Les souffrances animent les cœurs ou les séparent. À chacun sa douleur, sa croix, son parcours semé d’embûches, certes, mais le principe des familles, des liens amicaux, n’est-il pas de resserrer justement ces liens ? Naïve que je suis, je le croyais encore !

La souffrance est bien plus supportable sur une épaule, qu’elle soit familiale, amicale. Mais qui s’en préoccupe, sinon celui qui s’effondre ?

Trois mois d’un bouleversement à petites doses, au quotidien, à regarder, avec l’impuissance animale, dépérir, décliner ma petite chienne. Oui, je sais, pour beaucoup d’entre vous, ce n’est qu’un chien. Pourtant, ma détresse n’est pas « qu’une détresse ». Pour la plupart de mon entourage, ils ont, visiblement, d’autres chats à fouetter. L'une hésite à demander des nouvelles, sait-on jamais, s’il y avait contagions ! Elle ne peut se résoudre à exposer son chien à la contamination de cette maladie qu’est la mort… Une autre, qui, à un âge qui n’a plus rien à voir avec la « ménagère de moins de 50 ans », se découvre des allures d’adolescente. Donc, conséquemment, d’autres soucis autrement plus intéressants ! Et d’autres encore qui…

Elle est là, ma solitude. Entourée, pour le superflu, les papotages sans fond, un service à rendre… mais désespérément seule dans mon désarroi. Après une telle preuve de « non-attachement », comment ne pas me réfugier au plus profond de ma solitude, au refus de toute approche, de toute tentative, de toute sollicitation ? Mes hurlements sont silencieux, mon désespoir est infini.

Elles ont bel air, toutes ces paroles prônant l’attention à l’autre si au cœur nul n’en est capable. L’individualisme, le quant à soi, ces pseudos croyants qui pensent : Dieu pour moi et les autres on s’en fou. Elle est là la vie d’aujourd’hui, chacun dans sa bulle à surtout ignorer ce qui pourrait, éventuellement, dérégler les consciences. « Donne, et tu recevras », foutaise ! car c’est celui qui donne le plus qui reçoit le moins, parce qu’il dérange. Ignorer l’autre, mènera-t-il à la réussite ? au paradis ? Nombreux sont ceux d’entre nous qui en sont convaincu. Une brève analyse sociétale conforte ce raisonnement, je crois qu’ils n’ont pas tort. Ce sont les moins malheureux, les plus aptes au bonheur.

TouneToune avait consacré ses derniers mois à la confection de ses ailes. Cette nuit, je l’ai vue les ajuster sur son petit corps amaigri, et ce matin, 10 juillet 2009, à 9 h 10, ma petite Toune s’est envolée.

NouvellesEt c’est l’insupportabilité de l’irréversible.