"Les portraits" est l'histoire d'une jeune fille et de son amant massacrés tandis qu'ils s'apprêtaient (j'imagine) à vivre (ou même consommer) leur relation illégitime aux yeux des gens "honnêtes" ; tout cela sous l'oeil horrifié d'un peintre qui éternisera le couple dans l'un de ses tableaux ; ensuite nous effectuons plusieurs bonds dans le futur pour arriver à aujourd'hui, et suivre les tribulations de ce tableau (je n'en dis pas davantage).

"La forêt" est une sorte de palimpseste, superposant la vie d'une forêt d'autrefois (avec sa faune et sa flore) à la ville bétonnée qu'elle est devenue par la suite. J'ai ressenti un vrai sentiment poétique en lisant ce texte, quelque chose d'assez magique.

Dans les deux cas, les êtres du passé restent présents, grâce à l'art (celui du peintre dans le premier texte, et celui de l'écrivain dans le second). "Les portraits" et "La forêt" pourraient donc avoir pour argument le rôle de l'art (et de la littérature en particulier), qui seul permet d'immortaliser la poésie des êtres du passé (rôle que ne jouent pas les recherches historiques, notamment). C'est déjà un aspect essentiel de ces deux contes, mais je tiens surtout à insister sur la poésie qu'ils parviennent à faire passer sur le lecteur, difficile à expliquer, un sentiment d'éternité, ou quelque chose dans le genre. J'ai l'impression d'avoir déjà ressenti cette émotion ; était-ce dans un livre ou un film (et alors les thèmes abordés ici ne seraient pas vraiment originaux, ce qui d'ailleurs ne gâcherait rien à l'affaire), ou bien parce qu'elle est intrinsèquement liée à l'homme ? Peu importe, en réalité.

A lire dans le recueil "Fragments", en téléchargement gratuit sur Alexandrie Online.