Fitzgerald écrivait des nouvelles pour gagner sa vie, et parfois on s'en rend compte quand on le lit : certains de ses textes ne sont pas hyper travaillés, comme par exemple "Têtes à claques". Mais quand même, quel régal par ailleurs (je rappelle que cette histoire a reçu un prix de l'humour) !

Pour comprendre, il faut bien se représenter ce Stuart, le héros : un petit homme frêle, timide, mal à l'aise en société, célibataire bien sûr, effacé, voire inexistant, qui mène une petite vie triste, routinière et sans esclandre. Et puis cet homme, un jour, va au théâtre comme à son habitude (l'après-midi parce qu'il travaille de nuit dans un bar comme caissier), et là, il "pète les plombs" et gifle en pleine tête une dame qui discute avec sa voisine, l'empêchant d'entendre les comédiens.

Stuart passe au tribunal, et après s'être péniblement (très péniblement) expliqué sur son geste, il est relaxé par le juge qui a très bien compris que cette dame était cette "tête à claques" que nous connaissons tous, imbue d'elle-même, bourgeoise, à qui tout est dû, pénible en toute circonstance.

Il y a un côté "super-héros" chez Stuart, nous nous identifions à lui, nous aimerions tous aussi en distribuer quelques-unes de temps en temps, manière de jouer les justiciers.




A la fin de la nouvelle, Stuart giflera une autre personne (il devient une sorte de spécialiste), ce qui en fin de compte le fera encore passer pour un héros.

Ce que j'adore dans cette histoire, c'est le côté hyperbolique de l'intrigue, qui démontre que le loufoque peut tout aussi bien dire la réalité que n'importe quel réalisme social ou psychologique.

A découvrir dans le recueil de nouvelles de Fitzgerald intitulé "Love Boat" en édition de poche.