Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Ecrire, et puis après ?

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mercredi, août 1 2007

Se faire éditer, oui ... mais pas à n'importe quel prix!

Lisez ici, c'est tout.

Bien que cela date un peu, vous pouvez diffuser aussi sur vos blogs et vos sites. Ca peut toujours servir ... ;o)

vendredi, mai 11 2007

Petit Bilan.

Assez satisfaite ce soir du ton appliqué pour briser le récit et surtout pour faire en sorte que le style de l'un ne ressemble pas à celui de l'autre.

L'entreprise est certes délicate car, qu'on y veille ou non, on conserve malgré soi des tics d'écriture - et que dire de nos tics de paroles ! - qu'il faut reprendre et reprendre sans cesse, de manière à obtenir un personnage qui s'exprime de façon bien personnelle.

Sincèrement, je n'espérais plus y parvenir. Comme quoi, cela sert chez moi à quelque chose de m'arrêter pendant une ou deux semaines et de faire le point.

Quoi qu'il en soit, j'ai encore beaucoup de travail en vue, c'est certain. Et puis, tout n'est-il pas perfectible ? ... ;o)

jeudi, avril 12 2007

Ecriture et Rapports Filiaux.

L'an dernier, un très gros problème d'arthrose - mon père a légué à ses deux enfants survivants, mon demi-frère et moi même, une très lourde hérédité osseuse qui a fait éclore les "becs-de-perroquet" sur notre colonne vertébrale alors que nous venions à peine d'atteindre la trentaine - m'a retenue au lit pendant plusieurs mois et je souffrais tant que, si l'on excepte la lecture, je ne pouvais plus faire grand chose. J'ai donc cessé d'écrire mais je savais que ce n'était que provisoire.

Depuis que j'ai repris l'écriture du PDT, je me suis aperçue d'une chose : c'est que les rapports avec ma mère s'étaient subtilement modifiés. Plus précisément, disons que, quand je l'entends mentir et oublier ce que le passé a de gênant pour elle, l'être qui, en moi, à ce moment-là, était prêt à la passer au fil de l'épée, cet être-là ne bronche plus. Oh ! un petit soupir agacé, de temps en temps ! Mais pas plus.

Ce n'est pas que sa haine soit morte. Il n'est que haine et souffrance et la mort de l'une comme de l'autre entraînerait sa disparition dans le néant. Mais plus l'écriture remodèle cette haine et cette souffrance, plus cet être gagne en équilibre, en puissance - et en sérénité. Je sais qu'allier la sérénité à la haine et à la souffrance est un paradoxe : c'est pourtant de cela qu'il s'agit ici.

Par l'alchimie de l'écriture et sous réserve d'un travail sérieux et pas toujours facile, on transforme la boue la plus infecte en or fin.

lundi, avril 2 2007

Eurêka !

Cette nuit, alors que je me tournais et me retournais dans l'obscurité de mon lit, aux prises avec une insomnie suscitée par je ne sais trop quoi - si ce n'est que la chose n'en valait vraiment pas la peine - je songeais, bien évidemment.

Car que faire, en son gîte et dans son insomnie, sinon que de songer ? ;o)

Et brusquement, avec une clarté aussi éblouissante qu'inattendue, j'ai "vu" mon chapitre XV du PDT. Point par point - et vaguement narquois - il se déroulait devant moi, comme s'il n'avait attendu que le contretemps en question et probablement l'irritation qu'avait soulevée en moi celui-ci pour faire un peu de rangement dans les éléments que je lui avais déjà donnés.

Grande fut, l'on s'en doute, ma satisfaction. Mais j'avoue toujours ne pas comprendre :

1) pourquoi les idées les plus claires, les plus logiques et j'irai jusqu'à affirmer les plus évidentes trouvent amusant d'attendre l'une de ces nuits de ténèbres émotionnelles qui sont çà et là notre lot sur cette terre pour se révéler dans toute leur gloire ;

2) et surtout ce mécanisme tout à la fois savant et impalpable - et pour cause - qui fait que, tout à trac, sans prévenir, les pièces anarchiques d'un puzzle qui traîne les pieds et sa maussaderie depuis des semaines, voire des mois ... se tombent dans les bras l'une de l'autre et, dans une spectaculaire figure digne de l'origami le plus pur, se mettent doucement en place sans même un dernier "clac" protestataire.

