Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Anniversaires & Littérature

Fil des billets

samedi, septembre 18 2010

1er Mai 1908 : Giovanni Guareschi

Giovanni Guareschi naquit dans le modeste hameau de Fontanelle, rattaché à la commune de Roccabianca, dans la province de Parme, le 1er mai 1908.

Il fit des études de droit qu'il abandonna pour tenter de vivre de ses dessins et de ses textes. Il débuta comme journaliste au journal satirique Bartoldo dont il devint, un peu plus tard, le rédacteur en chef avant de fonder son propre hebdomadaire humoristique : Candido.

Il ne se contente pas de rédiger, il fait aussi des dessins d'humour ou de franches caricatures et certaines éditions de la série des "Don Camillo" ont d'ailleurs été illustrées par lui.

En 1948, sort "Le Petit Monde de Don Camillo", qui met en scène un curé anti-conformiste et un maire communiste qui se connaissent depuis l'enfance et qui, de surcroît, ont tous deux combattu les Allemands au maquis. Tout autour d'eux, un village en principe scindé en deux par les croyances religieuses et qui observe, narquois, les innombrables démêlés de la "Réaction" et des "Rouges."

Ce roman, ou plutôt ce recueil de petites scènes opposant les deux héros, remporte un énorme succès en Italie et le cinéma s'intéresse aussitôt à l'affaire. A partir de là, pour Guareschi, c'est la gloire.

Une gloire qui ne se démentira plus jusqu'à la mort de l'écrivain, qui survient lors d'une attaque cardiaque, en 1968, à Ravenne. ;o)

samedi, août 28 2010

30 Avril 65 : Lucain

30 avril 65, Rome (Empire romain - Actuelle Italie) : suicide de Marcus Annaeus Lucanus, dit Lucain, poète.

Il naquit le 3 novembre 39, à Cordoue, qui faisait alors partie de l'Empire romain, dans une famille d'aristocrates (= equites) qui cultivaient l'art de la guerre mais aussi celui de la politique et des belles-lettres puisque le grand-père de l'enfant n'était autre que Sénèque l'Ancien (dit aussi "le Rhéteur"), le célèbre orateur et son oncle, Sénègue le Jeune, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge, écrivain, homme d'Etat, qui fut aussi le précepteur de Néron.

Rapatrié très jeune dans la Ville éternelle, Lucain y reçut une excellente éducation. Il fut entre autres l'élève du rhéteur Lucius Annaeus Cornutus et put poursuivre et compléter ses études en se rendant à Athènes.

Revenu à Rome et soutenu par son oncle, il devint très vite l'un des favoris de Néron. En 59, il obtient la questure et l'augura et, l'année suivante, reçoit, des mains mêmes de l'Auguste, la palme des Jeux néroniens.

En 62, il s'illustre dans l'épopée en publiant une partie du célèbre "De Bellum Civile / La Guerre Civile", que nous connaissons mieux sous le titre de "Pharsale."

Extrêmement populaire et célébré dans les milieux littéraires, Lucain finit par s'attirer la jalousie de l'Empereur qui lui fait interdire de lire ses oeuvres en public. En 65, le jeune homme se révolte et s'implique dans la conjuration initiée par Pison (selon certains historiens, son intervention dans l'histoire demeure incertaine). Toujours est-il que le complot, qui vise à faire abattre l'Empereur par sa garde prétorienne, échoue et que Néron donne l'ordre à Pison mais aussi à Sénèque, à Lucain et à quelques autres - dont Pétrone - de se donner la mort.

On dit que, en un premier temps, pour échapper à son destin, Lucain s'abaissa jusqu'à dénoncer des complices réels ou supposés et, parmi eux, sa propre mère. Mais rien n'a été prouvé.

Et, le 30 avril 65, c'est avec courage qu'il se fit apprêter un bain et, selon l'antique tradition, s'y fit ouvrir les veines par son propre médecin, à la fois pour complaire à l'Empereur autant que pour échapper à sa cruauté. Il n'avait pas eu le temps de compléter son "De Bellum Civile." Il n'avait pas encore vingt-six ans.

La critique moderne l'a gratifié du surnom d'"André Chénier de la langue latine", tant sont variés les genres littéraires dans lesquels il s'illustra. Hélas ! la majorité de ses textes est perdue - notamment ses lettres et ses discours. Ne subsistent que quelques titres ou bribes de son "Eloge de Néron", de ses improvisations mêlées ("Silves"), de ses "Saturnales", de sa tragédie "Médée", de son poème sur la ville d'Ilion (Troie) et sur celui qu'il consacra à Orphée et enfin de sa descente aux enfers rédigée en grec : "Καταχθώνιον."

Son "De Bellum Civile", lui, a survécu, bien qu'inachevé. On ne possède que les dix premiers chants. Il en manque deux qui devaient conter soit le suicide de Caton d'Utique après la défaite de Metellus Scipio à Thapsus devant les armées de César, soit l'assassinat de ce dernier en mars 44 avant J.C. ;o)

dimanche, août 22 2010

29 Avril 1780 : Charles Nodier

29 avril 1780, Besançon : naissance de Charles Nodier, nouvelliste, dramaturge et romancier.

C'est en 1791 que le jeune Charles prononça son premier discours, un discours patriotique, bien dans le goût de l'époque.

Plus tard, lorsque Nodier aura constitué son célèbre cercle littéraire du Cénacle, Alexandre Dumas évoquera la facilité et le talent avec lesquels son ami lisait des extraits de ses textes.

Dès son enfance, Nodier marque son indifférence pour les sciences ainsi que la véritable passion qu'il voue aux mots et à la littérature.

Son premier roman, "Stella", paraît sous l'Empire mais pour Napoléon, Nodier est et restera l'auteur de "La Napoléone", pamphlet anti-bonapartiste qui fut évidemment interdit et valut des ennuis à son auteur.

L'oeuvre de Nodier est très éclectique. Elle va du roman classique à la nouvelle fantastique - donnant surtout sur le merveilleux et non sur l'épouvante - en passant par la biographie ou l'essai.

Son style mêle une simplicité qui, selon Dumas encore, fait penser à l'eau pure d'un ruisseau aux panaches du Romantisme, école littéraire que Nodier contribua grandement à populariser, accueillant au Cénacle tous les grands du temps.

De nos jours, c'est surtout dans les anthologies fantastiques qu'on rencontre son oeuvre et, toutes proportions gardées, on peut le comparer en cette matière à l'Allemand Hoffmann.

Charles Nodier est mort le 27 janvier 1844 et repose au Père-Lachaise. ;o)

samedi, août 21 2010

28 Avril 1926 : Harper Lee

28 avril 1926, Monroeville - Alabama (USA) : naissance de Nelle Harper Lee, dite Harper Lee, romancière.

La petite Nelle se révèle un vrai garçon manqué. Mais c'est aussi une lectrice précoce qui a la chance de compter parmis ses camarades de classe et voisins le jeune Truman Capote, avec lequel elle se lie d'amitié.

En 1944, la Monroe County High School décerne à la jeune fille son diplôme de fin d'études. Forte de ce succès, elle s'inscrit pour un an au Hutingdon College de Montgomery avant de faire son Droit à l'Université de Montgomery. Elle écrit pour plusieurs publications estudiantines et occupe pendant un an le poste de rédactrice en chef du magazine humoristique de son campus, "Rammer Jammer."

Bien qu'elle n'aît pas obtenu sa licence, elle passe un été à Oxford, en Grande-Bretagne, puis s'installe à New-York en 1950. Elle y déniche un emploi de bureau à la Eastern Air Lines, emploi qu'elle abandonne au bout de huit ans pour se consacrer à l'écriture. Elle mène une vie très simple, voire austère, oscillant entre son petit appartement dépourvu d'eau chaude et la résidence familiale de l'Alabama où réside toujours son père.

