Après avoir mis une fois de plus en avant la stupéfiante candeur du cardinal, Saint-Simon ne craint pas d'ajouter :

"... ... (Le cardinal de Bouillon) avait l'obligation (à Fénelon et à ses amis) d'avoir vaincu la répugnance du Roi pour l'envoyer relever le cardinal de Janson, et celle encore de lui avoir obtenu l'agrément et la protection du Roi pour faire élire l'abbé d'Auvergne, son neveu, coadjuteur de son abbaye de Cluny. C'était avoir pris l'orgueil qui gouvernait uniquement le cardinal par l'endroit le plus sensible. Il ne se démentit donc point à leur égard lorsqu'il vit leur crédit en désarroi , et il espéra les remettre en selle par le jugement qu'il se promettait de faire rendre à Rome. Tout l'animait en ce dessein, le fruit d'un si grand service, et on prétendit que le marché entre eux(1) était fait, mais à l'insu des ducs, que le crédit de l'un ferait l'autre cardinal en lui faisant gagner sa cause, et que le crédit de celui-ci, relevé par sa victoire et sa pourpre, serait tel en soi et sur les deux ducs, à qui il serait alors temps de parler et sur lesquels il pouvait tout, qu'ils feraient entrer le cardinal de Bouillon dans le Conseil, d'où Bouillon ne se promettait pas moins que de s'élever à la place de premier ministre. ... ..."

(1) : entre Fénelon et Bouillon, naturellement.

Peu à peu, se dégage ainsi la volonté de Fénelon et des siens de se propulser à la tête de l'Etat. Rappelons que Fénelon avait été le précepteur du duc de Bourgogne, fils du Grand-Dauphin et petit-fils de Louis XIV et que, en 1697, personne ne pouvait se douter que le jeune homme - pas plus que son père, d'ailleurs - ne règnerait jamais.

Louis, duc de Bourgogne - Petit-fils de Louis XIV, il sera le père de Louis XV. Il mourra sans avoir régné, après son père, le Grand Dauphin, et sa femme, Marie-Adélaïde de Savoie, en mars 1712. Il avait tout juste 30 ans. /center