Quand Antoine s'emmêle

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BIBLIOGRAPHIE

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dimanche, février 28 2010

Marionnettes

Un professeur de la faculté des Lettres de Toulouse (qui pour de multiples raisons se faisait appeler Gargantua) a été assassiné. L'inspecteur Bilbok, un policier consciencieux mais inefficace est chargé de l'enquête, aidé en cela par les membres de l'atelier d'écriture qu'animait la victime (dont Dorian, le narrateur). Feront aussi leur apparition Marilou (une petite Africaine au caractère difficile), une bibliothécaire désorganisée, des professeurs et des étudiants plus égarés les uns que les autres. Marionnettes, c'est d'abord une enquête policière haute en couleur traitée sous la forme d'un conte loufoque. Hélas, les marionnettes dont il est question ici ne sont pas les jouets que l'on imagine, et cette nouvelle, dont la véritable portée est satirique, fustige les comportements humains à travers l'étude pseudo-sociologique d'un groupe (milieu universitaire) : l'homme se construit en imitant l'Autre tout en voulant prendre sa place et le dominer, ou tout au moins s'en démarquer, ce qui fait naturellement de ce dernier a la fois un mouton et un être agressif envers ses semblables. "A la fin, nous dit l'auteur, Dorian n'a plus grand-chose à quoi se raccrocher : les rapports sociaux sont le plus souvent intéressés et conflictuels, dans le travail et jusque dans l'amitié. Seuls lui restent l'amour de sa petite amie, l'envie de fuir les hommes, la tentation des plaisirs simples comme un voyage en amoureux, et la littérature qui seule, comme il le dit lui-même, peut malgré tout donner un sens à ce que nous sommes".

La vie extraordinaire d'Adam Borvis

Il est écrit, dans l'un des contes de Jorge Luis Borges, que la vie d'un homme peut se résumer à quelques scènes. Cette nouvelle est composée de quatre parties qui feront d'Adam Borvis un fugueur invétéré. "Adam Borvis, nous dit l’auteur, ressent à chaque étape de son existence le besoin de fuir sa vie sociale pour se chercher une identité à travers sa vie intérieure ; j’ai écrit ce texte comme une métaphore de la solitude recherchée, de l'introversion, du psychisme comme moteur de la constitution de soi. Et quand on cherche au plus profond de son être, si l'on fait abstraction des conditionnements culturels de la société, ce que l'on trouve, comme nous le fait comprendre le clochard de la dernière partie, c'est un essentiel hédoniste et une certaine soif d'absolu (qu'elle s'exprime à travers l'art, la pureté de l'enfance, Dieu, ou ce que l'on voudra)".

La sagesse des Fouch

Antoine est ingénieur commercial dans une entreprise pharmaceutique. Jusqu'ici en adéquation avec son temps, il se trouve dans une mauvaise passe. En pleine dépression il fait la connaissance de ses nouveaux voisins, les Fouch qui, dans une démarche à la fois voltairienne (en ce sens où ils opposent une sagesse du bon sens aux idéologies dominantes) et gidienne (en faisant s'exprimer leur "authenticité" sans compromission) essayent d'exister différemment. Tous les personnages de ce livre cohabitent dans la même résidence à Toulouse, dont l'auteur lui-même qui nous dit à propos de ses héros : "Les Fouch tentent de se fabriquer une vie idyllique, à l'écart de la société sur laquelle ils portent un regard à la fois craintif et méprisant ; vie fondée sur la recherche des plaisirs, la cellule familiale, et une forme de dandysme en ce sens où ils se terrent tout en souhaitant montrer leur différence de manière ostentatoire, notamment à travers l'écriture d'un livre que j'ai fini d'ailleurs par écrire moi-même".