Compte tenu de la propension prodigieuse qui est la sienne à inventer chaque jour des armes, des virus et autres bagatelles mortelles du même genre, l'espèce humaine ne survivra suffisamment pas pour parvenir un jour, par de savantes études, à déterminer la nature exacte de l'instinct qui pousse certains à écrire - ou à composer, etc ... Pas plus qu'on ne saura jamais dans quelle partie exacte du cerveau se tient cette faculté aussi insaisissable que l'air que nous respirons mais qui n'en est pas moins une réalité incontournable.

Dommage : c'eût été passionnant., non ? ;o)

jeudi, mars 29 2007

L'Appel des Personnages.

Il vient un temps où, probablement lassés de se morfondre dans les méandres les plus imaginatifs du cerveau, les personnages décident de passer à l'action et d'exiger que leur créateur les couche - enfin - sur le papier. Peu importe pour eux qu'il le fasse en recourant au bon vieux stylo-plume ou au Bic, ou que, plus moderne, il ne les confie directement à l'écran d'un moniteur : l'essentiel est qu'ils prennent forme, mouvement, paroles, sentiments.

C'est sans doute à ce stade que l'écrivain perçoit vraiment combien, tout au fond de lui, il est né double - voire multiple. La force qui l'emporte alors ne lui demande pas son avis : elle s'impose et lui, en face, se soumet parce qu'il ne peut pas faire autrement.

Dans de pareils moments, l'alimentaire lui-même ne compte plus. La personne sociale de l'écrivain, quelle qu'elle puisse être, s'escamote sous une armure d'égocentrisme implacable qui ne le fait plus penser et agir qu'en fonction de ses personnages et de son texte. Il en oublie de manger - et ça, vous pouvez m'en croire, c'est divin ! - et boit à peine, très distraitement et probablement parce que, pour l'organisme au travail, l'eau aura toujours plus d'importance que la nourriture. Ce que l'on peut appeler son regard intérieur, sa pensée, sa vie réelle - celle qui, il le sent bien depuis toujours, est la seule qui vaille pour lui d'être vécue - se confondent avec ses personnages et ses mots. Il n'est plus ni homme, ni femme : il est un texte en marche.

Parfois, quand il est jeune surtout, l'écrivain qui vient tout juste de goûter à cette ivresse des dieux qu'est l'anéantissement dans ses personnages, se dit que, si elle vient à cesser, plus jamais il ne retrouvera cette sensation. Mais il est dans l'erreur. Tôt ou tard, ses personnages, ses mots, son texte, le ramèneront à eux. Après tout, il n'est né que pour eux.

samedi, mars 24 2007

Ecrire au Féminin.

Nul ne peut - sous réserve, bien évidemment, qu'il prenne sa tâche au sérieux - s'attaquer à la rédaction d'un texte auquel il tient s'il n'apprend pas à se concentrer sur ce texte, à se projeter en lui, voire à devenir ce texte, ses décors, ses personnages, ses dialogues, ... et cela tout au long du jour et jusque dans ses rêves pendant un nombre indéterminé de semaines.

Ce conditionnement est ardu car l'alimentaire nous tient tous, tout spécialement en ce siècle où nous ne saurions plus vivre de nos rentes. Et il l'est encore plus pour les femmes puisque celles-ci sont, par tradition et même de nos jours, les gardiennes du foyer avec tout ce que cela suppose de corvées pénibles et fastidieuses.

Une femme normale, qui n'entend pas soit renoncer à avoir des enfants, soit abandonner l'éducation de ceux-ci au hasard ou à l'indifférence, doit donc, si elle veut écrire quelque chose de valable et qui restera, façonner à l'intérieur d'elle-même une espèce de bulle schizophrénique où elle redevient l'Ecrivain dès qu'elle a une minute de répit. Toute l'astuce - et toute la difficulté - réside dans l'extrême rapidité avec laquelle elle doit se montrer capable d'une minute à l'autre, de quitter sa bulle pour répondre à une demande extérieure et profane puis, celle-ci résolue, se replonger à nouveau dans son texte en coupant tout contact avec la réalité.

