Ceux Qui Aiment Tuer : Tueurs en Série, Une Tragédie Américaine

Beaucoup de théories ont été échafaudées pour tenter d'expliquer le phénomène des tueurs en série. On a parlé et on parle toujours de démence, d'infirmité de la conscience, voire d'absence absolue de conscience, d'inadaptation sociale, de rejet, de traumatismes sexuels et de maltraitances diverses subis dans l'enfance, etc, etc ... Jusqu'ici, j'avais toujours vu ces motifs ou quelques uns d'entre eux évoqués au pluriel : c'est-à-dire que plusieurs d'entre eux doivent être au rendez-vous pour créer le tueur en série. Théorie qui, si elle n'explique pas tout, paraît quand même assez cohérente.

Vous jugerez donc de mon étonnement, puis de ma stupeur grandissante, au fur et à mesure que Thierry Simon et Daniel Pujol développaient la leur au fil des pages d'un ouvrage que je ne recommanderai à aucun lecteur à moins qu'il ne soit un fervent supporter d'Olivier Besancenot et consorts.

Pour Simon et son compère, une seule explication à ce qu'ils nomment "une tragédie américaine" - à croire que l'Europe n'a jamais eu et n'a toujours pas ses tueurs en série : le capitalisme galopant qui s'incarne dans une course-poursuite à la réussite et qu'aggrave la liberté de se procurer une arme dès que bon vous en chante.

Oh ! bien sûr, nos auteurs ne l'écrivent pas de façon aussi péremptoire - encore que, par moments ... Mais enfin, à l'arrivée, le résultat est le même : d'ailleurs, le livre s'achève sur une citation de Malcolm X, en appelant - déjà - à Allah.

Cependant, pour étayer leur discours outrancièrement anti-américain, Simon et Pujol sont bien obligés de s'attarder un peu sur quelques tueurs en série parmi les plus connus. Ils en ont retenu une dizaine, qu'ils présentent à l'innocent lecteur comme autant d'exemples des méfaits suscités par la société américaine.

Le problème, c'est que, tout tueur en série étant en fait le résultat d'un certain nombre de facteurs plutôt disparates, la démonstration risquait de perdre très vite son caractère politique. D'où l'obligation pour Simon & Pujol de passer en douceur sur certains détails - quand ils ne les passent pas carrément sous silence. Le néophyte ne décèlera pas la manipulation, mais il n'en sera pas de même pour celui qui a déjà lu d'autres ouvrages sur la question.