suis passé d’une époque à une autre. Venant de New York, il m’était permis de penser que je deviendrais le chroniqueur de cet espace réduit en établissant un pont entre ce microcosme et mon imaginaire fécond.

Il fallait que cela s’accomplît et j’avais été choisi par une sorte de muse qui devait venir de la voie lactée. Je devais aller au bout de moi-même et bien plus encore !

J’ai aussi décidé qu’une fois mon installation terminée, je m’attellerais à illustrer tout ce que j’écrirais. Dans cet univers restreint que je ne quitterais plus désormais, il me faudrait une grande imagination pour y créer en aquarelle et en mots toutes les scènes de café, de bureau, de motel, de compartiment de chemin de fer et d’en assurer l’unité ; d’y faire vivre une condensation d’êtres humains venus, eux aussi, de la voie lactée.

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Les mots deviendraient paysages et cette profondeur lumineuse ou obscure constituerait la frontière entre ribambelles de mots et camaïeux de bleus de densité inquiétante.

Ces créatures humaines et noctambules produisent un imaginaire que je prendrai plaisir à alimenter à ma guise avec mes références de cinéma, de théâtre et de peinture.

Pouvoir impliquer une vision sans l’assistance d’une narration, tel est mon désir. Raconter, suggérer une atmosphère, un événement en peu de mots mais avec un maximum d’illustrations.

La nuit est la distance bleutée qui contient des instants d’irrationalité. De la journée, tout sera normal, voire banal, dans ce coin de terre perdu. Durant la nuit non traumatique, les relations entre les choses et les personnages traverseront ma sphère hors du temps, briseront ce sentiment d’isolement ou de solitude.

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Ces gens, ces objets, ces sons, ces couleurs, ces formes m’inciteront à la méditation qui se mêlera à un fond d’âme mélancolique, un peu pessimiste sur ma rencontre avec le flux de la voie lactée. Celle-ci établira un pont entre le lecteur spectateur et mon envie d’établir une mise à distance nécessaire donnant des images saisissantes. Elles reproduiront avec l’eau et quelques pigments bleutés. Ces aquarelles suspendront l’emprise d’une émotion exprimée par une série de mots simples, accumulés en bloc, puis sculptés et enfin lissés pour aboutir à une correspondance parfaite entre l’image et les unités linguistiques agencées en énoncés bien balancés.

PREAMBULE OU GENESE D’UNE SERIE DE CONTES

Blue Case, l’écrin bleu. C’est ainsi que j’ai appelé cette maison. Ma demeure du Montana jusqu’à la fin de mes jours. Le hasard m’a conduit vers cet état,un des moins peuplés et des plus ruraux, le " Pays du Grand Ciel " au cœur de cette faune et flore remarquable, non loin des pics majestueux des RED ROCK LAKES". Selon les légendes indiennes, ces vastes pâturages peuplés de buffles, à l’époque, furent leur terre promise. Le Montana attira d’innombrables prospecteurs d'or et d'argent. Il en a conservé étrangement, telles des empreintes, une centaine de villes fantômes dont ma maison en fait partie. J’y ai installé une boîte optique envahie par la puissance de la lumière lactée éclairant la voix de ma muse. C’est en somme un moyen de convertir en histoire ce que la nuit bleue me laisse entrevoir par la fente étroite de mon imagination. Ici, pas de piscine, pas de courts de tennis, pas de TV... Moi qui recherchais une Amérique authentique, un mode de vie proche de la nature, j’ai frappé à la bonne porte ! Presque rien n'a changé depuis le temps des pionniers, Une fenêtre, une lucarne, une porte entr’ouverte, une fissure dans le mur sont des accès suffisant pour laisser pénétrer différents points de vues éclairés par cette lumière poétique très profonde, appréhendant une énigmatique présence, décentrant tout à coup toutes les valeurs héritées d’une enfance urbaine dans un temps immobile, dans une énergie sublimée, analysée et disséquée à l’infini. Vivre sous les cieux magiques, lever les yeux vers le ciel et s’interroger sur les âmes qui le peuplent, observant le site de la maison bleue à la verticale et qui, bientôt, viendront y jouer. Au-delà de cette route, il doit y avoir pas mal de monde qui discute sur la destinée de cette demeure azurée non loin de Bannack. Tout y paraît fantomatique, si calme alors que cette propriété dont je suis fier baigne dans une constante ébullition, une fermentation spirituelle, hantée par les « grandes âmes » du peuple américain. Des galaxies s’y cognent !

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vendredi, avril 25 2008

L'ELEGANCE DU HERISSON

“Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’idée que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.”

Muriel Barbery est née en 1969. L’élégance du hérisson est son deuxième roman. Le précédent, Une gourmandise, est traduit en douze langues.