C'est en 1959 qu'elle apporte à son agent le manuscrit qu'il lui avait demandé de retravailler, une petite nouvelle qui a désormais la taille d'un roman. Il s'agit de "To kill the mockingbird / Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur" qui sort l'année suivante et remporte le Prix Pulitzer.

Apparemment, beaucoup de détails de ce best-seller sont autobiographiques. Comme l'auteur, l'héroïne (surnommée Scout) est la fille de l'attorney d'une respectable petite ville de l'Alabama. Dill, l'ami de Scout, est un double de Truman Capote - et inversement, Harper Lee est le modèle d'un personnage qui apparaît dans le roman de Capote, "Other Voices, Other Rooms."

Après avoir achevé la rédaction de "Ne tirez pas ...", Lee avait accompagné Capote à Holcomb, au Kansas, pour l'aider dans ses recherches sur ce qu'il estimait à l'époque ne devoir lui fournir qu'un article consacré au massacre complètement gratuit d'une famille de fermiers par deux jeunes marginaux. Mais au final, cela donnera "In Cold Blood / De Sang Froid", le meilleur opus de son auteur - et aussi son chant du cygne.

Depuis le succès de "Ne tirez pas ...", Harper Lee n'a accordé que très, très peu d'interviews. Ses apparitions publiques ont toujours été très rares et, à l'exception de quelques essais assez courts, elle n'a plus rien publié. Elle a pourtant travaillé à un second roman, "The Long Goodbye", qu'elle a laissé inachevé. Au milieu des années quatre-vingt, elle a entamé un ouvrage sur un serial killer de l'Alabama mais, là aussi, elle a abandonné son manuscrit sans le terminer.

Désormais âgée de quatre-vingt-quatre ans, Harper Lee partage son temps entre son éternel appartement à New-York et la maison de sa soeur, en Alabama.

Son unique roman publié, qui évoque le cas d'un Noir faussement accusé du viol d'une Blanche dans le Sud des Etats-Unis, et que défend jusqu'au bout le père de l'héroïne, est couramment étudié dans les collèges et les lycées des Etats-Unis. On notera que, dans notre langue, il présente la particularité d'avoir été édité sous trois titres différents : "Quand meurt le rossignol", en 1961, "Alouette je te plumerai" en 1989 et enfin "Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur" en 2005.

Harper Lee sur Nota Bene. ;o)

mercredi, août 11 2010

27 Avril 1929 : Gilbert Sorrentino

27 avril 1929, Brooklyn - New-York (USA) : naissance de Gilbert Sorrentino, poète, nouvelliste & essayiste.

Né d'un père sicilien et d'une mère irlandaise, cet ami d'enfance de Hubert Selby Jr fonde, en 1956, avec Selby et d'autres condisciples du Brooklyn College, la revue littéraire "Neon" qu'il dirige pendant quatre ans avant de passer à la tête de "Kulchur" en 1961.

En 1963, il conseille Selby pour la rédaction finale du manuscrit de "Last Exit to Brooklyn". De 1965 à 1970, il travaille à Grove Press, notamment sur l'autobiographie de Malcolm X. Dans les années 80, il enseigne l'anglais à la Stanford University où il a pour élèves Jeffrey Eugenides et Nicole Krauss.__

Il meurt à New-York, le 18 mai 2006.

Peu connu en France, Gilbert Sorrentino est l'auteur d'une trentaine d'oeuvres de fiction et de poésie et, dans son pays natal, constitue l'une des grosses pointures du post-modernisme même si, ainsi qu'il le faisait remarquer avec malice, le terme ne veut pas dire grand chose. Sa recherche stylistique se rapproche beaucoup de celles de l'Oulipo : lui-même se réclamait volontiers d'Italo Calvino] et de Laurence Sterne. De même, on retrouve chez lui l'influence de deux Irlandais majeurs : James Joyce et Flann O'Brien__.

Son premier roman, "The Sky Changes", sortit en 1966. Mais son chef-d'oeuvre, c'est "Salmigondis" ("Mulligan Stew"), où un romancier d'avant-garde, Anthony Lamont, entreprend l'écriture d'un roman dont, peu à peu, certains personnages vont acquérir une autonomie qui, au bout du compte, mettra en péril l'équilibre mental de leur créateur.

Sorrentino a été peu traduit - et c'est dommage. On trouvera cependant, outre la traduction de "Mulligan Stew", celle de quelques recueils de nouvelles comme "La Lune dans son Envol" par exemple.

A découvrir, sans aucun doute. Un homme qui appréciait Flann O'Brien a forcément un bon fond. ;o)

jeudi, août 5 2010

26 Avril 1912 : A. E. Van Vogt

26 avril 1912, Winnipeg (Manitoba) : naissance de Alfred Elton Van Vogt, dit A.E. Van Vogt, romancier & nouvelliste.

Si l'on s'en tient à l'aspect purement littéraire d'une oeuvre, Van Vogt ne devrait pas avoir sa place sur notre calendrier. Mais par l'imagination qu'il a déployée dans ses romans, par l'impact majeur qu'il eut sur nombre de grands auteurs de la SF, notamment Philip K. Dick, il est clair qu'il fut, malgré tout, un romancier.

D'origine néerlandaise, il vécut une enfance un peu solitaire car son absence de racines anglaises le mettait en porte-à-faux par rapport aux enfants de son âge.

Il se réfugia donc dans la lecture et, à 12 ans, il aimait toujours autant les contes de fées, ce qui inquiétait et révoltait son institutrice.

Deux ans plus tard cependant, il tombait sur un numéro d'"Amazing Stories" et se tournait définitivement vers les romans d'aventures, sur notre planète ou dans l'espace.

Sa première nouvelle, il la plaça, en 1940, dans la revue "Astounding Stories". Mais ce n'est qu'après la fin du conflit qu'il publie le livre qui le rendra célèbre : "Le Monde des A."

Le héros de ce roman se rend compte qu'on lui a volé son identité mais il ignore qui, comment et pourquoi. Il se met donc en quête et, au cours de celle-ci, il meurt. Pour se réincarner immédiatement et reprendre sa quête ...

Bien que très apprécié dans l'ensemble, "Le Monde des A" rencontra quelque critiques majeures, dont celle de Damon Knight, qui fut peut-être le premier à souligner le côté "chaotique" des romans de Van Vogt et leur style trop sec et bien peu littéraire.

Ce qui n'empêcha pas l'écrivain de continuer à produire, tant des nouvelles que des romans.

Les amateurs possèdent sans doute chez eux "Les Joueurs du A", "A la Poursuite des Slans" ou encore "La Faune de l'Espace", dont Van Vogt assurait que ce dernier livre - un recueil de quatre nouvelles, en fait - avait influencé les scénaristes du cultissime "Alien - Le Huitième Passager."

Auteur atypique, au style désespérément plat et parfois ennuyeux, Van Vogt n'en reste pas moins un créateur-né, à l'univers aussi riche que nombre d'auteurs de la SF mais qui a peut-être le tort d'y inclure trop de réflexions philosophiques qu'il ne sait pas présenter de manière attrayante pour le profane ou le littéraire-type.

A. E. Van Vogt, qui s'était établi aux Etats-Unis, est décédé le 26 janvier 2000, à Los Angeles. Sur la fin de sa vie, il avait été atteint par la maladie d'Alzheimer.

mardi, août 3 2010

25 Avril 1566 : Louise Labé

25 avril 1566, Parcieux-en-Dombes (Ain) : décès de Louise Labé, dite parfois "La Belle Cordière", poète.

