J'ai lu ce deuxième volet des tribulations de la famille Le Menech avec un plaisir au moins aussi grand que pour le premier. J'ai envie de dire qu'il s'agit là d'un divertissement efficace et complet : mise en place d'une intrigue qui démarre pratiquement in medias res et qui ne s'essouffle jamais ; évasion (toute une thématique de la Mer et des bateaux) ; légèreté de ton, humour ; suspens habilement soutenu. Au niveau de la narration (et peut-être est-ce là ce qui m'attire le plus), je remarque une particularité plus subtile : ce que Kundera appelle le "franchissement des barrières du vraisemblable", une esthétique du non-sérieux". C'est que ces "Coffiots dans la Ville Close" sont construits sur un enchaînement de retournements de situation à l'imagination débridée ; ici plus de contraintes, mais une liberté totale qui permet tout ; on est du côté du vaudeville, de la comédie, comme une sorte de révolte contre l'esprit de sérieux qui domine le monde. Même esthétique que dans le premier tome, d'ailleurs, qui passerait mal dans certains cas mais qui ici, peut-être parce que nous ne sommes pas loin de la parodie, participe à ce plaisir dont j'essaye de parler. "Si tu ne vas pas aux coffiots, c'est les coffiots qui viennent à toi" : telle est en substance (ou littéralement) la devise de Le Menech (à noter : très en forme avec son Odile dans ce deuxième volet !), tout aussi immorale ici que dans le premier tome, et cela continue de nous plaire de façon jubilatoire. A lire avec délectation.