L'intrigue est cinématographique, me semble-t-il : tout commence au moment des funérailles de Barbara, et nous en suivons le déroulement, entrecoupé de flash-back qui approfondissent la psychologie des personnages (en particulier celle de la défunte, évidemment). Que dire de Barbara ? Elle apparaît comme plus que complexe (même la narratrice, qui se prétend son double, ne parvient pas à expliquer son suicide), pas forcément sympathique de prime abord et très égoïste (elle laisse par exemple derrière elle un mari éploré et une petite fille) ; ses comportements n'ont aucune logique, à tel point que je me suis demandé si tout cela n'était pas tiré par les cheveux. Et puis, je me suis dis aussi que Barbara, quelque part, nous ressemble à tous, dans la mesure où notre vie psychique est souvent en décalage avec ce que nous montrons à notre entourage ; le cas de Barbara est extrême, peut-être plus symbolique que réaliste, mais nous avons tous du Barbara en nous. Barbara est une musicienne de grand talent, une vraie artiste (c'est-à-dire qu'elle aime organiser les choses de façon harmonieuse) ; elle rêvait de composer un opéra, d'une oeuvre unique à laquelle elle pourrait enfin s'identifier. Et puis il y a le suicide, les funérailles entièrement organisées par Barbara elle-même. Ce texte aurait pu s'intituler "Le tombeau de Barbara", et le vrai malaise ressenti par le lecteur provient de ceci : il nous semble qu'une fois morte, nous comprenons enfin Barbara, comme si elle était parvenue alors, grâce à sa mort, à un véritable accomplissement. Et nous nous posons du coup quelques grandes questions existentielles, qui font avancer chez nous la conscience que l'on peut avoir de nous-même et de la vie. L'auteur a donc réussi son coup, puisqu'il s'agit là sans doute de l'objectif suprême quand on prétend faire de la littérature.

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