Elle avait pour père Pierre Charly qui, en épousant en premières noces la veuve du cordier Jacques Humbert, dit Jacques Labé, s'installa définitivement dans la profession où, jusque là, il n'avait été qu'apprenti. Mais Louise ne devait naître que du second mariage de son père et, à cette époque, Pierre Charly avait lui-même récupéré le surnom de son prédécesseur. Ce qui explique comment la jeune Louise se retrouva avec, en fait, le nom du premier mari de la première femme de son père.

On ignore le mois exact de la naissance de Louise mais on sait qu'elle naquit en 1524, à Lyon. Compte tenu de ses poèmes, il est certain qu'elle reçut une excellente éducation, bien supérieure à celle alors donnée aux filles. Pourtant, elle se maria dans sa caste, épousant le cordier Périn, par ailleurs propriétaire de nombreux immeubles à Lyon.

Les deux époux semblent s'être bien entendus. Périn laissa sa femme disposer de son argent pour acheter entre autres des livres, objets à l'époque très rares et d'autant plus précieux. Louise possédait, on le sait, des ouvrages grecs, latins, italiens, espagnols et français. On la voyait souvent dans ses jardins de la place Bellecour, où elle pratiquait l'équitation en montant comme un homme.

Parmi ses amis, elle comptait Maurice Scève et sa jeune maîtresse, Pernette du Guillet. Scève étant considéré comme le chef de file de ce que l'on nomme encore l'"Ecole lyonnaise", Louise Labé y fut entraînée. Elle composa seule mais aussi avec Olivier de Magny, ami de du Bellay et disciple de Ronsard, ainsi qu'avec le poète humaniste et mathématicien Jacques Peletier du Mans.

Certains ont imaginé une liaison entre la Belle Cordière et Magny mais rien ne fut jamais prouvé. Comme nombre de femmes éduquées de cette époque, Louise Labé fut dénigrée, probablement de manière injuste.

En ces temps-là, tout le monde écrit des poèmes. Du Bellay, avec sa "Défense et illustration de la langue française", en 1549, pose les bases théoriques du genre et Ronsard, Magny et Pontus de Tyard, pour ne citer qu'eux, s'engouffrent à sa suite et à celle de Pétrarque. Louise Labé, elle, subit l'influence très nette non d'Horace ou de Catulle mais d'Ovide, ses "Elégies" en sont la preuve.

Elle s'intéresse à Erasme et à son "Eloge de la Folie" et prend violemment position contre la façon dont Jean de Meung a achevé le travail de Guillaume de Lorris, c'est-à-dire en faisant suivre un récit mythique et hautement symbolique de descriptions très matérialistes et beaucoup trop misogynes. En vain : "Le Roman de la Rose" poursuivra son parcours triomphal.

Des oeuvres conservées de Louise Labé, on lira le "Débat de Folie & d'Amour", ses "Trois Elégies" et enfin vingt-quatre "Sonnets", tous exprimant à titre divers les tourments de la passion vus par l'oeil des femmes.

Mais Louise Labé est aussi l'une des toutes premières féministes de notre littérature. Elle plaide pour l'éducation des filles ainsi que pour une plus grande liberté. Elle insiste bien sur leur droit à la culture, au même titre que les hommes.

Labé possédait un sens profond de la prosodie et du rythme et cependant, ses vers paraissent d'une simplicité presque enfantine, dépouillés de nombreux tics qui subsistent dans ceux de ses homologues masculins de la Pléiade.

Pour vous faire une idée exacte de son grand talent, voyez ici, sur le site de Lauranne.

Il semble que Louise Labé ait cessé d'écrire en 1556. Elle se retira alors à la campagne où elle mourut, le 25 avril 1566, laissant un testament qui dotait nombre de jeunes filles et leur permettait ainsi d'accéder à un éducation certaine. ;o)

lundi, août 2 2010

23 Avril 1815 : Anthony Trollope

Anthony Trollope naquit le 24 avril 1815, à Londres.

Son père, Thomas Trollope, était un "barrister" (= avocat plaidant) dont le caractère difficile avait freiné la réussite. Il avait cependant des liens avec l'aristocratie des propriétaires terriens et voulait, pour ses fils, Oxford ou Cambridge. Mais hélas ! il n'était pas très doué pour faire de l'argent - et pas même pour le conserver car il en perdit pas mal dans une entreprise agricole. Cette semi-pauvreté sera, pour son fils Anthony, une source aiguë de souffrance.

Le futur romancier fut externe à Harrow School avant d'entrer, à l'âge de dix ans, au Winchester College. Trois ans après, il revint à Harrow mais, que ce fût dans l'un ou l'autre établissement, l'enfant ne fut guère heureux. Il n'avait pas d'amis et aucune de ces relations qui sont indispensables dans le milieu des "public schools" anglaises. On le brutalisait souvent et, à douze ans, il pensait au suicide. Heureusement pour lui, sa facilité à se créer des mondes imaginaires lui permit de survivre.

A partir de 1831, c'est Frances Trollope, la mère d'Anthony, qui fit bouillir la marmite en se faisant un nom dans le milieu littéraire. En parallèle, son père dut s'enfuir en Belgique pour éviter la prison pour dettes. La famille l'y suivit.

A Bruges, Anthony travailla comme professeur assistant dans une école. Mais sa mère lui ayant obtenu un emploi de fonctionnaire au Bureau des Postes britanniques, il regagna Londres. Là, il fit le tour de diverses pensions de familles, restant à l'écart de toute vie sociale et vivotant plus qu'il ne vivait jusqu'en 1841, date à laquelle il fut nommé en Irlande.

Trollope aimera l'Irlande et les Irlandais. Il osera même écrire que les classes populaires irlandaises lui paraissaient bien plus intelligentes que celles d'Angleterre. C'est dans ce pays qu'il se maria - à une Anglaise - et c'est aussi là qu'il commença à écrire, plaçant naturellement ses intrigues sur place, ce qui déplut fort aux critiques littéraires britanniques pour qui les Irlandais étaient ni plus ni moins des sous-hommes.

Au milieu des années 1860, Trollope avait atteint un certain niveau dans la hiérarchie des Postes. On notera au passage que ce fut lui qui introduisit en Grande-Bretagne l'usage des boîtes-aux-lettres rouges (les "pillar-boxes") qui sont devenues si familières à tous.

En 1867, il quitta le Bureau des Postes et tenta de se présenter au Parlement. Mais ce fut un échec et il revint à l'écriture.

Son premier grand succès est sans conteste "The Warden" ("Le Directeur") qui, en 1855, étrenne la série des "Chroniques du Barsetshire", comté fictif qui inspira George Elliott pour "Middlemarch." Avec "Les Tours de Barchester" et "Le Docteur Thorne", cette série traite surtout des moeurs et coutumes du clergé anglican.

Autre série majeure de l'écrivain : "Les Chroniques de Palliser" ("Peut-on lui pardonner ? - Phineas Finn - Les diamants Eustace - Les Antichambres de Westminster - Le Premier ministre - Les Enfants du Duc") qui, elles , se consacrent au monde politique.

A l'actif de Trollope, on compte près d'une cinquantaine de romans, des douzaines de nouvelles et quelques livres de voyages. Comme Flaubert ou Zola, il se contraignait à un plan très strict et à un certain nombre de feuillets par jour. Chose étrange, alors qu'on admire la chose chez les auteurs français, on a toujours eu tendance à railler Trollope pour sa régularité.

