Un petit roman écrit à la manière d'un feuilleton sur le blog de l'auteur, au rythme d'une page par jour. Eh bien, c'est une jolie réussite ! L'improvisation dans l'urgence a ce côté ludique qui nous permet d'exprimer aussi nos humeurs, le résultat est "tiède encore de notre chaleur, chargé de nos goûts, de nos inclinations du moment", comme dirait Mauriac. Les défauts me paraissent à peu près inexistants : l'intrigue est menée tambour battant sans que l'ensemble perde de sa fluidité, les règles du genre sont respectées tout en privilégiant un comique né de plusieurs éléments (décalage, peut-être, entre l'argo employé et l'époque ultra-contemporaine, les "coups de bol" qui sont le quotidien de ces malfrats, l'immoralité toujours triomphante, hé ! hé !, il ne s'agit pas ici d'un feuilleton américain politiquement correct, tenez-le vous pour dit). J'ai eu l'impression de rentrer en lisant ce livre dans une farce policière bien ficelée et jubilatoire, où il est question de stratégie empruntée au bridge (celle du "mort inversé" ou quelque chose dans le genre) d'un style vestimentaire très "Cécilia en vacances" (roman éminemment actuel, disais-je), de voitures plutôt luxueuses, mais encore (si ! si !) d'amour fou et de loyauté. D'après ce qu'il a pu en raconter, Bruno Leclerc du Sablon s'est beaucoup amusé en écrivant son texte. Maintenant je comprends pourquoi.