Si l'on s'intéresse à ceux que l'on aime, l'exercice est très difficile, surtout au début. Et puis l'on s'habitue et mieux, l'on se perfectionne. Ce qui devient alors dangereux pour cet équilibre établi, c'est par exemple une maladie (ou tout autre événement) qui, par sa prolongation déraisonnable dans le temps, contraint la Femme à prolonger également son temps de présence hors de sa bulle d'Ecrivain.

Alors en effet, elle perd le contact pour trop longtemps et, si avancé que soit son travail d'écriture, si satisfaite qu'elle puisse s'en montrer, tout pour elle est à recommencer dès lors qu'elle veut s'y replonger.

Mais il n'y a aucune raison pour qu'elle n'y parvienne pas.

mardi, mars 20 2007

Narrateur & Point de Vue.

Ce dimanche, j'ai relu "Le Rouge & le Noir" et je m'étonne toujours autant de la grâce extraordinaire avec laquelle Stendhal a su conjuguer son essence XIXème avec une modernité dont je me demande si lui-même avait conscience. Je pense surtout à ces monologues intérieurs dont il entrecoupe son texte avec un naturel dont bien peu d'auteurs contemporains peuvent se flatter.

Quand on décide d'écrire, on a le choix :

1) déjà, il faut trancher entre le "Je" et le "Il." On peut aussi faire alterner les deux mais l'exercice est périlleux ;

2) puis, l'on opte soit pour le narrateur omniscient, soit pour la vision d'un personnage qui sera le héros mais qui n'aura pas la vue globale de l'écrivain maître de toutes les ficelles. Bien entendu, on peut choisir également le point de vue de deux, voire trois personnages essentiels qui l'exposent chacun à son tour ;

3) en élargissant le procédé, on en arrive à ce que Lawrence Durrell fit avec son "Quatuor d'Alexandrie" : (Anaïs Nin se plaignait qu'il lui eût fauché l'idée mais elle était elle-même tellement mythomane ...)une même histoire mais vue par un héros différent selon le livre entrepris. Là encore, exercice bien périlleux mais on ne peut plus intéressant. Risque encouru : lasser le lecteur. Je ne saurais quant à moi juger le travail de Durrell car, en dépit de passages splendides où l'on "voit" la couleur des mots bien plus qu'on ne les entend ou qu'on ne les lit, je bloque toujours sur "Justine", "Balthazar", "Mountolive" et "Cléa." A mon modeste avis, les personnages ne sont pas à la hauteur psychologique du projet ;

4) reste enfin le modèle Joyce (ou Woolf) pour ne citer que deux auteurs parmi les plus connus : une ville ou une journée. Au gré des heures et des recoupements, s'organise la ronde des personnages.

lundi, mars 19 2007

Ecriture-Phoenix.

Il y a, en écriture, un moment de grâce qui vous enveloppe au moment où, les idées au plus noir, vous désespériez de le connaître à nouveau. Ce moment privilégié, c'est celui qui succède à un long et pénible cheminement parmi vos râtures, vos phrases bancales ou carrément creuses, vos erreurs de syntaxe et même vos fautes d'orthographe. C'est celui où ce tout premier jet terrifiant (que vous ne montrerez jamais à personne tant il vous fait honte !), se transforme en un récit clair et lisible sans que, pas un instant, vous n'ayez cessé de penser que vous agissiez comme si vous vous trouviez dans un état second.

Vous êtes seul à la barre. Devant vous, sur le papier ou sur l'écran, les mots s'agitent, se faufilent, se bousculent, s'effacent, se métamorphosent. Tandis qu'une partie de ce qui vous sert de cervelle semble se bloquer, tétanisée par un phénomène qu'elle ne comprend pas, l'autre en revanche sait parfaitement où elle vous mène et vous rassure. Non, vous n'êtes pas fou et il n'y aura pas besoin d'appeler le Samu : cet illusionniste si habile que, en le voyant exécuter ce tour impeccable, vous n'êtes pas loin de croire à la réalité d'une magie surhumaine, c'est vous - et vous seul.