Trollope mourut le 6 décembre 1882 et fut inhumé au Kensal Green Cimetery, près de son contemporain et ami, Wilkie Collins.

Après sa mort, sa renommée décrut considérablement mais, en 1940, on assista à un regain d'intérêt envers son oeuvre. Périodiquement depuis lors, à peu près tous les vingt ans, Trollope redevient à la mode.

Du XIXème siècle, il a le style détaillé et touffu avec ces appels au lecteur qui sont typiques de l'époque. Ses portraits sont toujours très complets et il n'a pas hésité à s'attaquer aux problèmes sociaux contemporains. Le handicap de Trollope est peut-être d'avoir été le contemporain d'un Dickens et d'un Thackeray, tous deux plus brillants et moins lourds. Ses romans n'en sont pas moins à lire car, au même titre que les vastes fresques de l'un et de l'autre, ils portent témoignage sur toute une culture disparue. ;o)

jeudi, juillet 29 2010

23 Avril 1895 : Ngaio Marsh

23 avril 1895, Christchurch (Nouvelle-Zélande) : naissance d'Edith Ngaio Marsh, dite Ngaïo Marsh, romancière.

La future romancière doit à son oncle son second prénom, qu'elle adoptera comme nom de plume et qu'il faut prononcer "nayou". En langue maorie, il signifie "Reflets lumineux dans l'eau." ;o)

Son père était employé dans une banque et, du côté maternel, elle appartenait à une famille qui compta parmi les premiers colons du pays. A l'âge de quinze ans, elle intègre le collège St-Margaret, à Christchurch puis, à compter de 1915, la Canterbury University College School of Arts où elle passera cinq ans.

La Grande guerre lui a enlevé son ami d'enfance et fiancé et, même dans son milieu social, beaucoup de choses ont changé. Ngiao prend donc des cours de diction et d'art théâtral et entame une double carrière de comédienne et de peintre. Elle visite l'Angleterre et ouvre à Knightsbridge, à Londres, en partenariat avec Mrs Thau Rhodes, un atelier de décoration d'intérieur qui connaît très vite un succès appréciable. Mais la santé fragile de sa mère la rappelle en Nouvelle-Zélande. Après le décès de Mrs Marsh, survenu en 1932, la jeune femme se consacre à son père qui vivra encore dix-sept ans.

Son premier roman, "A Man Lay Dead / Et Vous Etes Priés d'Assister au Meurtre de ...", sort en 1934. Y apparaît pour la première fois celui qui restera son enquêteur-fétiche, l'inspecteur Roderick Alleyn, de Scotland Yard. Le personnage réunit les très réalistes qualités d'un authentique limier de la police à celles, toutes fictionnelles, du héros imaginé par Dorothy L. Sayers, lord Peter Wimsey. Au fur et à mesure que la série avancera dans le temps, on le verra prendre lui-même de l'âge et épouser entre autres une artiste-peintre timide, distraite et drôle dans laquelle on peut reconnaître la silhouette de l'auteur.

Pendant toute la décennie, Marsh se partage entre la peinture, la rédaction de pièces pour le théâtre local et celle de nouveaux romans policiers. En 1937, elle s'autorise un court séjour en Grande-Bretagne avant de faire un petit tour d'Europe qui durera six mois.

Durant la Seconde guerre mondiale, elle se met au service de la Croix-Rouge néo-zélandaise. Elle travaille également pour la section théâtrale de la Canterbury University et s'installe dans une routine qui lui permet de consacrer neuf mois à l'écriture de ses romans et les trois autres à la mise en scène d'une pièce de Shakespeare à l'université.

En 1949, elle retourne en Angleterre et y crée la British Commonwealth Theatre Company. Bien que ses romans, qui sont très appréciés du public, lui assurent largement l'alimentaire, sa grande passion demeure le théâtre. Elle vivra assez longtemps pour assister à l'essor du théâtre néo-zélandais et c'est dans son pays natal qu'elle meurt, ennoblie par la reine Elizabeth II, le 18 février 1982.

En tout, elle a écrit trente-deux romans appartenant au genre "à énigme" classique, plus proches d'Agatha Christie, de Sayers et de Wentworth que du roman noir. Avec ces dames, elle continue d'ailleurs à être considérée comme l'une des "Reines du Crime de l'Age d'Or" qui contribuèrent à faire du roman policier un genre à part entière.

Ses intrigues ont en général pour cadre les paysages anglais sauf "Mort au Champagne", "Cauchemar à Waiatatapu" et "Un Linceul de Laine" qui se déroulent en Nouvelle-Zélande, ainsi que "Photo d'adieu" qui se déroule lors des vacances d' Alleyn. "Descente fatale", dont le critique H. R. F. Keating disait qu'il comptait parmi les cent meilleurs romans policiers jamais publiés, débute pour sa part en Nouvelle-Zélande mais se développe et s'achève à Londres.

Avec Ngaio Marsh, c'est un style simple et une construction classique que découvre le lecteur. Néanmoins, dans presque tous ses romans, il est rare qu'il découvre le nom de l'assassin avant les toutes dernières pages. C'est sans doute cela qui a permis à son oeuvre de survivre - et de se faire périodiquement rééditer. ;o)

mercredi, juillet 28 2010

22 Avril 1707 : Henry Fielding

22 avril 1707, non loin de Glastonbury (Grande-Bretagne) : naissance de Henry Fielding, romancier.

Fils d'un aristocrate ruiné, Fielding fit ses études universitaires à Eton mais, en raison des difficultés financières traversées par sa famille, dut gagner sa vie assez tôt.

Tout naturellement, il se lança dans la production de pièces de théâtre qui furent montées et dont beaucoup imitaient la manière moliéresque. Mais aucune ne nous est parvenue.

C'est en 1742 que l'immense succès de la "Pamela" de Samuel Richardson fournit à l'écrivain l'idée d'en faire une parodie sous le titre de "Shamela", contraction du prénom de l'héroïne et du mot "shame" qui, en anglais, signifie "honte."

Fielding publie cependant anonymement ce petit chef-d'oeuvre où la malheureuse Pamela, de jeune fille naïve mais farouchement résolue à préserver sa vertu, se transforme en rouée qui n'a qu'un but : user de tous les moyens, sauf de l'ultime, pour amener le squire Booby à l'autel.

Puis, Fielding invente un frère à Pamela et imagine un roman qui n'est plus, à à proprement parler, une parodie mais regarde plutôt du côté du roman comique :"Histoire de Joseph Andrews."

Joseph, frère de Pamela, possède un amour de la vertu aussi envahissant que celui de sa soeur. Mais on devine aisément le comique de la situation lorsque celle-ci s'applique à un homme.

En dépit du plaisir qu'il a à écrire, Fielding doit bien constater que la plume ne nourrit pas son homme. Il accepte donc la charge de juge de police et c'est à lui qu'on devra la création des Bow Street Runners, que l'on tient aujourd'hui pour l'ancêtre des forces de police londoniennes et même anglaises.

Le démon de l'écriture ne le laissant toujours pas en paix, Fielding rédige son roman probablement le plus célèbre : "Histoire de Tom Jones."

Roman picaresque, "Tom Jones" conte les obstacles rencontrés par Tom Jones, l'enfant trouvé, lorsqu'il tombe amoureux de Sophie, la nièce de son tuteur. Mais tout finira bien et l'action, rondement menée, ne souffre aucun temps mort.

Fielding a encore le temps d'écrire un dernier roman, "Amelia", avant de s'exiler à Lisbonne, à la recherche d'un climat plus doux pour sa santé.

C'est là qu'il meurt, le 8 octobre 1754.

