Un Scandale d'Etat : l'Affaire Prince - Pierre Cornut-Gentille (I)
Par woland le mardi, avril 6 2010, 00:19 - Histoire, Biographies & Documents. - Lien permanent
Avant toutes choses, je tiens à remercier les éditions Perrin qui, dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babélio, ont mis gracieusement à disposition de certains lecteurs volontaires des exemplaires de cet ouvrage.
Au matin du 20 février 1934, le cadavre d'Albert Prince, récemment nommé conseiller à la Cour d'Appel de Paris, est retrouvé sur une voie ferroviaire, non loin de Dijon, en un lieu poétiquement dénommé "la Combe-aux-Fées." Les rapports d'expertises - il y en aura deux séries, celle des experts judiciaires et celle des experts de la SNCF - se contrediront de toutes les manières sauf sur un point : bla locomotive peut être considérée comme le seul agent de la Mort.__
Un conseiller à la Cour d'Appel de Paris, voilà un cadavre assez encombrant. Surtout quand on découvre qu'Albert Prince avait, sous les ordres du procureur général Pressard, travaillé à l'enquête sur les agissements d'Alexandre Stavisky, le célèbre escroc qui s'était suicidé - ou avait été suicidé - un mois plus tôt, le 8 janvier.
L'enquête avait débuté en 1929, à l'initiative du ministre des Finances de l'époque, Henri Chéron, lequel avait demandé à son homologue de la Justice, Louis Barthou, de faire un maximum de lumière sur les agissements de la Compagnie foncière, dont le directeur n'était qu'un homme de paille de Stavisky. Stavisky, toujours suspecté, voire interpellé et mis en accusation (ce n'était pas la première fois qu'il montait une compagnie-bidon pour extorquer l'argent du contribuable fortuné et moins fortuné) mais jamais emprisonné et jamais jugé. Stavisky qui, murmurait-on depuis longtemps, savait se réserver les bonnes grâces des parlementaires ...
Au vrai, l'intervention d'Albert Prince dans cette enquête avait été assez modeste : il s'était contenté de parcourir, à la demande de Pressard, un rapport d'expertise relatif à la Compagnie foncière, rapport qui, selon lui, prouvait surtout que les infractions éventuelles ne relevaient pas du ministère de la Justice mais du ministère du Travail. Arriva ensuite sur son bureau le rapport Gripois, rédigé celui-là par un inspecteur des Finances, mais dont on ne peut prouver avec certitude que Prince le laissa sans suite sur ordre ou par négligence. Cependant, compte tenu du sérieux du conseiller Prince, cette dernière hypothèse paraît sujette à caution. Cornut-Gentille ne la soutient pas d'ailleurs - cf. p. 44.
Mais une chose est sûre : traité comme il se devait par le ministère de la Justice, le rapport Gripois aurait pu freiner les activités de Stavisky, et ce dès mars 1930.
Commentaires
On aurait préféré que l'auteur s'appuie sur les faits vrais et réels plutôt que nous donner ses "impressions" ! Prétendre que le conseiller PRINCE s'est suicidé est un scandale, une contre-vérité totale et c'est faire fie de tous les rapports de médecine légale, ainsi que de tous les témoignages qui attestent de son enlèvement et de son assassinat. En ré-écrivant totalement l'histoire Cornut Gentile se moque du monde, il assassine le Conseiller une seconde fois ! Si cet auteur était sérieux, il aurait pris la peine de contacter la famille d'Albert PRINCE qui lui aurait sans doute rappelé que 1/ Albert PRINCE n'avait aucune raison de se suicider 2/ Il n'avait pas du tout un caractère pour celà et 3/ Il était catholique,mais pas du tout pratiquant et 4/ Il semble très difficile de s'attacher soi-même sur une voie ferrée et
de couper les liens une fois mort pour faire croire à un suicide
Mais quelques vérifications auraient surement pris trop de temps.
Par ailleurs quand on connaît le rôle du tristement célèbre inspecteur Bonny dans l'affaire, le ton est donné. Mais le prochain ouvrage de Cornut Gentille visera peut-être à réhabiliter le flic le plus pourri de l'histoire de France ! (rappelons que Bonny a été exécuté pour collaboration avec les nazis !)
Une dernière chose, contrairement aux prétentions de Cornut-Gentille, ce n'est pas le premier ouvrage sur le sujet. Une personne bien mieux placée que lui en a déjà rédigé un en 1994 : Madame Gisèle DESSAUX-PRINCE, la fille du conseiller ! Vous pouvez encore vous procurer ce livre sur internet, il est de bien meilleurs goût, plus honnête et ne vise pas au sensationnel en prétendant nous faire des révélations mirobolantes. Cornut Gentille s'il veut vraiment travailler ferait mieux de chercher les assassins d'Albert PRINCE plutôt que les protèger encore...