Vous n'avez pas l'impression de réfléchir mais vous agissez très vite. Vos idées et vos doigts s'envolent, comme possédés par une énergie occulte et étrangère. Mais pourtant, c'est bien du plus profond de vous-même que monte __la certitude absolue que tout est bien, que vous êtes à votre place et que vous faites la seule chose pour laquelle vous soyez né. __ Evidemment, ça finit par passer. Tout a une fin en ce bas-monde - et surtout les bonnes choses, me direz-vous.

Peu importe : ce moment de grâce, ce moment unique, est aussi un phoenix. Pour peu que vous lui consacriez du temps et de la peine en suffisance, il renaîtra, en vous et pour vous, à l'infini.

Pour Ecrire.

Avant tout, j'aime à être seule, toute seule, rigoureusement seule avec mon ordinateur en face de moi et ma bibliothèque dans mon dos.

Puis je veux le silence, une quiétude absolue qui seule me permet de produire quelque chose d'un tant soit peu valable. Que les chats miaulinent çà et là ne me dérange pas. Mais surtout, surtout, qu'il n'y ait autour de moi ni mari, ni enfants.

Un peu de musique parfois : les Clash, les Doors, Joplin, Mozart, Satie, Ravel, etc ...

Pas de téléphone, pas d'importuns sous l'une ou l'autre forme.

A la limite, quand vient l'heure de déjeuner, je préfère me faire un casse-croûte ou un bon bol de thé noir, que je dépose à côté de mon clavier. Ce n'est pas recommandé, dit-on, de manger dans ces conditions-là mais quand j'écris, je n'aime pas m'interrompre.

C'est ainsi que je décolle, que je quitte le monde si laid qui nous entoure et aussi - et surtout - le monde familial si exigeant dont, bien contre mon gré, je suis le pilier-maître. Et je m'immerge, je me roule, je me vautre, je me détends enfin dans cette marée d'images et de mots, seule avec mes idées, seule avec mes rêves, enfin égoïste, enfin égocentrique et déjà lassée à l'idée que, vers les 16 heures, il me faudra refaire surface dans un quotidien que je subis depuis ma naissance et qui m'épuise de plus en plus chaque jour.

J'écris, tu écris, ...

Si l'on en juge par le nombre astronomique de blogs, billets, messages, articles, etc ... qui circulent sur le Net, certains d'excellente qualité, d'autres plus modestes et d'autres encore rédigés - bêrk ! bêrk ! bêrk - en "langage SMS", l'internaute moyen voue un véritable culte à l'écriture électronique.

Il faut reconnaître que rédiger un texte sur l'écran de son PC paraît bien plus simple, j'ajouterai même bien moins "pédant", que le fait de prendre son Montblanc ou son Bic pour se lancer dans l'écriture. Dans le contact franc, direct, entre l'écrivain-lecteur et son écran-manuscrit, le rapport est encore plus décomplexant que celui jadis entretenu avec les Underwood et autres petites merveilles d'un âge révolu.

Et puis, sur l'écran, c'est tellement plus facile de corriger un premier jet ou les inévitables fautes de frappe. Pour les fautes d'orthographe authentiques, c'est un peu plus ambigu : en ce qui me concerne, je ne les vois vraiment bien que si j'imprime mes textes (vous voilà prévenus !) Et je ne dois pas être la seule.

D'un coup, presque du premier, le texte apparaît clair, précis et bien plus réel qu'il ne l'était par la seule magie de l'encre et du papier. Tel quel, il semble, aux plus naïfs comme aux plus égomaniaques, déjà paré pour une édition éventuelle. Qu'il peut d'ailleurs trouver sur les sites d'édition en ligne.

Cette apparence trompeuse - car qu'est-ce que l'écriture sinon qu'une vaste, complexe et presque éternelle remise sur le métier ? - explique en partie l'ardeur qu'apportent tant d'entre nous à scribouiller sur la Toile.

Cependant, pour reprendre une expression que Goscinny adorait placer dans la bouche de ses héros, "il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus."

Mais que restera-t-il de tout cela mettons dans un siècle ? Parce que, depuis Gutemberg, on n'avait pas vu une telle révolution ...