Pour Byron, Henry Fielding était "l'Homère en prose de la nature humaine." ;o)

samedi, juillet 24 2010

21 Avril 1720 : Antoine Hamilton

21 avril 1720, St-Germain-en-Laye (Yvelines) : décès d'Antoine (ou Anthony), comte Hamilton, dit Antoine ou Anthony Hamilton, poète, romancier & conteur.

Il naquit dans une famille de vieille noblesse écossaise et catholique, soit en 1645, soit en 1646. En 1651, les Hamilton préfèrent l'exil à la dictature puritaine de Cromwell. C'est donc à Paris et sous le règne de Louis XIII que le jeune garçon fait ses études.

A seize ans, il part pour l'Angleterre sur laquelle règne désormais Charles II. Il y rencontre le comte de Gramont, alors en visite à la cour anglaise, et sympathise avec ce libertin aimable et brillant qui devient d'ailleurs son beau-frère en 1663. Lorsque le nouveau couple rejoint la France, Antoine les suit avec leurs bagages.

A vingt-trois ans, il entre comme officier dans un corps de "gendarmes" anglais appartenant à l'armée royale française. Mais, le mal du pays se faisant sentir, il repart pour l'Angleterre en 1678. Ce n'est cependant qu'à l'avènement de James (Jacques) II, en 1685, que Hamilton se laisse tenter par la politique. Nommé gouverneur de Limerick, en Irlande, il reçoit avec son titre un régiment d'infanterie.

Lorsque survient le clash entre James II et ses sujets, Hamilton demeure en Irlande et organise la lutte pour la restauration du monarque désormais exilé à St-Germain-en-Laye, sous la protection de Louis XIV. Mais ce combat fera long feu et, en 1695, Hamilton se voit contraint d'emprunter une fois encore le chemin de l'exil.

Désormais, il partagera sa vie entre St Germain et Versailles. Il rencontre le maréchal de Berwick (fils naturel de James II), fréquente les soeurs Bulkeley et la duchesse du Maine (belle-fille de Louis XIV) dans sa petite cour de Sceaux sans oublier sa soeur, Mme de Gramont, si appréciée du Roi-Soleil qu'elle possède sa petite maison dans le parc de Versailles.

Il meurt à St Germain-en-Laye, le 21 avril 1720.

De son oeuvre, on retient avant tout les "Mémoires du Comte de Gramont", inspirés de la vie de son beau-frère, qui furent publiés en 1713 et qu'il avait lui-même rédigés. Il y a aussi ses parodies de contes orientaux qui connaîtront le succès en manuscrit et ne se verront imprimées que dix ans après la mort de leur auteur.

Parmi ses contes les plus célèbres, citons "Histoire de Fleur d'Epine", "Le Bélier" (dédié à l'une des soeurs Bulkeley), "Les Quatre Facardins", "Zeynede" et "L'Enchanteur Faustus."

On citera encore ses poèmes, une traduction de l'"Essay on Criticism" de Pope, un "Dialogue sur la Volupté", le poème allégorique "Les Rochers de Salisbury" et une correspondance impressionnante.

Selon les critiques, y compris Sainte-Beuve qui l'appréciait énormément, le style d'Antoine Hamilton est particulièrement brillant et agile, avec beaucoup de finesse et de recherche dans l'analyse ainsi qu'un sens aigu de l'humour. Si Boileau le tenait pour un disciple de Voiture, la lecture de ses contes parodiques révèle une ironie déconstructrice qui annonce le conte satirique et libertin tel qu'on le rencontrera chez Diderot, Crébillon, etc ... "La Princesse de Babylone", de Voltaire, s'inspire ouvertement de Hamilton.

De nos jours, une partie de ses oeuvres est disponible sur Amazon. Qu'on se le dise : par leur style aussi scintillant que persifleur, elles valent largement le détour et n'ont pas beaucoup vieilli. Lisez-les. ;o)

vendredi, juillet 23 2010

20 Avril 1942 : Arto Paasilinna

20 avril 1942, Kittilä - Laponie (Finlande) : naissance d'Arto Paasilinna, romancier.

Né en plein exode de la population finlandaise fuyant les armées nazies, le petit Arto naquit dans un camion et aurait pu porter un tout autre patronyme que Paasilinna si son père ne s'était fâché avec ses propres parents au point de vouloir changer de nom. Il se forgea donc celui de "Paasilinna" qui signifierait en finnois "Forteresse de Pierre" et le transmit à ses rejetons.

A treize ans, le jeune Arto entra dans la vie active en exerçant, entre autres, les durs métiers d'ouvrier agricole et de bûcheron. Mais à sa majorité, il décida de reprendre ses études afin de devenir journaliste. Après un an de formation à l'Ecole Supérieure d'Education populaire de Laponie, il devient journaliste-stagiaire au quotidien régional "Lapin Kansa" (= "Le Peuple Lapon.")

De 1963 à 1988, il collaborera à toutes sortes de journaux et revues littéraires. Mais en parallèle, il écrit. En tout et à ce jour, trente-quatre romans et quelques récits non fictionnels. Certains d'entre eux ont été traduits en plus de vingt langues.

Que ce soit dans "Le Lièvre de Vatanen" - peut-être son livre le plus connu, qui fut d'ailleurs porté à l'écran en 1977 - où un journaliste quitte tout pour remonter vers le Pôle en compagnie d'un lièvre blessé qu'il a soigné, ou encore dans "Petits Suicides entre Amis" où le romancier imagine une sorte d'Amicale du Suicide, en passant par le naufrage des héros de "Prisonniers du Paradis" et le road-movie à travers la Finlande d'un géomètre amnésique embarqué par un chauffeur de taxi n'ayant pas grand chose à faire ("La Cavale du Géomètre"), Arto Paasilinna déploie avec un grand talent un sens de l'humour tour à tour discret, grinçant, loufoque, absolument unique en son genre.

Personnages atypiques, intrigues où l'insolite s'infiltre subtilement, amour profond de la Nature, ton alerte et pince sans rire, telles sont les constantes de l'oeuvre d'Arto Paasilinna, assurément l'un des plus grands écrivains finlandais actuels, que nous vous invitons à découvrir ici, sur Nota Bene

mercredi, juillet 21 2010

19 Avril 1824 : Byron

19 avril 1824, Missolonghi, Grèce : décès de George Gordon, lord Byron, poète et dramaturge.

Fils de John Gordon, surnommé "Mad Jack" par ses camarades du régiment de cavalerie où il était capitaine, et de Catherine Gordon de Gight, dont la famille était alliée aux Stuarts, George perdit son père alors qu'il n'avait que trois ans et fut élevé par une mère qui balançait toujours à son égard entre une sévérité excessive et un amour aussi sincère que profond.

En dépit d'un caractère sujet aux sautes d'humeur, il fit de bonnes études universitaires avant d'hériter, à l'âge de 19 ans, de la fortune et du titre de son grand-père.

Depuis déjà quelques années, la poésie constituait, pour le nouveau lord et pair d'Angleterre, le meilleur moyen d'expression. Bien qu'il se fît éditer pour la première fois à compte d'auteur, sa première plaquette : "Les Heures de Loisirs" fut reconnue comme apportant quelque chose de particulier à la poésie anglaise.

Par la forme, la poésie de Byron est classique mais les sujets abordés et plus encore la passion et la révolte avec lesquelles il les traite font de lui le premier des Romantiques anglais.

Certains titres sont évidemment plus célèbres que d'autres. On citera : "Le Corsaire" et, évidemment, "Childe Harold." Parmi les pièces présentées par Byron, on se rappelle aussi"Manfred."