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Après son premier roman sorti en 2002, Muriel Barbery prend le temps de nous faire partager sa passion pour le Japon dans un roman très… parisien ! ‘L’Elégance du hérisson’ joue avec les paradoxes grâce à des personnages discrets mais surprenants. Drôles. Profonds. Sensibles. Philosophes. Le hérisson élégant, c’est Madame Michel qui a perdu son chat Léon, hommage à Léon Tolstoï. Concierge de son état, cette quinquagénaire mal léchée, rude et secrète, est passionnée de littérature russe et de cinéma japonais. Durant 27 ans, elle a dissimulé sa culture, pour avoir la paix, jusqu’au jour où le nouveau propriétaire la démasque immédiatement. Bousculant toutes les conventions, Monsieur Ozu - richissime Japonais - l’invite à dîner. Le pendant cynique de Madame Michel, son âme soeur inattendue, c’est Paloma, une petite fille de 12 ans, surdouée et malheureuse, qui voit l’absurdité de la vie, celle de ses proches : sa soeur normalienne, sa mère sous antidépresseurs, son père un peu lâche. C’est dans les mangas qu’elle trouve la vérité. Muriel Barbery se régale à nous décrire la vie de tout cet immeuble bourgeois, elle s’amuse, jubile, joue. Cela fait un peu effet de style, tout est un peu trop caricatural, mais le résultat est là : cela fonctionne bien, c’est intelligent, drôle, cultivé, épique mais pas vraiment original.

  • La revue de presse Mohammed Aïssaoui - Le Figaro du 10 mai 2007

Elle dit également qu'elle écrit de manière désordonnée - alors que dans son livre, c'est justement cette structure de narration alternée et très travaillée que l'on remarque, de même que l'architecture savamment étudiée d'une galerie de personnages animée par trois acteurs forts et psychologiquement bien pensés : la concierge, l'adolescente riche et surdouée qui veut se suicider, et le nouveau locataire japonais, riche également, veuf, et amateur d'art - il y a de belles envolées sur l'art et la culture dans cet ouvrage. Renée, n'est pas ce que l'on peut appeler une héroïne, et elle n'est même pas sympathique - au début tout au moins. Cette concierge de 54 ans, qui officie depuis près de trente années au 7, rue de Grenelle, est une veuve, «rarement aimable», «une haleine de mammouth», «petite, laide, grassouillette», «des oignons aux pieds», qui manie l'ironie avec générosité. Personne n'échappe à ses sarcasmes. En fait, derrière la concierge se cache une férue de philosophie. Les apparences sont trompeuses : c'est l'un des messages simples de ce récit, écrit dans un style vraiment piquant, drôle, léger et érudit. Un roman qui pourrait entrer dans le registre des contes, sans leur côté puéril, avec une dose d'insolence même. Bien sûr, il est difficile d'expliquer les raisons d'un succès qui a été, avant tout, porté par le formidable travail des libraires - Muriel Barbery a d'ailleurs décroché le prix des libraires. Mais on peut dire que c'est un livre bien. De L'Élégance du hérisson, son auteur souligne qu'elle s'est fait plaisir en l'écrivant. Un plaisir largement partagé.

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  • La revue de presse Jacques Nerson - Le Nouvel Observateur du 23 novembre 2006

Dire que Muriel Barbery est douée serait rester en dessous de la vérité. Elle est comme l'orgue, un orchestre à elle seule. Capable de faire entendre les jeux les plus variés, l'érudit, le bouffon, le moqueur, l'ému, le polémique, le truculent... Elle a un humour dévastateur. Plus rare encore, le sens de l'inattendu. On pleure de rire en la lisant. Et ce n'est que son deuxième roman. Si elle est, à 37 ans, capable d'une telle virtuosité, que sera-ce demain ?

  • La revue de presse Anne Berthod - L'Express du 23 novembre 2006

La surprise est jolie et le succès mérité pour cette enseignante en philosophie qui croque de si réjouissante façon les personnages et les situations... Les plaisirs minuscules de l'existence, ces instants parfaits où, parfois, tout bascule, Barbery les saisit avec la nostalgie atemporelle d'un Marcel Proust et la fraîcheur d'un Philippe Delerm. Drôle, intelligent et servi par une langue mélodieuse, ce conte philosophique a quelque chose de japonais : gravement léger, aérien comme un haïku.

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Josiane Balasko a "L'Elégance du hérisson" Tournages - Jeudi 27 Mars 2008

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Josiane Balasko pourrait jouer l'un des trois rôles principaux de "L'Elégance du hérisson", l'adaptation du best-seller homonyme de Muriel Barbery que réalisera Mona Achache.

Best-seller publié en 2006 et dépassant les 900 000 exemplaires vendus, L'Elégance du hérisson de Muriel Barbery fera bientôt l'objet d'une adaptation au cinéma. Josiane Balasko serait d'ores et déjà pressentie pour camper l'un des trois personnages principaux de cette comédie dramatique dont l'action se déroulera dans un immeuble bourgeois de Paris. Sous la direction de Mona Achache, dont ce sera ici le premier long métrage, elle pourrait incarner Renée, la concierge lettrée, les deux autres rôles - M. Ozu, le richissime propriétaire japonais, et Paloma, l'adolescente de 12 ans surdouée mais malheureuse, restant encore à caster. Produit pour 9 millions d'euros par Les Films des Tournelles, L'Elégance du hérisson devrait se tourner en région parisienne à partir du 15 septembre prochain.

Le site de Muriel Barbery http://muriel.barbery.net/

mardi, janvier 1 2008

PAGE D'ACCUEIL DU BLOG D'ATELECRIT

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........ alias ATELECRIT !!

VOUS VENEZ D'OUVRIR UN BLOG qui est le miroir de mon imagination, c'est-à-dire l'art de donner vie à ce qui n'existe pas, de persuader les autres d'accepter un monde qui n'est pas vraiment là. On ne peut poser les pieds sur le sol tant qu'on n'a pas touché le ciel ! .......
....bon voyage au fil de vos lectures!....