L'histoire on ne peut plus actuelle (du moins dans ce qu'elle représente) d'un conflit de générations. Le vieux père, à la fois constant dans sa modestie, sa dignité, et soucieux d'assurer la continuité de son moi à travers ses enfants (en l'occurrence sa fille), mais qui ne peut qu'échouer (ses descendants, trop loin, trop "ailleurs", ne souhaiteront pas bien sûr profiter de cette maison du bonheur qu'il avait rêvée pour eux). Inès, quant à elle, recherche (et parvient à acquérir) une réussite toute matérielle, égoïste et sans doute déshumanisée : elle ne se reconnaît même plus en son père et s'il parvient encore à l'intéresser, ce n'est que pour l'argent qu'elle pourra lui soutirer. D'où leur incompréhension réciproque. D'où l'impression de néant qui soudain habite le vieux. Jusqu'à ce qu'un petit événement moins insignifiant qu'il n' y paraît redonne un sens à sa vie. Toute notre époque (sans en avoir l'air) est présente dans cette nouvelle au style sobre, comme il convient au genre, et à la psychologie de ce personnage plein d'humilité, de bon sens. Un texte court qui nous fait longuement réfléchir. (Prix de la Nouvelle Alexandrie 2007).