Et, pour peu que l'on soit un tant soit peu anglophone, on ne peut que rester émerveillé devant la beauté, la cadence et la flamme des strophes, devant l'esprit, tour à tour lyrique et féroce, qui les anime.

Car Byron, qui était né avec ce que l'on nomme un pied-bot, a toujours eu pour objectif de se surpasser, aussi bien sur le plan purement physique que sur le plan artistique. Il y parvint sur les deux plans et son oeuvre poétique est absolument sans égale. Le seul poète qu'on peut lui associer est Robert Burns.

Esprit brillant et tourmenté, Byron mena une vie excentrique, affichant plus ou moins une bisexualité scandaleuse, se mariant apparemment pour de simples raisons d'argent, liant avec sa soeur, Augusta, des liens tels qu'il en naquit une petite fille, semant maîtresses et amants aussi naturellement qu'il composait des vers.

Profondément celte par son enfance, qu'il passa en Ecosse, il afficha toujours un mépris certain, voire une haine absolue de l'Angleterre, allant même, dans son admiration pour Napoléon Ier, jusqu'à dédier à l'Empereur déchu une "Ode" qu'il signa en 1814.

Il voyagea énormément en Europe et, sur la fin de sa vie, s'engagea en faveur des patriotes grecs qui voulaient obtenir leur indépendance.

C'est à Missolonghi qu'il fut touché par une fièvre des marais qui, mal soignée, devait l'emporter aux petites heures de ce fatal 19 avril 1824.

Apprenant la nouvelle, le jeune Tennyson, alors âgé de 15 ans, s'enfuit dans les bois et grava sur un arbre : "Byron est mort ..."

lundi, juillet 19 2010

18 avril 1864 : Richard Harding Davis

18 avril 1864, Philadelphie - Pennsylvanie (USA) : naissance de Richard Harding Davis, journaliste & écrivain.

Fils d'une romancière célèbre et d'un journaliste, il fit ses études à Lehigh, puis à John Hopkins avant d'entamer, sur les traces de son père et avec l'appui de celui-ci, sa carrière de journaliste. Il se fit remarquer par les reportages qu'il fit, de mai à juin 1889, sur les inondations qui ravagèrent Johnstown, en Pennsylvanie.

Davis était aussi aux premières loges lors de la première exécution d'un criminel à la chaise électrique (William Kemmler, en 1890). Il se distingua ensuite en qualité de correspondant durant la Guerre des Boers en Afrique du Sud. Citoyen américain, il pouvait en effet offrir à ses lecteurs les deux faces du conflit : l'afrikaander et l'anglais. Ses articles étaient reproduits par le Harper's Weekly mais il travailla aussi pour "The New-York Herald", "The Times" et "Scribner's Magazine."

Très populaire dans les cercles journalistiques et littéraires de son époque, il fut le modèle du "Gibson man" conçu par le dessinateur Charles Dana Gibson et Sinclair Lewis voyait en lui le prototype parfait du héros-aventurier probe et intrépide.

En 1898, il s'engagea dans la U.S. Navy, bien décidé à vivre la guerre hispano-américaine. Grand ami de Teddy Roosevelt, il contribua à la création des Rough Riders (= première unité de volontaires de la Cavalerie américaine qui servit pendant le conflit) dont il fut fait membre honoraire.

Certains ont prétendu que Davis avait oeuvré avec Hearst afin qu'éclatât la guerre hispano-américaine, ceci dans l'espoir de booster les ventes des journaux. Mais on n'a aucune preuve de la chose et on est en droit de se demander pourquoi, dans ces conditions, Davis refusa toujours énergiquement par la suite de travailler avec Hearst.

Davis devait encore couvrir la guerre russo-japonaise et le début de la Grande guerre avant de mourir, à New-York, le 11 avril 1916, d'un problème cardiaque. Il avait cinquante-deux ans.

Il a écrit de très nombreux ouvrages relatant ses voyages en Amérique Centrale, aux Caraïbes, en Rhodésie, en Afrique du Sud, à Salonique, etc ... mais aussi beaucoup de romans dont "Dans le brouillard", réédité aux Editions Ombres et paru pour la première fois en 1901, dont l'action se situe à Londres et qui demeure un exemple parfait du roman d'énigme.

On citera également "Soldats de Fortune" dont la version numérisée est en projet sur Gutemberg ainsi que "The Bar Sinister." Il s'agit évidemment de littérature populaire, dont le style alterne une sécheresse parfois trop concise et de surprenants larmoiements mélodramatiques.

Une curiosité. ;o)

samedi, juin 26 2010

17 Avril 1928 : Cynthia Ozick

17 avril 1928, New-York - New-York (USA) : naissance de Cynthia Ozick, nouvelliste & romancière.

Vous trouverez sa ]microbiographie sur le fil que nous lui avons ouvert ici, dans la rubrique "Littérature made in USA" de Nota Bene, ainsi qu'un commentaire sur "Un Monde Vacillant."

Bonne lecture et à demain, pour un nouveau calendrier ! ;o)

jeudi, août 6 2009

16 Avril 1788 : Buffon

16 avril 1788, Paris : décès de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, dit Buffon, naturaliste, mathématicien & écrivain.

le 7 septembre 1707 à Montbard, dans la Côte-d'Or, Buffon était fils de grands bourgeois puisque son père présidait le Grenier à Sel de la ville et que son parrain et grand-oncle maternel servait le duc de Savoie en qualité de collecteur d'impôts. Quant à son grand-père paternel, Louis Leclerc, il était procureur du Roi et prévôt.

Il a dix ans quand son père achète les propriétés et la seigneurie de Buffon, à six kilomètres de Montbard. Il acquiert également une charge de commissaire général des maréchaussées qui, revendue trois ans plus tard, en 1720, contre une charge de conseiller au Parlement de Dijon, contraindra toute la famille à émigrer en cette ville.

Le futur naturaliste fait donc toutes ses études chez les Jésuites de Dijon avant de s'inscrire en Droit et d'obtenir sa licence en 1726. Hélas pour sa famille, il se sent l'âme d'un scientifique et abandonne tout cela pour s'en aller étudier les mathématiques et la botanique à Angers, en 1728. Seul un duel au cours duquel il tue son adversaire le forcera à renoncer à l'Université de médecine.

Provisoirement exilé à Nantes, il y fait la connaissance d'un aristocrate anglais, le duc de Kingston, qu'il décide de suivre dans son tour d'Europe. La mort de sa mère, qui survient en 1731, le rappelle cependant en France et, dès l'année suivante, le jeune homme s'installe à Paris. Il a vingt-cinq ans et une solide ambition : d'ailleurs, ne signe-t-il pas déjà Buffon ?

L'année suivante, il présente un mémoire à l'Académie des Sciences et reçoit les éloges de l'astronome Maupertuis et du mathématicien Clairault. Ce mémoire s'intitule "Sur le jeu du franc-carreau" et il est le premier à introduire la notion de calcul différentiel et le calcul intégral en probabilité.

A la même époque, Buffon traduit plusieurs ouvrages de géométrie d'Isaac Newton ainsi que les livres de botanique de Stephen Hales. Il rencontre Voltaire et un certain nombre d'intellectuels et est reçu à l'Académie des Sciences. Grâce à la protection du comte de Maurepas, il obtient également un poste d'adjoint dans la section mécanique.

En 1733, le ministère de la Marine a justement demandé à l'Académie une étude sur les bois utilisables dans la construction des navires. Mais les premiers commissaires, faute de moyens, se sont récusés. Buffon reprend la main, expérimente à tout-va et rédige le compte-rendu demandé. Maurepas finit par lui proposer la surintendance des forêts de ses domaines mais Buffon se dérobe.

Il est à nouveau plongé dans ses traductions. Toujours celles de Hales avec "Vegetable Staticks". L'Anglais s'y inscrit en faux contre la science cartésienne et prône l'observation et l'expérience. Buffon, anglophile convaincu, se rallie à lui et, après un bref séjour à Londres, en 1738, il sera élu à la Royal Society.

En 1739, il devient intendant du Jardin du Roi (l'actuel Jardin des Plantes) et passera le reste de sa vie entre Montbard, la Cour et ses activités d'administrateur d'un Jardin qu'il révolutionna. Il s'éteignit à Paris, à l'âge vénérable de 81 ans, le 16 avril 1788.

__Sur le plan strictement littéraire, outre les articles de sciences qu'il rédigea pour l'"Encyclopédie", le nom de Buffon reste associé à son "Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy", laquelle comporte 36 volumes dont quelques uns paraîtront après son décès. Sur ces 36 volumes, trois constituent une sorte de théorie générale, les douze suivants sont consacrés aux quadrupèdes, neuf autres aux oiseaux, cinq aux minéraux et enfin, les sept derniers constituent les suppléments.

Curieusement, ce scientifique émérite y adopte un style à mille lieues de la sécheresse habituelle dans ces sortes de livres. Ses confrères en sciences lui reprocheront d'ailleurs un ton qu'ils jugent ampoulé et redondant. Le lecteur actuel l'estimera sans doute tout bonnement littéraire et manifestera son indulgence même si l'on peut reprocher à Buffon certains a priori - notamment envers les chats ;o) - et une tendance avérée à l'anthropomorphisme.

On ne s'en rend pas compte aujourd'hui mais le succès de cette "Histoire naturelle ..." fut énorme et ne se démentit pas un seul instant. Il fut même comparé à celui de "L'Encyclopédie." Il faut préciser que Buffon attacha un soin particulier aux planches des illustrations (deux mille environ) qu'il demanda à Jacques de Sève et à François-Nicolas Martinet.

Quant à son influence, elle fut considérable. Buffon en effet a été l'un des tous premiers à faire reculer la datation sacro-sainte de l'Univers établie par les textes bibliques (environ 6 000 ans) jusqu'à lui faire atteindre des millions d'années. Il a aussi placé l'homme au coeur du monde animal et souligné sa très grande ressemblance avec les animaux, il a même affirmé que toutes les races humaines provenaient d'une seule souche.

A l'époque, il fallait oser et Buffon, à la fin de sa vie, fut d'ailleurs inquiété par la Sorbonne, qui voulait l'interdire. Mais il fit patte de velours, ergota, promit de se repentir ...

... et n'en fit rien. Il peut être considéré à bon droit et malgré ses erreurs comme un précurseur de Lamarck et de Darwin, comme un évolutionniste avant la lettre. Aussi a-t-il toute sa place sur notre Calendrier. ;o)

  

mercredi, août 5 2009

15 Avril 1843 : Henry James

15 avril 1843, New-York (USA) : naissance de Henry James, nouvelliste & romancier.

Par son père, Henry James Sr., le futur romancier était d'origine irlandaise. Il aura trois frères dont le plus célèbre est sans conteste le philosophe William James - avec lequel Henry entretiendra toujours une relation ambiguë, mi-amour, mi-haine - et une soeur, Alice, qui, malgré des dons réels qui percent dans son "Journal", ne parvint pas à se libérer du joug familial et à se faire, elle aussi, un nom.

Enfant, Henry Jr. lit les classiques de la littérature anglaise et américaine mais aussi française, allemande et russe. Protégée par sa fortune, sa famille voyage très souvent entre l'Europe et les Etats-Unis, lui faisant ainsi découvrir non seulement le Vieux Continent mais aussi les différences qui s'affirment de jour en jour entre une civilisation raffinée, cynique, un peu en déliquescence également, et celle, plus brutale, plus naïve, plus avide, qui prend son essor outre-Atlantique. Ce perpétuel contraste est à la base même de l'oeuvre de Henry James.

A dix-neuf ans, il s'inscrit à Harvard pour y faire son droit mais il se veut trop littéraire pour persévérer bien longtemps dans ce projet. Il envoie sa première nouvelle connue, "A Tragedy of Errors" à des revues, en même-temps que des comptes-rendus critiques. Enfin, à vingt-deux ans, son premier texte officiellement signé paraît dans l'"Atlantic Monthly."

En 1871, James donne son tout premier roman, "Le Regard aux aguets", qu'il reniera par la suite sans doute en raison de l'immaturité qui le domine. Il y prend pour héros un homme qui recueille et élève une fillette de douze ans afin d'en faire plus tard son épouse. Mais c'est à Rome, alors qu'il accompagne sa tante et sa soeur Alice en Europe, qu'il commence à rédiger "Roderick Hudson", où un sculpteur génial, contrarié en amour, finit par perdre toute pulsion créatrice.

On notera que la première incursion de James dans le fantastique, qui culminera avec le diabolique "Tour d'Ecrou", une vingtaine d'années plus tard, date de cette époque européenne. Il s'agit du "Dernier des Valerii", fortement inspiré de Mérimée.

En juillet 1876, le romancier s'installe à Londres. Il y connaîtra une période de grande créativité : de nombreuses nouvelles, bien sûr mais aussi "L'Américain" où l'on assiste aux aventures d'un Américain, Christopher Newman, aux prises pour la première fois avec un voyage en Europe, "Les Européens" qui traite en quelque sorte du contraire (deux Européens confrontés à des parents américains), "Daisy Miller" qui sera célébré unanimement des deux côtés de l'Atlantique et fondera définitivement sa réputation, le bouleversant "Washington Square" où une riche héritière est confrontée aux mensonges d'un soupirant intéressé et enfin "Portrait de Femme" en qui beaucoup voient l'une des oeuvres-maîtresses de l'écrivain et le point final de ce que l'on peut nommer sa première manière.

Après la mort de ses parents en 1882, il accueille chez lui, à Londres, sa soeur, Alice. La malheureuse y mourra dix ans plus tard. Lui, par contre, continuera à écrire, introduisant pour la première fois, avec "Les Bostoniennes", la politique et les questions sociales dans son univers.

Mais les livres de James, s'ils se vendent honorablement, ne lui assurent pas de véritables revenus. Aussi décide-t-il de se tourner vers le théâtre. Il commence, bien entendu, par adapter ses romans pour la scène. C'est "L'Américain" qui essuie les plâtres en province avant de recevoir un accueil plus froid à Londres. Il en sera d'ailleurs ainsi pour toutes les pièces de Henry James : ce littéraire introverti n'avait probablement pas la fibre scénique.

A la fin de sa vie, il revient donc à ce qu'il sait faire le mieux : le roman. Son dernier grand roman, "La Coupe d'Or", restera inachevé en 1904. C'est que son contrat avec l'éditeur Scribner, qui prévoit l'édition définitive de ses écrits, l'occupe énormément. Il va même jusqu'à corriger ses oeuvres les plus anciennes. Mais le public ne suivra guère.

James sera encore plus déçu par l'attitude des USA à l'aube de la Grande guerre. C'est, dit-on, cette déception qui l'incita à demander la nationalité britannique en 1915. Après deux attaques cardiaques cette année-là, il meurt le 28 février 1916, à Londres.

Il laisse derrière lui une oeuvre touffue qui lui a valu d'être surnommé "le Marcel Proust américain." Sa langue est précieuse et raffinée et il fait montre d'un talent hors du commun pour l'analyse psychologique. Plus c'est complexe, plus il y a de non-dit, plus le narrateur ment ou dissimule, plus les cartes sont brouillées, plus il est à l'aise.

Un roman aussi simple et aussi accessible au profane que l'est "Le Tour d'Ecrou" le prouve amplement : dans ce texte, il est pratiquement impossible de savoir qui, de la gouvernante ou des enfants, ment, comme il est impossible de savoir si les visions de Miss Jessel et de Peter Quint sont réelles ou purement imaginaires. Ecrivain retors, James laisse le choix à son lecteur mais si la chose est si visible, c'est parce que nous nous trouvons, en principe, dans le genre fantastique. Dans les romans "psychologiques" de James, le principe est le même mais on le remarque beaucoup moins, au point qu'on a souvent besoin de relire l'ouvrage pour mieux saisir les intentions de son auteur.

Bien que personne ne lui conteste la place très importante qu'il tient dans la littérature américaine et dans la littérature du XIXème siècle, Henry James demeure un auteur que l'on dit "difficile." Il n'est certes pas le romancier que l'on emporte avec soi à la plage, dans l'intention avérée de ne pas se casser la tête. Non, James s'apprivoise, se déguste, se relit. Ou alors, on se résout à l'ignorer en se disant que jamais on ne le comprendra.

Quoi qu'il en soit, il méritait de figurer sur notre Calendrier. ;o)

 

mardi, août 4 2009

14 Avril 1897 : Horace Mc Coy

14 avril 1897, Pegram, Tennessee : naissance de Horace Mc Coy, nouvelliste et romancier.

Son enfance se déroule dans un milieu pauvre et il quitte l'école à seize ans pour se livrer à un certain nombre de petits boulots.

Arrive la Grande guerre où il s'engage dans l'aviation et de laquelle il sortira avec quelques décorations.

Ses premières nouvelles, dont le style rappelle celui d'Hemingway, sont publiées dans les pulps au début des années vingt.

Il part ensuite pour Hollywood où il trouve quelques petits rôles (notamment dans "Gentleman Jim", de Raoul Walsh). Mais il continue à écrire et s'attaque au roman avec "On achève bien les chevaux" qui sera systématiquement refusé par les éditeurs américains.

Un éditeur anglais, plus avisé, publie le livre en 1937. A partir de là, on pourra constater que l'oeuvre de Mc Coy, sans concession pour la société américaine, sera toujours beaucoup mieux accueillie à l'étranger.

Ainsi, "On achève bien les chevaux" sort, après-guerre, chez Gallimard, et "Un linceul n'a pas de poche"(qui traite de la censure dans les medias) aura même les honneurs de la prestigieuse "collection blanche."

En 1948 cependant, les USA se décident à publier "On achève bien les chevaux."

Le roman se déroule pendant la Grande dépression et met en scène un couple bien décidé à gagner une forte somme d'argent en dansant sans s'arrêter pendant six jours et six nuits, lors d'un marathon de danse.

Mais le succès n'est pas au rendez-vous. Il faudra attendre l'explosion de la fin des sixties pour que, enfin, Hollywood s'empare du sujet avec le film de Sydney Pollak où jouent Jane Fonda et Michael Sarrasin.

Malheureusement, Mc Coy était décédé entretemps, très précisément en 1955, à son domicile de Beverley Hills.

Injustement comparé à "un sous-James Cain", cet auteur de grands romans noirs mérite qu'on le redécouvre. ;o)

 

lundi, août 3 2009

13 Avril 1906 : Samuel Beckett

13 avril 1906, Foxrock, banlieue de Dublin : naissance de Samuel Beckett, poète, dramaturge et romancier irlandais, d'expression anglaise et française, Prix Nobel de Littérature 1969.

Beckett naît dans un milieu aisé et mène d'excellentes études au Trinity College de Dublin d'où il sort BA pour être nommé à un poste universitaire à Paris.

C'est là que le poète irlandais Thomas McGreevy le présente à James Joyce dont le jeune homme deviendra le collaborateur pour les recherches précédant la rédaction de "Finnegan's Wake."

Beckett commence lui-même à écrire à la fin des années vingt mais son premier roman, "Molly", subit le refus de plus d'une trentaine d'éditeurs avant d'être finalement accepté.

C'est par contre en Irlande que le surprend la déclaration de guerre. L'écrivain décide de revenir immédiatement en France où il s'engage très tôt dans la Résistance.

Dans les années cinquante, la confidentialité dans laquelle vit et s'exprime Beckett touche à sa fin : en 1952, le succès de sa pièce en deux actes, "En attendant Godot", pièce-culte, grinçante et désespérée, qui évoque la fin de Dieu, des espoirs et des illusions, lui apporte une notoriété qui culminera au cours de la décennie suivante.

Ses textes et plus encore ses pièces de théâtre sont portés aux nues. On citera pour mémoire "Fin de Partie" en 57 et bien sûr, "Oh les Beaux Jours", qui date de 1963.

Auteur exigeant, au style originellement concis et qui va vers une épuration absolue, Beckett crée un monde désespéré, où tout est fini, où rien ne vaut plus la peine d'être - ou d'être fait. Il faut signaler qu'il commença à écrire tout d'abord en anglais, puis passa au français et, à compter de l'après-guerre, produisit tantôt dans une langue, tantôt dans l'autre.

Peu mondain, pessimiste et volontiers misanthrope, Beckett, qui le considérait comme "une catastrophe", fut tenté de refuser le Prix Nobel que son éditeur français, Jérôme Lindon, alla cependant chercher à Stokholm.

Le dramaturge irlandais est mort le 22 décembre 1989. Il repose auprès de son épouse, au cimetière de Montparnasse. ;o)

  

lundi, mars 30 2009

12 Avril 2007 : Pierre Probst

12 avril 2007, Suresnes : décès de Pierre Probst, dessinateur et créateur de séries pour enfants.

Né en 1913 en Alsace, il fait les Beaux-Arts de Mulhouse et se lance dans la carrière classique des dessinateurs, vendant tout d'abord à la pièce et à droite et à gauche.

C'est Probst par exemple qui créera, après la guerre, le petit chien noir, symbole de la marque Suchard.

En 1953, il a l'idée d'un petit cocker, qu'il baptise Youpi, et d'un chat blanc, nommé Pouf. Il leur donne des compagnons comme Pipo (un chien) ou Noiraud (un chat) et enfin une "maman" qui fédère la petite bande : Caroline.

Toujours vêtue d'une salopette rouge, les cheveux en couettes, Caroline ne semble avoir ni parents, ni famille - bien qu'il me semble me rappeler ses grands-parents. De toutes façons, elle vit de façon très indépendante, avec ses animaux qui se comportent en fait comme des humains (ils l'aident à retaper une nouvelle maison, ils jouent au détective, ils voyagent avec elle, bref, ils sont de toutes ses aventures).

Le succès sera tel qu'il faudra en donner une version plus fouillée, dans la Bibliothèque rose. C'est un certain Lélio qui s'y collera, pseudonyme sous lequel on retrouve en fait Claude Santelli.

Comme pour Harry Potter aujourd'hui, les produits dérivés se déclinent sur tous les tons et la petite Caroline fait le tour du monde.

Pierre Probst est également le créateur de Tim & Poum (en 61) ainsi que de Fanfan (en 1966), un petit garçon aux préoccupations hautement écologistes.

La fraîcheur et la malice des histoires comme des personnages ont permis à ces séries, et surtout à celle de Caroline, de survivre au temps.

Ne nous en plaignons pas : même au siècle d'Internet et du téléphone portable multi-fonctions, ils constituent toujours une excellente première lecture pour les enfants ! (En outre, une série de dessins animés contant leurs aventures est sortie en DVD.) ;o)

- page 1 de 5